Par Gilles Morin
Né le 1er décembre 1912 à Paris (Xe arr.), mort en déportation le 3 décembre 1944 à Hambourg ; militant socialiste puis trotskiste parisien.
Fils de concierges parisiens, Pierre Tieulon, qui fut combattant de la Grande guerre, et de Célestine Soubrier, Camille Tieulon, employé au comptoir national d’escompte à Paris depuis 1930, fut avant la guerre un socialiste très actif, à la SFIO de 1932 à 1938. Il aurait été secrétaire de la section JS du XIe arrondissement puis adhéra au PSOP de Marceau Pivert où il défendit les thèses pacifistes du parti. Il était inscrit à la Chambre syndicale des employés de la région parisienne et délégué du syndicat CGT des employés du comptoir national d’escompte de Paris en 1936 et 1937. Il y combattit pour l’autonomie syndicale contre la tendance pro-communiste, dans une fédération des employés toujours proche de la majorité confédérale, avec Albert Gazier comme secrétaire. En 1939, il était adhérent à Solidarité internationale antifasciste, regroupant des militants d’extrême gauche et des anarchistes.
Mobilisé en septembre 1939 comme sergent des chasseurs portés, grièvement blessé par accident, il a été démobilisé en octobre 1940. Son frère fut tué lors des combats de juin 1940.
Durant l’Occupation, Tieulon adhéra à l’organisation trotskiste clandestine, en mai 1942 selon lui. Veuf depuis 1939 de Jeanne-Louise Chausson qu’il avait épousé le 22 janvier 1938, il vécut maritalement, au 5 Boulevard Davout (20e), avec, Alphonsine Yziquel, née le 29 novembre 1915 à Berne (Morbihan). La police menant une enquête sur un trafic de fausses cartes d’identité arrêta Tieulon et huit autres membres de l’organisation trotskiste clandestine (Mathias Corvin*, Pierre Barthélémy, Jacques Lebrun, Jacques Decobert, Roger Vanderpotte, Jean Legrand, Walter Hird, Jeannine Morel). Le 21 août 1942, lors d’une perquisition à son domicile furent découverts des centaines de tracts de la IVe Internationale et il fut arrêté.
Inculpé d’infraction au décret-loi du 24 juin 1939, concernant la répression de la circulation de tracts de provenance étrangère, il fut condamné à 6 mois de prison pour fait de propagande en faveur de la IVe internationale et purgeait sa peine à la Santé en janvier 1943. Il fut ensuite interné administrativement le 23 janvier 1943 au Centres des Tournelles, puis au centre de séjour surveillé de Voves en Eure-et-Loir.
Il demanda à Marcel Déglise* et à Maurice Levillain* du RNP d’intervenir en sa faveur pour lui éviter le camp de concentration. La démarche a été effectuée sans succès : il fut déporté de Compiègne (Oise) dans le convoi du 21 mai 1944 à destination de Neuengamme (Allemagne) et décéda le 3 décembre 1944 à Hambourg (Allemagne). L’acte de décès a été transmis à l’État-civil de la mairie du 10e arrondissement le 28 avril 1947.
Par Gilles Morin
SOURCES : Arch. Nat., Z6/415, correspondances de 1942 et 1943. — Arch. PPo, 1W0229, 77W1601/61068. — Livre Mémorial des Déportés de France de la F.M.D. Tome 2 p. 737.