MULLER Émile

Par Léon Strauss

Né le 20 avril 1915 à Mulhouse (Haute-Alsace annexée), mort le 12 novembre 1988 à Mulhouse (Haut-Rhin) ; typographe, puis permanent SFIO, puis directeur d’imprimerie ; socialiste SFIO 1929-1970) , fondateur successivement du Parti de la démocratie socialiste (1970), du Parti social-démocrate (1971), du Mouvement des démocrates sociaux de France (1973), adhérent du Mouvement réformateur (1973), de l’UDF (1978), syndicaliste CGT jusqu’en 1947 ; secrétaire général de l’Union locale CGT de Mulhouse en 1947 ; secrétaire de la fédération SFIO du Haut-Rhin (1947-1953, 1957-1968), membre du comité directeur de la SFIO (1954-1966) ; adjoint au maire (1947, 1953-1956), puis maire de Mulhouse (1956-1981), conseiller général du Haut-Rhin (1945-1982), vice-président du conseil général (1958-1964, 1973-1982), vice-président du Conseil régional d’Alsace (1973- ?), député du Haut-Rhin (1958-1962, 1973-1981), membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (1958-1962), membre du Parlement de la CEE (1973-1979) ; candidat à la présidence de la République (1974).

Émile Muller, fils d’Auguste M. ouvrier du textile, secrétaire de syndicat des ouvriers du textile du Haut-Rhin, et de Léonie Staffel, a fréquenté l’École technique de Mulhouse, et il travailla comme typographe à l’imprimerie du journal socialiste, Der Republikaner, dès l’âge de 14 ans, (comme son frère aîné Édouard) à partir de 1929. Il épousa le 15 octobre 1936 Marie-Louise Walter : le couple eut trois enfants. Il fut de 1945 à 1947, secrétaire de l’Union locale CGT de Mulhouse. Membre de la SFIO depuis 1929, il fut de 1947 à 1953 secrétaire permanent de la Fédération socialiste SFIO du Haut-Rhin. De 1953 à 1956 directeur technique, puis de 1956 à 1966 gérant de l’imprimerie Union, qui imprima jusqu’en 1967 Le Républicain d’Alsace, organe de la SFIO. Quand Jean Wagner succéda à Auguste Wicky à la mairie de Mulhouse en janvier 1947, Émile Muller, le plus jeune conseiller municipal, devint adjoint au maire.

Après l’intermède municipal RPF (1947-1953), il retrouva cette fonction et, après la mort de Jean Wagner, le 8 octobre 1956, il lui succéda à la tête d’une municipalité où la SFIO s’était alliée au Centre et à la Droite. Il avait figuré en quatrième rang sur la liste SFIO aux législatives de 1956. Aux élections cantonales d’avril 1958, il fut élu au conseil général du Haut-Rhin, dont il devint vice-président. Aux élections législatives de 1958, Émile Muller fut élu député de Mulhouse-Ville. Au second tour des municipales de 1959, la SFIO fit à nouveau alliance avec le MRP, l’UNR et les Indépendants et réussit ainsi à garder la mairie tout en éliminant l’opposition communiste. Muller perdit pourtant en 1962 son siège de député au profit d’un gaulliste. En 1964, il fut le seul socialiste à conserver un siège au conseil général du Haut-Rhin. L’année suivante, il reconduisit l’accord municipal avec le MRP, les gaullistes dissidents et les Indépendants et fut donc réélu maire. Aux législatives de 1967, candidat FGDS, il fut battu au second tour par l’UNR Zimmermann. Ayant perdu le siège de député, il voulut absolument conserver celui de maire.

Mais, en 1969, l’orientation à gauche du Nouveau Parti socialiste l’alarma car elle mettait en péril son Entente communale avec la droite. En juin 1969, il lança un appel en faveur d’un grand parti travailliste regroupant sociaux-démocrates et centristes. Le même mois, il rompit avec la nouvelle direction fédérale conduite par Édouard Boeglin et Eugène Riedweg et refusa de participer au congrès d’Issy-les–Moulineaux. En octobre 1969, grâce à la mobilisation des employés municipaux, il réussit à se faire à nouveau désigner comme secrétaire de la section socialiste de Mulhouse. Avec le soutien d’Alphonse Kienzler, il fit voter une motion rejetant toute association avec le Parti communiste. Au congrès fédéral de février 1970 à Colmar, il tenta d’imposer cette ligne politique et de reprendre le contrôle de la Fédération : mis en minorité, il refusa de s’incliner et quitta le PS.

En mars 1970, il fut réélu conseiller général de Mulhouse-Nord sous l’étiquette « Démocratie socialiste ». Le 24 mars, avec 47 membres de sa section, il fonda le Parti de la démocratie socialiste (PDS), devenu Parti social-démocrate (PSD) l’année suivante, mais ce mouvement, dont il était le président, ne réussit pas à s’implanter en dehors de sa ville, tout en portant un rude coup au socialisme mulhousien.. En 1972, son principal allié lors de la scission, Alphonse Kienzler, rompit avec lui et constitua un groupe municipal d’opposition, « Mulhouse Demain » avant de se rallier en 1981 à Giscard d’Estaing. En 1973, avec Max Lejeune, autre ancien de la SFIO, Muller fonda le Mouvement des démocrates sociaux de France (MDSF), dont il assura la vice-présidence. La même année, le MDSF adhéra au Mouvement réformateur de Lecanuet et Servan-Schreiber. Aux élections législatives de 1973, Muller retrouva son siège de député, grâce aux voix centristes apportées par son suppléant André Erbland. Il s’inscrivit au groupe des Réformateurs démocrates sociaux. Au premier tour des élections présidentielles de 1974, Émile Muller se présenta sous l’étiquette de la Social-Démocratie : il recueillit 0,69 % des voix au plan national et 11, 70% des suffrages dans sa ville de Mulhouse, où François Mitterrand en obtenait 37 %. Il fut pourtant réélu au conseil général en 1976 ; sa liste d’Entente municipale ( MDSF, CDS, Parti républicain, radicaux, UDR) fut réélue en 1977 et il garda son siège de député en 1978 : il fut apparenté au groupe giscardien de l’UDF.

Il était vice-président de l’Association des maires de France, président de l’Union hospitalière du Nord-Esr et vice-président de la Fédération hospitalière de France. Au début de l’année 1981, il démissionna de ses fonctions de maire et fit élire Joseph Klifa. Aux élections législatives de 1981, il ne parvint qu’à rassembler 18,85 % des suffrages au premier tour et refusa de se désister au profit d’A. Kienzler. Au scrutin de ballottage, le nouveau leader du socialisme mulhousien, Jean-Marie Bockel fut élu.

Durant ses mandatures municipales, furent construits à Mulhouse le quartier de Bel Air, la place de l’Europe, le quartier des Coteaux, le stade nautique, les halles de la place du 14 juillet, le pont Charles Stoessel, la Cour de l’Europe. Il ouvrit aussi le chantier de l’hôpital du Moenchsberg, ainsi que le Musée du Chemin de Fer. Alors que la crise du textile sévissait en permanence pendant cette période, l’implantation de Peugeot (1961) fut largement facilitée par la création du Syndicat intercommunal pour les zones industrielles de la région mulhousienne. Le Centre hospitalier de Mulhouse porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145342, notice MULLER Émile par Léon Strauss, version mise en ligne le 4 mars 2013, dernière modification le 13 avril 2022.

Par Léon Strauss

SOURCES : Notice nécrologique de son père, L’Ouvrier libre, Mulhouse, 25 juillet 1936. — L’Alsace, Mulhouse, 15 janvier 1947. — Le Monde, 11 octobre 1972. — Dernières Nouvelles d’Alsace, 13 mars 1973. — L’Alsace, Mulhouse, 12 avril 1974, 29 janvier 1976. — R. Wagner, La vie politique à Mulhouse de 1870 à nos jours, Mulhouse, 1976. — G. Livet et R. Oberlé, Histoire de Mulhouse des origines à nos jours, Strasbourg, 1977. — F. Fischbach, Ces maires qui ont fait Mulhouse, Mulhouse, 1983. — Jean-Marie Bockel, Eugène Riedweg, Mulhouse du passé au présent, Mulhouse, 1983. – Raymond Oberlé, Mulhouse ou la genèse d’une ville, Mulhouse, 1985. — Le Monde, 16 novembre 1988. — Nouveau Dictionnaire de Biographie alsacienne, 27, Strasbourg, 1996, p.2755-2756. — Anne-Catherine Gutknecht, "Le socialisme à Mulhouse d’Émile Muller à Jean-Marie Bockel (1956-1998)", Chantiers historiques en Alsace, 7, Strasbourg, 2004, p. 329-332.

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