GANTER, Marie-Thérèse [dite « Mimi », née SCHMITTER Marie-Thérèse]

Par Monique Mombert

Née le 21 février 1926 à Village-Neuf (Haut-Rhin), morte le 4 février 2022 à Lapoutroie (Haut-Rhin) ; employée de bureau, puis travailleuse familiale, ensuite conseillère conjugale ; militante jociste du Haut-Rhin, permanente pour la région Alsace (1951-1953) ; militante MPF, puis APF ; présidente par intermittence de sections APF (1977-1989) dans le Bas-Rhin.

Le père de Mimi Ganter, Aimé Schmitter (1896-1964) était agent du Réseau Alsace-Lorraine, sa mère, Amélie Burgunder (1899-1989) femme au foyer. La famille était catholique, très « ouverte », quoique sans engagement militant particulier. Après l’école primaire, Mimi Ganter fut brièvement interne à l’école ménagère de Carspach (Sonnenberg), jusqu’à l’annexion de fait en 1940, qui provoqua la fermeture de l’établissement. Elle fut alors scolarisée à l’école commerciale (Höhere Handelsschule) de Thann (1940-1943), après quoi elle fut incorporée dans le service du travail du Reich (Reichsarbeitsdienst, RAD), envoyée en Allemagne pour travailler aux champs, puis dans la défense anti-aérienne (Flakwaffendienst). Après son retour, le 14 juillet 1945, elle prépara le CAP d’employée de bureau (1946). Plus attirée par la production, elle renonça en 1948 à son emploi de bureau à l’entreprise textile Schaeffer de Vieux-Thann pour une activité d’ouvrière.
Pendant la guerre, quoique la JOC fût interdite dans les territoires annexés, comme les autres organisations non nazies, elle continua une activité clandestine. Sous le couvert d’activités paroissiales consacrées à l’étude biblique (Bibelstunden), seules rencontres tolérées par les occupants, organisées à Thann et Vieux Thann à partir de 1940 par des responsables de Mulhouse avec l’appui de l’abbé Eugène Schaal, l’équipe de jocistes féminines se retrouvait à la sacristie, pour des activités variées, dans la continuité de la JOCF d’avant-guerre. Les activités mêlaient un programme éducatif (hygiène, etc.), des « services » de solidarité concrète à destination des soldats et des enfants dont les pères étaient absents (paquets, fêtes de Noël, etc.), et une dimension religieuse fervente. Très marquée par ce mouvement, Mimi Ganter trouva dans cet arrière-plan un grand soutien quand elle fut incorporée de force ; se sentant « envoyée en mission », elle vécut cette période comme un apostolat.
Dès la libération de l’Alsace, la JOC et la JOCF redémarrèrent. L’idéal jociste de la « construction d’un monde meilleur » dans la période de pénurie de l’après-guerre incita Mimi Ganter en 1948 à devenir travailleuse familiale dans le cadre d’un des « services » des Associations populaires familiales (APF). En 1951, la JOCF fit appel à elle comme permanente fédérale de la région Est, chargée des apprenties en Alsace et Moselle. Dans cette fonction, elle participa aux contacts avec la Katholische Arbeiterjugend (KAJ), association homologue de la JOC, créée après-guerre en Allemagne. Ses compétences en allemand lui donnèrent l’occasion de servir d’interprète lors de rencontres de travail entre permanentes allemandes et françaises.
Son mariage en 1953 avec un permanent de la JOC, Lucien Ganter*, mit fin à son mandat de permanente JOCF. Dès lors, elle milita dans les mouvements familiaux, dans lesquels son mari, permanent de l’APF du Bas-Rhin de 1954 à 1956, était également impliqué. Elle participa aux actions locales du mouvement, pour l’amélioration des conditions de vie des habitants du quartier populaire de la périphérie strasbourgeoise où la famille s’était installée, le Neuhof, dans les « cités » nouvellement construites. Dans la logique héritée de la JOC, les actions étaient assurées par les associations locales, au niveau du quartier, où des mères de famille, femmes au foyer, pouvaient prendre des responsabilités, en réponse à des besoins repérés dans leur vie quotidienne. C’est ainsi que fut obtenue l’implantation d’une supérette, d’une consultation de nourrissons, que fut organisé un service itinérant de machines à laver, un groupement d’achats, etc. Après avoir présidé l’Association populaire des familles (APF) du Neuhof, Mimi Ganter poursuivit ces actions au sein des APF à Schiltigheim, où la famille emménagea en 1959 avec ses 4 enfants (nés en 1954, 1956, 1958, 1959). Au cours des années 1960 et 1970, le mouvement familial se donna des objectifs plus politiques, en coopération avec d’autres organisations. C’est ainsi que Mimi Ganter, en tant que responsable locale des APF, participa aux actions menées contre l’implantation d’une usine d’incinération d’ordures ménagères à Schiltigheim, et pour la réalisation du centre social de la cité des Ecrivains, contre les hausses de loyer de cette cité HLM et pour sa réhabilitation.
Après une formation de conseillère conjugale par l’Association Française des centres de Consultation Conjugale (AFCCC) de 1975 à 1979, elle participa à la création d’un Centre de consultations conjugales à Schiltigheim, où elle assura une permanence à titre bénévole jusqu’en 1989, date de l’installation du couple à Reichshoffen, ville natale de Lucien Ganter, qui fut adjoint au maire de cette ville jusqu’en 1995.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145028, notice GANTER, Marie-Thérèse [dite « Mimi », née SCHMITTER Marie-Thérèse] par Monique Mombert, version mise en ligne le 21 février 2013, dernière modification le 3 septembre 2022.

Par Monique Mombert

Sources.
Entretiens avec Lucien et Mimi Ganter 14 décembre 2010, 13 avril 2011, 20 mars 2012 -Entretiens avec l’abbé Joseph Sifferlen 03 novembre 2010, 17 mars 2011 - Maitron, notice Lucien Ganter par Fernand Brem et Jean-Marie Conraud - De Wissembourg à Sélestat. 50 ans de JOC. Témoignages recueillis par Charles Dillinger, Strasbourg 1979 -CD-Rom « Les 60 ans de l’ACO : les anciens témoignent », ACO du Bas-Rhin 2010.

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