DESJARDIN Alain

Par Jean-Claude Gillet

Né le 1er mars 1935 à Moreuil (Somme), mort le 9 novembre 2019 à Saint-Affrique (Aveyron) ; ouvrier électricien après son service militaire, cadre à l’ASSEDIC 92 ; militant CFDT et PSU, enfin paysan-accueillant au Larzac.

Alain Desjardin, le 2 décembre 1978, lors de la Marche du Larzac, porte d’Italie
Alain Desjardin, le 2 décembre 1978, lors de la Marche du Larzac, porte d’Italie

Le père d’Alain Desjardin était conducteur de chevaux dans les mines de charbon à Bruay (Pas-de-Calais), puis maraîcher dans l’Oise : il devint pendant 18 ans adjoint au maire de Breuil Le Vert. Sa mère fut mannequin chez Henri Devred, fondateur d’une entreprise de coupe locale, puis mère au foyer, car le couple eut huit enfants.

Après avoir travaillé avec son père, sans salaire de 1949 à 1955, Alain Desjardin choisit (« pour s’en éloigner » dit-il), en décembre 1955, de faire son service militaire au sein du 14e régiment de chasseurs parachutistes de Toulouse. Il fut envoyé en Algérie jusqu’en 1958 : ce qu’il y vit et l’indignation qu’il en ressentit déclenchèrent chez lui un refus d’indifférence face à toutes les formes d’injustice. Tous ses engagements allaient découler de ce refus d’ « inhumanité » engendrée par la haine, le racisme, la torture.

Il découvrit ensuite la condition ouvrière comme ouvrier électricien en bâtiment dans des entreprises d’Arras en 1958-1959, après une formation d’électricien en centre CFPA de Berck, puis des cours du soir en « électricité industrielle et culture générale » au lycée Turgot de Roubaix. Il devint chef d’équipe électricien dans une entreprise du bâtiment dans la même ville (1960-1963), puis électricien d’entretien dans la métallurgie, de 1963 à 1968.

C’est aussi en 1958 qu’Alain Desjardin adhéra à la JOC Aînés d’Arras, en 1960 qu’il milita à l’ACO (il était responsable d’une des équipes), au MLO, puis à la CFTC, et enfin à la CFDT en 1964. Il fit ses premières armes de militant syndical, il participa, puis anima différentes luttes pour des revendications liées aux conditions de travail dans les entreprises dont il fut salarié, mais aussi par solidarité avec d’autres combats ailleurs (y compris en Belgique). Il fut pendant trois ans secrétaire du comité d’entreprise dans une usine à Roubaix. Dans ces années soixante, il fut aussi militant dans son quartier, notamment comme président de l’Association des locataires des Hauts Champs à Roubaix, et membre du conseil national de la CNL. En 1966, il adhéra au PSU dans cette ville.

Alain Desjardin vécut au cœur de ce qu’il appellait « le bouillonnement émancipateur » de mai 68 et à la fin de l’été 1968, et jusqu’en 1971, il fut permanent interprofessionnel CFDT à Roubaix-Tourcoing.

Sa vie militante allait prendre un nouveau cours directement politique, car il assuma un poste de permanent à la fédération PSU du Nord et Pas-de-Calais de 1971 à 1974 et en même temps, il fut élu membre de la DPN du PSU au congrès de Lille (1971) et au congrès de Toulouse (1972). Membre de la GOP à l’intérieur du PSU, il quitta ce dernier en 1974.

Alain Desjardin arriva à Boulogne-Billancourt à cette époque et devint conseiller à l’emploi, puis responsable de l’équipe emploi à l’ASSEDIC de Nanterre (de 1974 à 1981), il assuma la responsabilité de secrétaire du comité d’entreprise de l’ASSEDIC des Hauts-de-Seine et secrétaire national du Syndicat de l’assurance chômage CFDT.

Entre temps, il fut membre du comité Larzac de Paris et participa à la co-organisation des rassemblements sur le plateau en 1973, 1974 et 1977. À ce titre il fut amené à côtoyer, avec notamment le leader paysan Bernard Lambert, les ouvriers et ouvrières de Lip en lutte pour la défense de leur outil de travail à Besançon. Il fut sollicité pour organiser le rassemblement de LIP à l’automne 1973. Il fut aussi co-responsable du service d’ordre, lors de la marche des paysans du Larzac sur Paris en automne 1978.

En 1981 et jusqu’à 2002, nouveau changement de cap : Alain Desjardin devint paysan-accueillant à la ferme de la Salvetat du Larzac à la Couvertoirade, dans l’Aveyron. Il fonda en 1982 la "Cardabela", association culturelle de la ferme-accueil de La Salvetat du Larzac. Il participa à l’association "Accueil-Paysan", mouvement d’éducation populaire dont il fut président dans l’Aveyron de 1989 à 1992, président dans la région Midi-Pyrénées de 1992 à 1996 et président national de 1999 à 2003.

Parallèlement, jusqu’en 1988, Alain Desjardin devint secrétaire au syndicat des travailleurs-paysans de ce département, puis il milita à la Confédération paysanne (dont il fut un des co-fondateurs) jusqu’en 2000.

Enfin de 1986 à 1999, il occupa la fonction de secrétaire national de la commission rurale et agricole des Verts, il fut porte-parole régional de Midi-Pyrénées, et il fut membre du Conseil national et interrégional des Verts (CNIR).

Dans la période 1996-2000, il fut co-président d’EEPL (Environnement et Élevage au Pays du Larzac) et en 2001-2002, il devint maire de la Couvertoirade.

En 2007, Alain Desjardin milita à Peuple et Culture, dont il fut président national de juin 2007 à juin 2011 et, à partir de 2011, il était membre du bureau national de cette union et référent international.

Il fut encore actif dans bien d’autres manifestations (par exemple dans la lutte contre les essais nucléaires français en Polynésie), ou associations dont le CEDETIM, le CRID et AGIR Solidarité, dont il fut le président à partir de 2010.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144612, notice DESJARDIN Alain par Jean-Claude Gillet, version mise en ligne le 1er février 2013, dernière modification le 3 août 2021.

Par Jean-Claude Gillet

Alain Desjardin, le 2 décembre 1978, lors de la Marche du Larzac, porte d'Italie
Alain Desjardin, le 2 décembre 1978, lors de la Marche du Larzac, porte d’Italie

ŒUVRE : Une vie pour… Ici et là-bas solidaire, Édition du Petit Pavé. 2008.

SOURCES : Ouvrage de l’auteur, entretiens et échanges avec lui, articles de presse.

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