WAJNBERG Lejbus

Par Daniel Grason

Né le 20 juillet 1912 à Varsovie (Pologne), fusillé comme otage le 21 février 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; représentant de commerce.

Fils de Moses Wajnberg et de Pola Wajnberg, née Minski, Lejbus Wajnberg entra en France le 3 juillet 1930 avec sa carte d’identité polonaise. Le 16 janvier 1935, il fit l’objet d’une mesure d’expulsion, qui fut rapportée le 15 mars 1935. Le 13 mars 1939, pour un motif inconnu, le ministère de l’Intérieur polonais le déchut de sa nationalité.
Lejbus Wajnberg se maria en novembre 1939 ; le couple demeurait 16 rue Ernestine à Paris (XVIIIe arr.). La préfecture de police de Paris lui délivra une carte d’identité le 13 octobre 1939, valable jusqu’au 30 janvier 1942.
Lejbus Wajnberg participa en août 1941 à des protestations au Comité de coordination des œuvres de bienfaisance israélites. Selon la police, l’endroit était un lieu de rendez-vous d’anciens membres du Parti communiste. Le 19 août 1941, les policiers arrêtèrent Lejbus Wajnberg. La perquisition de son domicile ne donna aucun résultat. Un rapport d’un inspecteur des Renseignements généraux de novembre 1941 affirmait qu’il n’existait aucun élément à son sujet sur une éventuelle activité politique.
Il fut interné à la caserne des Tourelles à Paris (XXe arr.), puis transféré au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs. L’inspecteur Louis Sadosky rédigea une courte note : « Susceptible de se livrer à la propagande en faveur de la IIIe Internationale, suspect au point de vue politique et sympathisant des doctrines communistes. Dangereux pour l’ordre public. »
Le 4 février 1942, il y eut un attentat contre les forces d’occupation à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), et dans la nuit du 5 au 6 février 1942, une sentinelle allemande fut très grièvement blessée à Tours (Indre-et-Loire). En représailles, les Allemands décidèrent de fusiller ou de déporter cinquante otages. Six détenus de la maison centrale de Fontevrault-l’Abbaye (Fontevraud, Maine-et-Loire) furent passés par les armes comme otages le 21 février 1942. Quatorze otages à exécuter au Mont-Valérien en ce jour du 21 février 1942 furent désignés, dont treize Juifs internés au camp de Drancy : Szmul Balbin, Abraham Gärtner, Léon Jolles, Josef Kape, Max Kawer, Mordka Korzuch, Towja Lipka, Samuel Marhaim, Aron Miller, Jankiel Minsky, Israël Rubin,Lejbus Wajnberg et Israël Wirtheim, ainsi que Henri Debray militant communiste interné à à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.).
Lejbus Wajnberg fut passé par les armes le samedi 21 février 1942 au Mont-Valérien avec les treize autres otages. Il fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le lundi 23 février 1942, division 39, ligne 2, n° 8, puis transféré le 30 mai 1945 au cimetière parisien de Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine), division 31. Le prénom qui figure sur sa tombe est Léon.
En janvier 1957, la veuve de Lejbus Wajnberg, qui demeurait dans le XIe arrondissement de Paris, demanda l’attribution d’une carte d’Interné Politique.
Le nom de Lejbus Wajnberg figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.

L’abbé Franz Stock évoque les 13 Juifs exécutés le 21 février 1942 dans son Journal de guerre :

« Samedi 21.2.42
14 exécutions.
Venu me prendre à 8h pour le Cherche-Midi, 14 otages doivent être exécutés à 11 heures : 13 juifs, d’origine germano-polonaises, du camp de Drancy ; un Français de la Santé.
....
Un jeune juif me dit : "Ils peuvent bien nous tuer mais d’autres se lèveront, il est impossible d’exterminer la race juive." Certains juifs étaient pieux, récitaient des psaumes, l’un s’est entouré de son châle de prière en soie, il voulait être enterré avec. Question : aucun rabbin ne vient ? Les 14 doivent être enterrés lundi seulement. Le seront à Ivry. »

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article144894, notice WAJNBERG Lejbus par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 février 2013, dernière modification le 24 janvier 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 2439, KB 95, 77W 1724. — DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). — Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009. — Maurice Rajsfus, La Police de Vichy, Le Cherche-Midi, 1995. — S. Klarsfeld, Le livre des otages — Site Internet Mémoire des Hommes. — Site Internet CDJC. — Site Internet Rue Amelot J. Jacoubovitch. — MémorialGenWeb. — Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 66. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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