PATRUCCO Richard, Evasio [Pseudonyme : Dubois]

Par Daniel Grason

Né le 11 septembre 1923 à Méricourt (Pas-de-Calais), fusillé le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; plâtrier ; militant communiste ; résistant au sein des FTPF.

Cliché communiqué par Dominique Defrance, Christian Aubin et Jean-Louis Bouzin.

Fils de Richard, plâtrier, et de Marie-Louise, née Staquet, Richard Patrucco obtint, à l’issue de sa scolarité, le certificat d’études primaires ; il vivait chez ses parents à Méricourt et travailla dans le génie civil. Désigné pour partir travailler en Allemagne, il alla en décembre 1942 chez sa tante Thérèse Honvault à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). Il trouva du travail dans une entreprise de tuyauterie à Vaucresson (Seine-et-Oise) ; un camarade de Sallaumines accepta de l’héberger dans le XIVe arrondissement de Paris.
En janvier 1943, il fit connaissance d’une jeune femme, qui déclara s’appeler Andrée Delgado ; elle le présenta à un résistant appelé Robert. En mars, l’entreprise de Vaucresson le désigna pour aller travailler en Allemagne ; Richard Patrucco exprima alors à Robert son souhait d’aller en Angleterre. Celui-ci lui répondit évasivement ; dans l’immédiat, il lui proposait de devenir un cadre de « l’armée illégale ». Richard Patrucco accepta, reçut des cartes d’alimentation et quatre cents à cinq cents francs par semaine.
À la mi-mars, il fut présenté à Dupuy, en fait Marcel Dutet. Après un contrôle des cadres, il prit le pseudonyme de Dubois et fut affecté au détachement Marceau des Francs-tireurs et partisans (FTP) qui comprenait deux groupes. Il accomplit une mission de reconnaissance d’un garage occupé par des Allemands à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis), devint responsable du groupe de combat, participa le 31 mai 1943 à l’incendie de trois réservoirs d’alcool à Saint-Ouen-l’Aumône (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Il effectua une mission de reconnaissance d’une patrouille cycliste allemande qui circulait quotidiennement à Saint-Ouen et, le 4 juin 1943, il lança une grenade.
Après cette action, en recevant des tracts et des brochures édités par le Parti communiste, il se rendit compte qu’il travaillait dans une organisation contrôlée par les communistes. Il protesta. La responsabilité du groupe de combat lui fut retirée ; il fut désormais placé sous la responsabilité de Carrier (Jean Gross). Il fit la connaissance de Fredo (Jean Queffeulou) et de Minet (Jean Poiré). Il reconnut avec Jean Gross une voie ferrée près de Bessancourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) et l’emplacement d’un ballon de surveillance mis en place par les Allemands amarré dans le bois de Vincennes, mais il n’y eut pas de suite.
Trois chutes, celle de Jean Gross le 12 juin 1943, Marcel Dutet le 19 juin et Louis Wallé, dit Martial, le 3 juillet désorganisèrent les FTP. Richard Patrucco retourna à Méricourt et y resta quelques jours. Il chercha du travail, sans résultat. Il rentra à Paris le 21 juillet pour toucher ses appointements.
Le 24 juillet 1943 vers 10 h 30 des gardiens de la paix procédèrent à des contrôles d’identité à la station de métro Montparnasse dans le XIVe arrondissement de Paris. Deux gardiens habillés en civil remarquèrent qu’un homme marquait un moment d’hésitation à la vue de ceux en uniformes, et l’interpellèrent. Ils découvrirent dans la poche extérieure droite de son veston un pistolet automatique ; le chargeur était muni de six balles, plus une dans le canon. L’homme déclara se nommer Charles Bernard, être né à Amiens, boulanger, et demeurer boulevard Chanzy à Gargan (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis). Au commissariat du quartier, il observa un profond mutisme.
Confié à des inspecteurs de la BS2 dans les locaux de la préfecture de police, certainement après un tabassage, il déclina son identité : Richard Patrucco, membre des FTP, connut sous le pseudonyme de Dubois. Les policiers se rendirent à son domicile au 20 rue Jules-Guesde dans le XIVe arrondissement, logement qui lui était prêté par une connaissance originaire du Pas-de-Calais. L’homme, hospitalisé dans divers établissements depuis janvier, fut ultérieurement mis hors de cause.
La perquisition ne laissa place à aucun doute sur son activité. Furent saisis : une grenade Mills, trois blocs d’explosifs, sept frottoirs pour engins incendiaires, trois boîtes d’allumettes contenant des cartouches ou des douilles percutées, deux boîtes de cartouches ; un poignard, une matraque en acier, un étui de revolver avec courroie permettant de le fixer sur la cuisse, un cachet et une griffe en caoutchouc de la mairie d’Aubervilliers, ainsi que plusieurs papiers administratifs en blanc : six certificats de travail, douze certificats de recensements, douze cartes de travail, un tract intitulé « Une brigade de tortionnaires et d’assassins », le « Code d’honneur du FTP » signé 3103 matricule de Patrucco, le manuel du légionnaire.
Plusieurs plans manuscrits et cartes trouvés démontrèrent que Patrucco occupait une place importante chez les FTP : les limites territoriales de la région, un plan des rues avoisinant le boulevard de la Chapelle, celui du Bois de Vincennes, de Saint-Denis, l’indicateur des chemins de fer de la banlieue nord. Enfin, deux carnets étaient annotés ainsi qu’une feuille de papier, un feuillet où étaient annotés des rendez-vous, et différentes cartes d’alimentation.
Incarcéré à Fresnes, livré aux occupants, Richard Patrucco comparut le 1er octobre 1943 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour « activité de franc-tireur », il fut passé par les armes à 16 h 51 le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien et inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Richard Patrucco figure sur la stèle « À la mémoire des victimes du nazisme fusillés au Mont-Valérien et le 6 octobre 1943 » au cimetière d’Ivry-sur-Seine. Son nom fut gravé sur le monument aux morts de Méricourt. Son acte de naissance porte la mention « Mort pour la France ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145850, notice PATRUCCO Richard, Evasio [Pseudonyme : Dubois] par Daniel Grason, version mise en ligne le 1er avril 2013, dernière modification le 23 avril 2022.

Par Daniel Grason

Cliché communiqué par Dominique Defrance, Christian Aubin et Jean-Louis Bouzin.

SOURCES : Arch. PPo., BA 1748, PCF carton 15, rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, 77W 615. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 4, Liste S 1744-310/43 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Méricourt.

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