MERKLÉ Louis, Albert

Par Françoise Olivier-Utard

Né le 19 mars 1892 à Mulhouse (Haute-Alsace annexée), mort le 8 avril 1981 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; ouvrier métallurgiste en Haute-Alsace, puis dans le Bas-Rhin ; syndicaliste CGTU puis CGT, secrétaire de l’Union CGT des Syndicats d’ouvriers métallurgistes du Bas-Rhin de 1936 à 1939 et trésorier de la même Union de 1944 à 1951 ; communiste depuis 1921, secrétaire de sous-rayon communiste en 1932, conseiller municipal de Schiltigheim (Bas-Rhin) de 1945 à 1959 ; résistant, interné.

Louis Merklé était le fils de Guillaume Merklé, menuisier, et de Sophie Kremer, protestants tous deux. Dialectophone, il fit toute sa scolarité à l’école allemande, ce qui explique qu’il ne parla jamais couramment français. Il entra à partir de 1906 en apprentissage d’installateur. Il adhéra au syndicat libre allemand en 1910 et au parti social - démocrate en 1911. De 1912 à 1918, il servit dans l’armée allemande, d’abord pour son service militaire, puis comme mobilisé sur le front russe comme la plupart des Alsaciens. Il fut blessé à deux reprises.

Après la guerre, il trouva un emploi à Strasbourg. En 1921 il adhéra au parti communiste en Alsace et en 1922 à la CGTU. En 1932, il était secrétaire du sous-rayon de Strasbourg-Campagne. En 1934, il fit partie de la délégation qui se rendit à Berlin pour demander la libération de Thaelmann, emprisonné à la prison de Moabit.

De 1936 à 1939 et de la Libération à 1951, il fut secrétaire de l’Union CGT des syndicats de travailleurs de la métallurgie (USTM) du Bas-Rhin. Il dirigea les grandes grèves de la métallurgie au moment du Front populaire, dans les entreprises d’automobiles Bugatti et Mathis, à la SACM et chez De Dietrich. Après la Libération, il devient trésorier de la même union. Il était également membre de la commission exécutive de l’UD CGT

La seconde guerre mondiale affecta profondément toute la famille Merklé. Il avait lui-même refusé de devenir secrétaire du Front du travail nazi (Arbeitsfront) et fut arrêté le 29 mai 1942, lors de la grande rafle des communistes alsaciens, et interné au camp de rééducation de Schirmeck (Bas-Rhin). Il y resta deux ans et demi. Torturé, on lui brisa huit dents, ce qui lui valut après guerre une invalidité de 100%. Il perdit 50 kg. Dans le camp de Schirmeck, il fut en contact avec Georges Wodli*, puis avec les huit jeunes communistes du Haut-Rhin qui allaient être décapités, enfin avec les 13 jeunes gens réfractaires de Ballersdorf qui allaient être fusillés à proximité du camp de concentration du Struthof, situé à quelques kilomètres de Schirmeck. Il retrouva aussi son fils aîné, Rodolphe, arrêté pour refus d’incorporation dans la Wehrmacht. Ses deux autres fils furent aussi victimes de la répression nazie. Louis, son deuxième fils, enrôlé de force dans la marine allemande, fut condamné à mort pour tentative de désertion. L’avancée anglaise au Danemark le sauva in extremis. Son plus jeune fils, Marcel, fut également incorporé de force mais réussit à déserter et vécut ensuite dans la clandestinité. Les deux frères de Louis Merklé furent aussi victimes de la répression : Georges, l’aîné, maire socialiste de Valdoie (Territoire de Belfort), fut arrêté et torturé. Émile, le cadet, syndicaliste socialiste, fut interné à Schirmeck, puis dans des prisons allemandes où les coups lui firent perdre la raison.

Après la Libération, Louis Merklé reprit ses activités de permanent syndical. En 1950, il se mobilisa pour faire signer l’appel de Stockholm. Les ouvriers métallos de Strasbourg signèrent très nombreux cet appel (60% chez Bugatti, 20% aux Forges de Koenigshoffen).

À sa retraite, en 1951, Louis Merklé fut remplacé à l’USTM par Georges Martin*. En mai 1952, Louis organisa encore la campagne de protestation contre l’arrestation de Jacques Duclos et d’Alain Le Leap. Louis Merklé n’accepta jamais de fonctions politiques au sein du Parti communiste. Par refus de tout ce qui pouvait faire le lit de l’autonomisme, il refusa même de s’aligner sur la proposition d’introduction de l’enseignement de l’allemand dès l’école primaire. Cette position de principe lui valut un blâme du comité fédéral en 1951.

Louis Merklé résidait à Schiltigheim, banlieue ouvrière du nord de Strasbourg, dans un des immeubles modernes de la cité ouvrière construite dans les années 1930 par la municipalité socialiste de l’époque.
Il fut élu au conseil municipal de 1945 à 1959, année où les socialistes ayant fait alliance avec le gaulliste Ritter éliminèrent les communistes. Louis Merklé était aussi président de l’Union sportive Liberté de Schiltigheim depuis le 10 mars 1946.

Il avait épousé Sophie Marie-Thérèse Baasch, le 2 janvier 1920, à Schiltigheim. Le couple eut trois fils.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145632, notice MERKLÉ Louis, Albert par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 18 mars 2013, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Arch. Dép. Bas-Rhin, 544 D 40. — Arch. Nat, F7 1310. — Humanité, Strasbourg, 11 mai 1935. — Travailleur syndicaliste, Strasbourg, 1937. — Huma 7 jours, 1974, 28-3-75. —

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