ARNOUIL Lucien

Par Daniel Grason

Né le 24 juin 1901 à Bordeaux (Gironde), mort le 17 janvier 1980 à Egly (Essonne) ; sous-chef au service entretien à la SNCF ; militant communiste ; résistant déporté.

Fils de Marie Arnouil, Lucien Arnouil obtint à l’issue de l’école primaire son CEP. Il fit son service militaire en 1921, épousa Jeanne Murger le 5 juillet 1925 en mairie de Saint-Sulpice Laurière (Haute-Vienne), deux enfants naquirent Pauline en 1925 et Bertrande en 1927. Il était membre du Parti communiste.
En septembre 1939, il fut affecté spécial à la SNCF réseau sud-ouest là où il travaillait au 7 bis boulevard Masséna à Paris XIIIe (arr.). Il était sous-chef visiteur au service entretien. En septembre 1940, la famille habitait 36 rue de Tolbiac dans le XIIIe arrondissement.
Lucien Arnouil structura au cours du deuxième semestre 1942 un groupe de plusieurs militants. Ceux-ci collectaient des fonds parmi leurs collègues de travail en faveur des familles des prisonniers politiques et distribuaient des tracts du parti communiste.
Une initiative était prise le 1er août 1942 rue Daguerre dans le XIVe arrondissement devant le magasin Félix Potin, le parti communiste entendait dénoncer les difficultés d’approvisionnement de la population. Lise London prit la parole. Des policiers étaient sur place, des FTP des groupes de protection tirèrent : un passant était tué, il y eut six passants, deux gardiens de la paix et un caporal allemand blessés. Les forces de police, notamment les Brigades spéciales cherchaient à identifier les FTP.
Le 27 août 1942 trois prises de parole avec distribution de tracts étaient programmées, aux abords des usines Citroën dans le XVe arrondissement, aux abords des usines Renault à Boulogne-Billancourt et à la SNCASO à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine). Des policiers appréhendèrent plusieurs FTP des groupes de protection, dont René Sevi. Son domicile clandestin 4 square Emmanuel-Chabrier dans le XVIIe arrondissement, était perquisitionné, outre des armes une liste de militants était saisie. Plusieurs étaient arrêtés, interrogés, tabassés par des policiers des Brigades spéciales… des noms furent lâchés dont celui de Lucien Arnouil.
Arrêté le 10 septembre par quatre inspecteurs de la BS1, des papiers étaient saisis sur lui, des documents saisis à son domicile. Il reconnut qu’il était responsable politique d’un groupe de trois hommes, et qu’il avait succédé à Raymond Müller. Sur les papiers que des prénoms, Lucien Arnouil affirma qu’il ne savait rien d’autre. Quant aux documents, il ne s’agissait que de notes personnelles qu’il prenait pour son activité de propagandiste. Détenu une semaine dans les locaux des Brigades spéciales, il fut ensuite emmené aux Dépôt.
Le 19 octobre, les Allemands vinrent le chercher, l’incarcérèrent à la prison de La Santé. Le 24 janvier 1943, il partit de Compiègne (Oise) dans un convoi de mille quatre cent soixante-six hommes à destination de Sachsenhausen (Allemagne).
Il fut d’abord affecté au Kommando des usines du constructeur d’avions Ernst Heinkel, puis à Buchenwald au Kommando Schönebeck, à vingt kilomètres de Magdebourg, les détenus travaillaient pour la firme Junkers à la fabrication de pièces d’avion. Enfin, à Langenstein où les déportés creusaient dix kilomètres de galeries à flanc de colline pour dissimuler les productions de Junkers. Matricule 57981 Lucien Arnouil libre le 7 avril 1945, fut rapatrié le 13 mai 1945.
Il témoigna devant la commission d’épuration de la police, Lucien Arnouil expliqua que les SS abandonnèrent les déportés « au cours d’un repli nécessité par l’avance des Américains ». Il porta plainte contre un inspecteur qui le frappa lors des interrogatoires et contre ceux qui perquisitionnèrent son logement et dérobèrent des denrées alimentaires et du tabac.
Le 17 septembre 1945, Lucien Arnouil relata ce qu’il vécut face aux membres de la commission rogatoire chargée de recueillir les dépositions des victimes de la répression ou de leurs familles. Sur photographies il reconnaissait quatre inspecteurs qui l’interpellèrent. Il déclara : « Conduit à la Préfecture, à la Brigade spéciale j’ai été frappé pendant plusieurs jours à coups de nerf de bœuf par un inspecteur que je reconnais comme étant le nommé D. Ce policier, les manches retroussées, se nommait lui-même comme le tueur de la B.S. »
« Après une semaine de détention et de sévices, j’ai été envoyé au Dépôt, jusqu’au 19 octobre, date à laquelle les Allemands sont venus me chercher et m’ont écroué à la prison de la Santé. »
« Sans jugement j’ai été déporté en Allemagne, par Compiègne le 23 janvier 1943 au camp d’Orianenbourg puis à Buchenwald, d’où j’ai été abandonné par les S.S. au cours d’un repli nécessité par l’avance des Américains. »
« Au cours de surveillances effectuées à mon domicile, des policiers se sont emparés de denrées alimentaires et de tabac. »
Lucien Arnouil a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).
Il mourut le 17 janvier 1980 à Egly (Essonne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144668, notice ARNOUIL Lucien par Daniel Grason, version mise en ligne le 8 décembre 2020, dernière modification le 8 décembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 107, KB 48, 77 W 5357-301497. – Bureau Résistance GR 16 P dossier 18001. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil, Bordeaux.

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