PONS José

Par Françoise Olivier-Utard

Né le 11 avril 1918 à Alcoletge (Catalogne, Espagne), mort en 2012 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; depuis 1946 maçon, puis chef de travaux à Strasbourg ; républicain espagnol réfugié en France en 1939 ; interné en 1939 ; syndicaliste CGT depuis 1946, délégué du personnel.

Son père, José Pons-Reig était maçon, militant syndicaliste de la CNT. Il mourut en 1928 dans son village, des suites d’une pneumonie attrapée dans sa fuite alors que la garde civile était venue l’arrêter en pleine nuit. Sa mère, Isabelle Monraba-Sanz, née en 1881 et morte en 1949, adhérait aux idées de son mari. Le couple eut cinq enfants, dont trois garçons, tous républicains. L’un mourut au front, les deux autres se trouvèrent obligés de fuir l’Espagne franquiste.

José Pons fit ses études primaires dans son village. Ses frères, plus âgés et déjà maçons, se cotisèrent pour financer ses études secondaires à Barcelone dans l’espoir qu’il deviendrait architecte. Mais la guerre civile éclata quand José avait 18 ans. Il fut aussitôt incorporé et formé à l’école d’armuriers de l’aviation. Son unité participa aux bombardements des lignes du front, de Saragosse et de Pampelune. Il obtint le grade de commandant.Il adhéra à l’UGT en 1938.

En février 1939 il passa les Pyrénées à pied, et fut d’abord interné à Argelès-sur-Mer (Pyrénées Orientales), à même la plage, dans des conditions d’hygiène effroyables, pendant quatre mois. Il survécut grâce au troc que les soldats spahis français organisaient. Il fut ensuite transféré au camp de Gurs, où il retrouva un de ses frères, couvert de gale. Les conditions de détention étaient très dures et les républicains espagnols particulièrement maltraités. Ils étaient incités à rentrer chez eux, mais savaient bien que la police franquiste les attendait. On leur proposait aussi d’entrer dans la Légion étrangère.Au moment de la déclaration de la guerre, il fut appelé à travailler dans des usines françaises et envoyé à Gradignan (Gironde) dans une usine d’aviation. C’est à Bordeaux qu’il apprit le français.

En 1945 il reçut de la préfecture, signé de Papon, l’ordre de quitter le territoire français dans les 24 heures. Il se débrouilla pour trouver aussitôt une place de chauffeur à la Société de construction de la Gironde qui le transféra rapidement, en mai, dans sa succursale de Sarrebourg (Moselle) parce qu’il avait appris l’allemand au lycée. Il devint chef de chantier et conducteur de travaux.En 1946 il trouva un emploi aux Magasins Généraux, à Strasbourg. Il adhéra à la CGT en 1946 et fut délégué du personnel dans les diverses entreprises où il travailla : SAE, Wagner, SACI. Il participa à la construction des cités HLM de Strasbourg. Sur les chantiers la syndicalisation était forte, les salaires élevés, les primes nombreuses. La main d’œuvre était en majorité étrangère (Espagnols, Italiens, Portugais). Les problèmes de langue qui se posaient concernaient plutôt les travailleurs alsaciens âgés, qui ne parlaient pas français.Il n’adhéra jamais à aucun parti ni aucune association espagnole.
Il prit sa retraite en 1983 comme chef de travaux.De 1980 à 1993 il fut défenseur bénévole des ouvriers CGT du bâtiment et parfois des travailleurs de l’industrie au Conseil des Prud’hommes de Strasbourg. Il accepta ensuite (1993-1996) d’être pendant 3 ans moniteur à l’École d’initiation aux métiers du bâtiment (AEFTI) montée par la CGT pour la réinsertion des chômeurs de longue durée, mais constata amèrement que seuls les plus motivés acceptaient un emploi à la fin du stage pourtant payé de 8 mois et que 60% des stagiaires refusaient toute proposition d’embauche.

Il s’arrangeait pour rencontrer sa famille en Andorre entre 1968 et 1976 et ne retourna en Espagne qu’après la mort de Franco, en 1976.
Il avait obtenu la nationalité française, dans les années 60, après 11 ans de démarches, mais eut à nouveau des ennuis pour le renouvellement de sa carte d’identité en 1998.

Il avait épousé en 1947 Colette Winninger, née le 6 janvier 1929 à Metz (Moselle), morte le 4 février 1994 à Strasbourg. Le couple eut deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145662, notice PONS José par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 21 mars 2013, dernière modification le 21 mars 2013.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCE : Entretien du 4 janvier 2000.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable