BELLER Hirsch dit Oscar

Par Daniel Grason

Né le 18 juillet 1897 à Grodzisk dans la région de Mazovie (Pologne), mort le 3 juin 1944 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ; désigné comme otage puis interné.

Hirsch Beller vivait avec Hilde Samstag de nationalité allemande née à Nuremberg et sa mère Hedwig, née en 1883 à Hanovre. Ils habitèrent au 32 Rue du Docteur Potain à Paris XIXe arr., puis rue Bisson et enfin au 27 Rue Ramponneau XXe arr., le couple eut deux enfants Pierre et Claude âgés de trois ans et de dix-sept mois que Hirsch Beller reconnut.

Le couple entra en France fin 1937 avec des passeports polonais. Il fut placé sous le régime des sursis mensuels renouvelables, était titulaire d’un récépissé de demande de carte d’identité valable jusqu’au 21 août 1941. Hirsch Beller travaillait comme vendeur chez des commerçants. Depuis la promulgation du statut des juifs le 3 octobre 1940, la famille était en grande difficulté et vivait de leurs économies.

Considéré comme suspect au point de vue politique pour ses relations avec Mordka Blat et Abraham Erlichmann, il fut arrêté le 22 juillet 1941 à son domicile par des policiers des Renseignements généraux, interné le lendemain à la caserne des Tourelles, XXe arr.

La Section spéciale de recherches (SSR) des Renseignements généraux, était chargée depuis 1937, de la surveillance des étrangers. Louis Sadosky responsable du rayon Allemand et Polonais fut nommé en 1941 responsable du rayon Juif, rompant ainsi avec le principe de la nationalité. Les policiers ne saisirent ni tracts ni objets suspects. Louis Sadosky fit de Hirsch Beller un : « Propagandiste communiste très actif. Suspect et dangereux pour l’ordre intérieur ».

Sa femme, allemande, de confession catholique se renseigna à la préfecture de police sur les raison de l’arrestation de son mari. Elle y rencontra un officier allemand qui lui déclara qu’il avait été dénoncé comme communiste.

Le 5 août 1941 Hirsch Beller écrivit de la caserne des Tourelles au préfet de police : « Je n’ai jamais eu de relations avec le mouvement communiste ».

« J’avais à Berlin une usine sous la dénomination Belkama. […] J’ai établi une fabrique du même genre en Italie sous le nom « Adria » à Ica près de Fiume [aujourd’hui Rijeka en Croatie] et on peut bien comprendre que je n’ai jamais été communiste ». En conclusion, il demandait sa libération

Transféré le 22 août au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux juifs, le 27 août 1941 dans un rapport des Renseignements généraux Hirsch Beller était présenté comme « Agitateur politique se livrant à la propagande clandestine en faveur des théories communistes, Beller doit être considéré comme dangereux pour l’ordre public. En conséquence, sa libération n’est pas opportune ».

Il figura sur la liste des otages du 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, mais fut incarcéré le 14 décembre 1941 au Cherche-Midi prison administrée par les Occupants. Dans une note du 12 décembre 1949, les Renseignements généraux donnaient des éclaircissements sur le destin de Hirsch Beller. « À la suite d’on ne sait quel compromis, Beller a été libéré par les autorités allemandes, le 20 décembre 1941, et sur ordre du Capitaine Muller, du service de Police allemand auprès de la Préfecture de Police, mis en règle par nos services ».

Interprète auprès de l’organisation Todt à Paris, Hirsch Beller était muté le 9 octobre 1943 au centre de Cherbourg (Manche). Au début de l’année 1944, plusieurs civils désertaient, il fut interné à l’Ile d’Aurigny. Devant l’éventualité d’un débarquement des alliés, les allemands évacuaient l’ile le 8 mai 1944. Transféré à Boulogne-sur-Mer, interné, malade il mourut le 3 juin 1944.

Hedwig Samstag mère d’Hilde son épouse fut déportée par le convoi n° 46 à Auschwitz (Pologne) le 9 février 1943 où elle mourut.

Par décret de naturalisation du 17 décembre 1948, Hilde Samstag, Pierre et Claude devinrent français.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145397, notice BELLER Hirsch dit Oscar par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 mars 2013, dernière modification le 16 octobre 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo, BA 2439, 77W 1659, 1W 0715. – Laurent Joly, (Présenté par) Louis Sadosky, Brigadier-chef des RG. Berlin 1942. Le voyage d’un collabo au cœur de la Gestapo, CNRS Éditions, 2009. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.– Site Internet CDJC. – Nos remerciements à Alain Simonnet pour la communication de la liste des otages établie par les allemands le 14 décembre 1941.

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