ARNAUDET Raymond, Jean dit Lulu

Par Daniel Grason, Claude Pennetier

Né le 20 juin 1912 à Marolles-en-Hurepoix (Seine-et-Oise, Essonne), mort le 11 novembre 1955 à Paris XIIIe arrondissement ; ouvrier serrurier-ferreur aux Ateliers SNCF de Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; communiste ; résistant ; déporté.

Raymond Arnaudet avec sa fille Françoise et son fils Guy, vers 1950
Raymond Arnaudet avec sa fille Françoise et son fils Guy, vers 1950
Clichés fournis par Guy Arnaudet

Fils d’Ernest, poseur et de Sarah, née Cantarel, Raymond Arnaudet demeurait rue des Jardins prolongés dans sa ville natale. Il alla à l’école primaire, savait lire et écrire. Il effectua son service militaire en 1932 au 510e Régiment de chars de combat à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il entra à la SNCF le 15 février 1937 et fut affecté au dépôt de Vitry-sur-Seine en qualité d’aide ouvrier serrurier-ferreur. Il adhéra au Parti communiste en 1937 dans l’élan du Front populaire, était organisé là où il habitait. Rappelé en septembre 1939 lors de la déclaration de guerre, il fut officiellement démobilisé le 3 septembre 1940 et reprit son poste de travail à la SNCF.

En février 1941, contacté par un collège de l’entreprise Raymond Müller, il reprit de l’activité au sein du Parti communiste et fut en contact avec André Visage ouvrier aux ateliers de Vitry. Celui-ci lui remettait des tracts à Raymond Arnaudet dit Lulu qui les diffusait dans les ateliers, il collectait aussi des fonds en faveur des emprisonnés politiques.

Le 13 août 1942, malade, Arnaudet était à son domicile, une douzaine de jours plus tard il reçut la visite d’un responsable de l’organisation clandestine qui lui proposa de devenir un militant clandestin. Sa tâche, cycliste chargé de livrer des paquets de tracts dans les « planques » pour ce travail il serait appointé mille huit cents francs par mois, Arnaudet accepta. Dès la fin août, il prenait les paquets de tracts ou de papier blanc dans le quartier de la Bastille, puis allant à des rendez-vous, il parcourait les rues de la banlieue sud. N’étant pas muni de faux papiers, il changea de domicile, demeura chez une relation de Raymond Hallery, également cycliste.

Le 21 octobre 1942 Raymond Hallery fut interpellé par des agents de la police municipale du XIVe arrondissement à l’angle des rues de Vanves et d’Alésia. Fouillé il était porteur d’un revolver à barillet 6,35 mm chargé de six balles, dans son porte-monnaie dix-sept cartouches enveloppées dans un bordereau de paie au nom d’Arnaudet. Raymond Hallery fut emmené à la préfecture de police, remit aux inspecteurs de la BS2. Lors des interrogatoires, il fut frappé pendant plusieurs jours à de multiples reprises.

Trois inspecteurs de la BS2 arrêtèrent Raymond Arnaudet le 24 octobre au domicile d’une relation de Raymond Hallery, un inspecteur le frappa à plusieurs reprises à coups de poing au visage. Il reconnut qu’il était cycliste pour l’organisation clandestine, sa bicyclette et celle d’Hallery étant saisies. Un box situé 55, rue Barbés à Ivry-sur-Seine fut perquisitionné, cinq duplicateurs, une remorque, des bidons truqués pour le transport des tracts et quatre cents kilos de tracts et de papier étaient saisis. La police établit la liste de vingt-neuf scellés, au total, mille neuf cents brochures sur différents thèmes, quatre-vingt-six mille tracts s’adressant à différentes catégories sociales.

Emprisonné, puis déporté, il était le 24 janvier 1943 dans le convoi de mille quatre cent soixante-six hommes qui partait à destination d’Orianenburg-Sachsenhausen (Allemagne). Après le transport du 6 juillet 1942, composé principalement d’otages communistes, ce fut le second, formé de déportés arrêtés par mesure de répression. Son transfert s’effectua dans un Kommando de travail, les barbelés ceinturaient le vaste espace boisé de Germendorf (un village à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Oranienburg), où alternaient les blocks des déportés et les halls de fabrication du constructeur d’avions Ernst Heinkel. Raymond Arnaudet matricule 58266 fut libéré le 3 mai 1945.

Il épousa le 16 août 1945 Roberthe Hallery, sœur de Raymond Hallery en mairie de Marolles-en-Hurepoix. Le couple eut deux enfants, Françoise et Guy.

Militant communiste à la Libération, Raymond Arnaudet fut en désaccord avec son parti avant sa mort accidentelle en 1955. Selon le témoignage de son fils, il mourut d’une "fracture temporale" et ce décès fut à l’origine d’un conflit entre la famille de sa mère (Hallery) - voir Raymond Hallery -, communistes disciplinés et celle de son père.

Selon le registre de l’Institut médico-légal (IML), Raymond Arnaudet fit une chute accidentelle, transporté à l’hôpital de la Pitié Salpétrière, il y mourut le 11 novembre 1955. Il fut transporté le lendemain à l’IML, le docteur Paul autopsia le corps le 15. Il fut inhumé le 19 novembre.

Raymond Arnaudet fut homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).

Son fils Guy Arnaudet, également militant et cheminot, créa plus tard le Club des Amis de Lulu.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144641, notice ARNAUDET Raymond, Jean dit Lulu par Daniel Grason, Claude Pennetier, version mise en ligne le 3 février 2013, dernière modification le 12 octobre 2021.

Par Daniel Grason, Claude Pennetier

Raymond Arnaudet avec sa fille Françoise et son fils Guy, vers 1950
Raymond Arnaudet avec sa fille Françoise et son fils Guy, vers 1950
Clichés fournis par Guy Arnaudet

SOURCES : Arch. PPo. 77W 459, 77W 536, KB 25, IML 1955. — Bureau Résistance GR 16 P 19807. — Mémorial de la déportation, op. cit. — Témoignage de son fils Guy Arnaudet. — État civil, Marolles-en-Hurepoix.

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