MILHAU Jacques, Louis, Antoine

Par Jacques Girault

Né le 29 janvier 1929 à Paris (XVe arr.), mort le 15 mars 2023 à Briançon (Hautes-Alpes) ; professeur ; militant communiste dans le Nord, membre du comité central du PCF (1979-1987).

Jacques Milhau lors d’une conférence en 1982.
Jacques Milhau lors d’une conférence en 1982.

Son père, Jean Milhau*,artiste peintre, fut chargé de mission dans la proposition et le classement des sites. Résistant, communiste depuis la fin du Front populaire, il présida l’Union des arts plastiques. Sa mère, avocate à sa naissance en 1929, devint administrateur civil au ministère de la Défense nationale. Syndicaliste, elle fut révoquée par le gouvernement de Vichy et réintégrée en septembre 1944. Elle adhéra au Parti communiste français en 1947 lors de l’éviction des ministres communistes du gouvernement. Jacques Milhau, baptisé, fut élève dans le premier cycle du lycée de Montpellier (Hérault) de 1939 à 1944 puis du lycée Buffon à Paris. Il prépara sans succès l’Ecole normale supérieure au lycée Louis-le-Grand de 1947 à 1951 et obtint une licence à la Sorbonne. Titulaire d’un diplôme d’études supérieures (1952), il fut reçu au CAPES (1953) puis à l’agrégation de philosophie en 1954. Nommé professeur au lycée Clemenceau à Nantes (Loire-Atlantique) en octobre 1954, il partit peu après au service militaire. Nommé professeur au lycée de Tourcoing (Nord) en 1957, il devint professeur agrégé de philosophie au lycée Faidherbe à Lille (Nord) en 1958 puis professeur en khâgne dans cet établissement de 1963 jusqu’à sa retraite en 1990. Il fut pendant sa carrière enseignante membre du SNES.

Jacques Milhau se maria en août 1963 à Paris (VIIe arr.) avec Monique Verret, professeur certifiée d’histoire et géographie au lycée Faidherbe, sœur de Michel Verret*. Leurs deux enfants ne reçurent aucun sacrement religieux.

Jacques Milhau adhéra au Parti communiste français en 1947 et entra au comité de la fédération du Nord du PCF en 1965. Il fut membre du bureau fédéral de 1974 à 1991.

Jacques Milhau fut proposé pour être le suppléant du candidat communiste aux élections législatives de 1970 dans la troisième circonscription (Lille Nord et Nord-Est). En 1965, pour les élections municipales, il figurait en dixième position sur la liste communiste.

Ces activités militantes dans le Nord s’accompagnaient de responsabilités nationales dans les milieux intellectuels. Il entra au comité de rédaction de La Nouvelle Critique, en 1957 mais cette présence ne fut rendue publique qu’à partir de 1959. Il en resta membre jusqu’à la disparition de la revue. Dès mars 1963, comme d’autres membres du comité de rédaction, il écrivit au bureau politique du PCF pour critiquer les dangers encourus par les intellectuels communistes devant la confusion provoquée par l’attitude autoritaire de Roger Garaudy dans les débats idéologiques. Il participa aux réflexions de philosophes communistes en « préparation informelle » au comité central d’Argenteuil en 1966. Il collaborait depuis la fin des années 1950 à la presse communiste (l’Humanité surtout dans les années 1970 dans la page « Idées » dirigée par Jacques Arnault, Les Cahiers du communisme, Recherches internationales), fut membre du conseil scientifique de La Pensée et cofondateur de la Revue de l’espace Marx Nord en 1992. Il participa aux travaux du Centre d’études et de recherches marxistes pendant la direction de Guy Besse, de l’Institut Maurice Thorez (conférence sur « Lénine devant le révisionnisme en philosophie » en 1970) puis de l’Institut de recherches marxistes dirigé par Francette Lazard.

Jacques Milhau présenta aux Éditions sociales l’ouvrage de Marx sur L’idéologie allemande en 1972 et une étude avec Michel Simon et Guy Besse, sur Lénine, la philosophie et la culture (Éditions sociales, 1971). Il dirigeait alors la collection « Problèmes ». Il publia des articles sur différents aspects de la philosophie marxiste dans un ouvrage Chroniques philosophiques (Paris, Éditions sociales, 1972). Dans le débat sur l’humanisme, il partageait le point de vue de Lucien Sève* « exprimé sous la forme approximative d’humanisme scientifique qui prend surtout sens par sa double opposition à l’humanisme spéculatif de Roger Garaudy et à l’antihumanisme théorique de Louis Althusser* ». Cette position, se fondant sur la pensée « du Marx de la maturité », s’exprima notamment dans son ouvrage Le Marxisme en mouvement, dans la collection Sup aux Presses universitaires de France en 1975. Constamment il mettait en garde les militants sur la nécessité de ne pas avoir une lecture dogmatique des textes marxistes et d’essayer de les situer dans leurs contextes comme éléments de compréhension de leur temps.

Jacques Milhau entra au comité central du PCF en 1979 et y resta jusqu’en 1987. Membre de la commission nationale des intellectuels à partir de 1978, il poursuivit ses interventions dans les débats des intellectuels mais aussi participait à des débats publics. Très attaché à la laïcité, il s’était spécialisé aussi dans le dialogue et les rencontres avec les chrétiens, avec Antoine Casanova. Son ouvrage Solidarité, l’avenir d’un héritage au début des années 1990 chez Scanéditions fut peu diffusé en raison des difficultés de l’éditeur. Il mettait en lumière la notion de « solidarité » non explicite dans l’œuvre de Marx, mais d’origine française, qui pouvait contribuer au renouvellement des approches théoriques et politiques des communistes français dans les années 1990.

Retraité, Jacques Milhau s’installa à Saint-Martin d’Hères (Isère) jusqu’en 1996. Il assura pendant six ans la tenue de débats dans le cadre de « Controverses en Dauphiné ». Puis il vécut de 1996 à 2010 à Monétier-les-Bains (Hautes-Alpes) puis habita Briançon. De 1998 à 2007, il assura les cours de philosophie à l’Université du temps libre de Briançon.

Jacques Milhau continua à s’intéresser aux débats des marxistes, participa à des rencontres philosophiques, sans s’impliquer activement dans les initiatives d’Actuel Marx par exemple. Marqué par l’échec du communisme dans le monde, il s’attacha à préserver la philosophie marxiste, publiant et commentant des textes sous le titre Rationalisme, marxisme (L’Harmattan, 2010). En 2011, il écrivit la préface et la postface de la réédition de l’ouvrage de Jacques Arnault, Procès du colonialisme (L’Harmattan) tout en présentant « l’idée de cosmo-colonialisme financier inséparable du capitalisme contemporain » dans un article de Recherches internationales (juillet-septembre 2011).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145069, notice MILHAU Jacques, Louis, Antoine par Jacques Girault, version mise en ligne le 21 février 2013, dernière modification le 2 octobre 2023.

Par Jacques Girault

Jacques Milhau lors d'une conférence en 1982.
Jacques Milhau lors d’une conférence en 1982.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Presse. 

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