Par Philippe Bourrinet
Né le 5 mai 1900 à Florence (Italie), mort en février 1974 à Florence ; ouvrier boulanger, forgeron, soudeur ; « bordiguiste ».
Aldo Lecci s’inscrivit en 1917 à la section des jeunesses socialistes de Florence, puis adhéra au PCd’I en janvier 1921. Membre des « groupes d’action communistes », il assuma le commandement des groupes armés de défense de quartiers ouvriers de Florence, en particulier celui de Santa Croce. Il émigra en France, en 1923, activement recherché par les fascistes et adhéra aussitôt au PCF (c’était une obligation pour les communistes italiens émigrés). Il défendit les positions du Comité d’entente bordiguiste, fondé en avril 1925, contre la direction Gramsci/Togliatti. À la suite de violents affrontements avec des fascistes italiens, à Paris, il dut s’établir à Lyon, où il travailla comme forgeron.
Après le congrès de Lyon de 1926, qui vit la défaite de la tendance de Bordiga, il fut chassé du Parti communiste italien, lors d’une réunion très violente, ainsi que seize autres membres. À Pantin, en avril 1928, il fut l’un des principaux fondateurs de la fraction italienne qui le nomma à son comité central. En 1929, expulsé de France, il se réfugia à Bruxelles. Il fut de nouveau expulsé de Belgique, après une occupation du consulat italien de Bruxelles en juin 1930 pour protester contre les exécutions de quatre communistes italiens et slovènes à Basovizza/Bazovica (Trieste). Retourné en France, il devint le responsable de la Fédération lyonnaise (avec Carlo Mazzuchelli*). En 1933, il rentra clandestinement en Italie et eut des discussions avec Bruno Fortichiari et Luigi Repossi (initiateurs du Comité d’entente avec Onorato Damen), mais échoua – après beaucoup d’autres, comme Boris Souvarine – à contacter Bordiga. Fin 1934, il déménagea à Marseille, où il assuma le travail de la Fraction dans la zone Sud. En août 1936, avec Benjamin (Jacob) Feingold (1899-1943) et Turridu Candoli, de la Fraction italienne, il se rendit à Barcelone et défendit les positions de la majorité, lors de discussions avec la minorité engagée dans les milices du POUM. Il prit contact avec les anarchistes, en particulier avec Camillo Berneri. De retour de Barcelone au printemps 1937, il réorganisa depuis Marseille – où il travaillait comme soudeur aux Aciéries du Nord (ADN) – les sections de La Seyne et Toulon.
Pendant la guerre il s’opposa aux théories d’Ottorino Perrone (1897-1957), le leader « bordiguiste », sur la « disparition du prolétariat dans la guerre », et avec Giovanni Bottaioli* fut le principal animateur de la Fraction italienne à Marseille. Il fut le plus résolu à demander l’expulsion d’Ottorino Perrone de la Fraction italienne, en mars 1945, lorsqu’il apprit son adhésion à la Coalition antifasciste de Bruxelles. Retourné en mai 1945 en Italie, il fut immédiatement nommé membre du comité central du PCInt, qui comptait alors plus de 2 000 militants. Il en fut l’un des propagandistes les plus écoutés dans ses nombreux meetings publics. Secrétaire de la section de Florence, il fut incarcéré avec d’autres camarades internationalistes de Toscane, en septembre 1946, suite au meurtre du marquis Lapo Viviani della Robbia - grand propriétaire foncier du Chianti et ancien haut dignitaire fasciste - par le jeune internationaliste Ilario Filippi. Il fut vite libéré faute de la moindre preuve. Opposé à la tendance purement « bordiguiste » autour de Bordiga et Bruno Maffi, il s’intégrera tout naturellement dans la fraction de Damen (« Battaglia comunista ») en janvier 1952. Il reste membre du PCInt-Battaglia comunista jusqu’à sa mort survenue à Florence, sa ville natale, en février 1974.
Par Philippe Bourrinet
SOURCES : ACS (EUR/Roma) CPC, busta 2752 “Aldo Lecci”. – Battaglia comunista , n° 5, Milan, mars-avril 1970. – « È morto il compagno Lecci ». – Battaglia Comunista, n° 8, 10–30 avril 1974, « Una pagina di storia nella nostra frazione all’estero (1927-1943) ». – Fausto Bucci, Rossano Quiriconi, et Claudio Carboncini, La vittoria di Franco è la disfatta del proletariato – Mario De Leone e la rivoluzione spagnola, La Ginestra – Comitato pro ex Ilva, Follonica, 1997.