MARGUERIE Georges, Olivier

Par Paul Boulland

Né le 1er juin 1916 à Saint-Pierre-Église (Manche), mort le 18 juillet 1992 à Avranches (Manche) ; maçon cimentier, moniteur de formation pour adulte puis ingénieur coordonnateur ; syndicaliste CGTU puis CGT ; militant communiste, secrétaire de la fédération PCF de la Manche (1947-1960) ; conseiller municipal de Cherbourg (Manche) (1954-1959).

Fils de Magloire Marguerie, menuisier, et d’Angèle née Laisney, ménagère, quatrième d’une fratrie de six enfants (trois filles, et trois garçons dont Yves Marguerie) Georges Marguerie était titulaire du certificat d’études primaires. En 1934, il donna son adhésion à la CGTU, à la maison du peuple de Cherbourg. Diffuseur de la Vie ouvrière et militant actif, il se heurta à la répression patronale : entre juin 1934 et septembre 1935, il indiquait avoir été licencié dix fois. Il se maria le 9 avril 1937 à Coutances (Manche), avec Marie Lecompte, et le couple eut une fille, née en 1940. Appelé en octobre 1937, il fut considéré comme sympathisant communiste et subit diverses sanctions disciplinaires. Après-guerre, Georges Marguerie indiqua dans plusieurs formulaires biographiques sa surprise à l’annonce du Pacte gernamo-soviétique : « le coup a été dur car il y avait chez moi un manque d’éducation politique certain (…) je n’ai pas compris, les premiers jours » (1946) ; « première réaction : incompréhension, dépit, puis à la réflexion j’ai très bien compris la position de l’URSS » (1947). Resté mobilisé jusqu’au déclenchement de la guerre, il servit comme 2e classe téléphoniste dans l’artillerie. Fait prisonnier le 23 juin 1940 à Thuilley-aux-Groseilles (Meurthe-et-Moselle), il fut envoyé au stalag IIIA à Luckenwalde. Il séjourna en compagnie et en camp disciplinaires en raison de son refus de travailler, de deux tentatives d’évasion et de son activité anti-pétainistes aux côtés de militants communistes. Malgré le décès de son épouse le 12 novembre 1943, il ne put donc obtenir sa libération comme soutien de famille. Dans ses récits ultérieurs, George Marguerie data de 1941 sa volonté d’adhérer au PCF. Libéré par l’Armée rouge le 22 avril 1945, il servit quelques semaines dans une compagnie française armée par les Soviétiques pour assurer des patrouilles et le ravitaillement des prisonniers de Luckenwalde. Il passa ensuite en zone américaine le 10 juin avant de rentrer en France le 15 juin.

Georges Marguerie donna son adhésion au PCF dès son retour dans la Manche. Il suivit des cours du soir pour préparer le concours de moniteur en Centre de FPA en maçonnerie. Reçu premier de sa promotion, il choisit un poste dans l’agglomération cherbourgeoise. Dans le même temps, à la Libération, il forma le syndicat CGT du bâtiment et du bois de Saint-Pierre-Église, dont il fut secrétaire, et intégra la commission administrative de l’Union syndicale du bâtiment et du bois (USBB) de la Manche. Il fut également secrétaire de la cellule communiste de Saint-Pierre-Église dès sa création en juillet 1945 et forma la section locale de l’ARAC. Début 1946, il s’établit dans l’agglomération cherbourgeoise, à Tourlaville, où il devint aussitôt membre du comité de section et membre du comité fédéral de la Manche. En décembre 1946, il devint délégué permanent à la sécurité pour le secteur du bâtiment et des travaux publics. Secrétaire de l’USBB de la Manche en 1948, il intégra la commission exécutive de la fédération CGT et fut très brièvement secrétaire adjoint de l’UD-CGT de la Manche au cours de l’année 1949. Son activité se tournait toutefois de plus en plus vers le PCF. Elève d’une école interfédérale du PCF en décembre 1946, jugé comme un militant « intelligent, travailleur, actif » et disposant de « qualités d’organisateur », il fut intégré au secrétariat fédéral de la Manche en 1947 et devint premier secrétaire en 1949. Il suivit une école centrale d’un mois du PCF en 1950.

Les rapports des délégués du comité central autant que les témoignages des militants décrivent Georges Marguerie comme un dirigeant exigeant et parfois « dur » ou « cassant » avec ses camarades. En 1954, dans un contexte marqué par le desserrement des pratiques sectaires à l’occasion de l’éviction d’Auguste Lecoeur, il s’en expliqua dans un long rapport autocritique. En avril 1956, lors d’une assemblée d’information conduite par Eugène Hénaff, il intervint pour indiquer « que les camarades et lui-même ne comprennent pas que le culte de la personnalité ne fût pas dénoncé plus tôt ». Dans son rapport, Hénaff considérait que le secrétaire fédéral de la Manche était « personnellement troublé sur ces questions ».

Candidat aux élections cantonales de 1951 et de 1958 dans le canton de Cherbourg, tête de liste communiste dans la Manche aux législatives de 1956 et à nouveau candidat en novembre 1958, Georges Marguerie fut élu conseiller municipal de Cherbourg lors de l’élection partielle de mars 1954 qui vit la victoire de René Schmitt* et fut désigné premier vice-président de l’office communal HLM. À la fin des années 1950, sa situation de permanent devint de plus en plus précaire, dans une petite fédération ne disposant d’aucune ressource financière en dehors de l’aide de l’appareil central. Après avoir suivi un stage central d’instructeur du PCF, il vint s’établir à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).

Georges Marguerie s’était remarié avec Renée Martin (voir Renée Marguerie), institutrice et militante communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145665, notice MARGUERIE Georges, Olivier par Paul Boulland, version mise en ligne le 19 mars 2013, dernière modification le 8 janvier 2019.

Par Paul Boulland

SOURCES : Arch. du comité national du PCF — Paul Boulland, Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations de banlieue parisienne (1944-1974), Thèse de doctorat, (Université Paris 1), 2011. — Paul Boulland, Des vies en rouge. Militants, cadres et dirigeants du PCF (1944-1981), Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier, 2016. — Témoignages d’Albert Barberi et Simonne Postaire. — Notes de Yann Perrotte. — État civil.

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