L’HUILLIER Alphonse, Auguste, Émilien

Par Daniel Grason

Né le 10 novembre 1909 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; employé des pompes funèbres ; communiste.

Fils de Charles, manœuvre et d’Alice, née Reissere, Alphonse L’Huillier épousa Henriette, née Merlin, le 13 octobre 1923 en mairie du XXe arrondissement de Paris. Le couple eut un enfant, Roger, né en 1924 et la famille demeurait 43 rue des Maronites à Paris (XXe arr.). Militant communiste, Alphonse L’Huillier était le beau-frère d’Henri Douillot, ex-conseiller municipal communiste de Bondy (Seine, Seine-Saint-Denis), membre des FTPF.
Les policiers repérèrent et filèrent Henri Douillot qui dînait avec son épouse chez les L’Huillier le jeudi de l’Ascension. Le samedi 16 mai 1942, Alphonse, Henriette et Roger furent arrêtés par quatre inspecteurs de la BS2. La perquisition de leur domicile fut infructueuse. Emmenés dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, ils retrouvèrent le couple Douillot également interpellé.
Interrogé par des inspecteurs de la BS2, Alphonse L’Huillier fut le 18 mai gardé au Dépôt, puis incarcéré le 2 août 1942 avec son fils au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis) ; le 7 août, ils furent laissés à la disposition des Allemands. Roger L’Huillier, dix-sept ans, fut relaxé le 2 septembre.
Le 11 août, quatre-vingt-huit otages dont Alphonse L’Huillier furent passés par les armes au Mont-Valérien. Le même jour, le journal collaborationniste Le Matin publiait un « Avis » signé d’un responsable SS : « Malgré plusieurs avertissements, le calme a à nouveau été troublé sur certains points de la France occupée. Des attentats ont été perpétrés contre des soldats allemands par des terroristes communistes à la solde de l’Angleterre. [...] J’ai en conséquence, fait fusiller 93 terroristes qui ont été convaincus d’avoir commis des actes de terrorisme ou d’en avoir été complices. »
Il fut incinéré au Père-Lachaise.
Henriette L’Huillier fut déportée avec sa sœur Charlotte Douillot le 21 janvier 1943 de Compiègne à destination d’Auschwitz (Pologne). Deux cent trente femmes étaient dans ce convoi. Matricule 31688, elle mourut du typhus le 1er juin 1943 à l’âge de quarante ans. Charlotte, matricule 31762, mourut de la dysenterie au revier de Birkenau le 11 mars 1943.
Après la Libération, Roger L’Huillier témoigna le 15 mars 1945 devant la commission d’épuration de la police. Lui et sa mère n’avaient pas subi de sévices : « Il n’en a pas été de même de mon père, il a été frappé brutalement à coups de poing et à coups de nerfs de bœuf, quand je l’ai vu, il portait des traces de coups au visage, il avait l’œil droit complètement tuméfié. »
Il porta plainte contre les inspecteurs qui procédèrent aux arrestations.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145806, notice L'HUILLIER Alphonse, Auguste, Émilien par Daniel Grason, version mise en ligne le 27 mars 2013, dernière modification le 18 février 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., 77W 379, KB 8, KB 96. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éd. de Minuit, 1995. – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – FMD, Livre-Mémorial, Éd. Tirésias, 2004. – Site Mémoire des Hommes. – État civil.

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