Par André Balent
Né le 24 octobre 1909 à Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), mort le 5 juillet 2000 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; employé municipal à Perpignan ; militant radical puis socialiste SFIO ; franc-maçon ; résistant (Libération-Sud ; nombreux réseaux de passage en Espagne et de renseignements) ; maire de Saint-Cyprien (1956-1989) ; mutualiste.
Jean Olibo était issu d’une famille de Saint-Cyprien, commune littorale du sud du Roussillon. Son père, André Olibo, fut gendarme puis, à la retraite, agriculteur à Saint-Cyprien. Âgé de vingt-sept ans en 1909, il était, selon le témoignage de son fils, un « républicain socialisant » qui fut enterré civilement. Sa mère, Marie Dauriach était catholique ; elle avait vingt-cinq ans en 1909.
Après avoir suivi sa scolarité à Saint-Cyprien jusqu’au certificat d’études, il fréquenta ensuite l’école primaire supérieure de Prades pendant trois ans et demi. Malade à seize ans (abcès au foie et au poumon), il n’avait pu poursuivre ses études. Il revint donc à Saint-Cyprien où, rétabli, il prépara en 1927 un concours de rédacteur à la préfecture de la Seine : mais on lui suggéra d’y renoncer à cause de ses idées de gauche.
Après avoir réussi le concours des hautes études municipales, il devint, le 1er janvier 1929, expéditionnaire de 1e classe à la mairie de Perpignan. Engagé par avancement d’appel, il effectua son service militaire à Rouen (Seine-Inférieure) au 39e RI (23 octobre1929-15 octobre 1930). Proposé pour le peloton d’élèves officiers, il fit en sorte de ne pas être reçu aux épreuves. Ce fut sans doute à cette époque qu’il fut initié à la franc-maçonnerie.
Le 27 décembre 1932, il se maria au Boulou (Pyrénées-Orientales) avec Alice Roquelaure (Voir Alice Olibo), institutrice, née le 21 avril 1908 à Saint-Génis-des-Fontaines (Pyrénées-Orientales). Le couple eut deux enfants, Jacqueline et Jean.
Avant son service militaire il avait adhéré aux Jeunesses laïques et républicaines (JLR) des Pyrénées-Orientales où se retrouvaient des radicaux et des socialistes. En 1931-1932, il prit se rapprocha du Parti socialiste SFIO, sans y adhérer, soutenant la candidature de Jean Payra aux législatives de mai 1932. En mars 1933, alors qu’il animait le groupe radical autonome de Saint-Cyprien, il créa avec la cellule communiste d’Elne un « comité de lutte » contre la guerre et le fascisme auquel la section SFIO d’Elne refusa de s’associer. Simultanément, il se rapprocha du groupe de l’Avant-Garde fondé à Prades (Voir Jean Font) et collabora à son journal en 1934. Ce fut dans le cadre de l’Avant-Garde pradéenne qu’il connut Jean Rous. Il s’y affirmait sans parti, mais signait en novembre un article autobiographique en tant que secrétaire du « Groupe d’Avant-Garde prolétarienne de Saint-Cyprien (Amsterdam-Pleyel) ». En effet, pendant la mise en place du Front populaire, Jean Olibo devint un militant très actif, au plan départemental, du Mouvement Amsterdam-Pleyel. Le 25 janvier 1935, il coprésida à Perpignan, avec Michel Carola (SFIO), Frédéric Thomas (SFIO), Pierre Terrat (PC), Georges Rives (JLR), Gilbert Brutus (Parti radical-socialiste « Camille Pelletan »), Antigo (JC), Robert Jésus-Prêt (JS), Florimond Bonte du comité central du PC et Léon Castanet, député SFIO du Gard un meeting de 3 000 personnes pour « l’unité d’action » de la gauche. Ayant adhéré à la SFIO, Jean Olibo devint bientôt secrétaire de la section socialiste SFIO de Saint-Cyprien. Il l’était en juin 1936 lorsqu’il faisait campagne, aux législatives, pour Louis Noguères et l’était toujours en février 1937. Il fut aussi secrétaire (1936) du comité de Front populaire de Saint-Cyprien. De tendance Bataille socialiste, il s’abstint, en 1935, de prendre position dans la querelle entre Joseph Rous* et Jean Payra*. Au congrès fédéral de la SFIO (29 mai 1938), il fut élu à la CAF, à la commission du journal et trésorier fédéral adjoint. Il fut reconduit dans ces fonctions par le congrès fédéral du 21 mai 1939.
Olibo fut secrétaire de Georges Pézières*, sénateur des Pyrénées-Orientales et devint ensuite chef de cabinet de Laurent Baudru, maire de Perpignan à partir de 1937 et successeur de Jean Payra*. Il résida à Canet (aujourd’hui Canet-en-Roussillon, Pyrénées-Orientales) où sa femme était institutrice à partir du 12 janvier 1938. Il s’installa à Perpignan, rue Eugène Sauvy, le 1er avril 1951.
Olibo fut très concerné par la Guerre civile espagnole. Présent à l’Olympiade populaire à Barcelone en juillet 1936, il assista au déclenchement du conflit et fut témoin des combats de rue dans la ville. Il rentra à Perpignan en accompagnant une délégation britannique. Peu de temps après, il participa à l’organisation de ce qui fut le premier passage clandestin d’armes (50 fusils Lebel, des mousquetons et des munitions) pour les républicains espagnols. Celui-ci s’effectua par des passages clandestins d’armes destinées à Barcelone par Puigcerdà. À l’été 1936, il accompagna Jean Rous*, envoyé de Trotsky, à Barcelone. Par la suite, il se rendit souvent en Espagne sur plusieurs fronts ou champs de bataille (Madrid, en mars 1937, Carabanchel, l’Estrémadure, Guadalaraja, Brunete, Teruel). Olibo eut l’occasion de connaître en Espagne des personnalités de premier plan comme le président Companys, Josep Tarradellas, « conseiller » (ministre) dans le gouvernement catalan, Federica Montseny, ministre anarchiste dans le gouvernement central de la République, Francisco Largo Caballero président du Conseil de la République espagnole. L’expérience espagnole accrut sa sensibilité antifasciste. Il écrivit dans Le Socialiste des Pyrénées-Orientales plusieurs articles percutants à propos d’épisodes de la Guerre civile concernant le département, en particulier le bombardement de Cerbère par l’aviation franquiste le 26 mai 1938.
En bon militant de la Bataille socialiste, Olibo fut un « antimunichois » convaincu. Il le fut d’autant plus qu’il publia des articles dans l’hebdomadaire de la SFIO départementale, Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, sur l’activité des agents franquistes en Roussillon (1937-1938). Cet engagement déterminé en faveur de l’Espagne républicaine l’avait persuadé qu’il fallait lutter contre Hitler qui aidait les franquistes. En effet, selon lui, le Troisième Reich menaçait directement le Roussillon par l’intermédiaire de Franco.
Dès février 1939, il porta secours aux républicains espagnols internés dans les camps de la côte roussillonnaise, à commencer par celui établi sur celle de Saint-Cyprien. Il utilisa à cet effet des moyens plus ou moins légaux, en faisant, à l’occasion, sortir des réfugiés des camps, au besoin dans le coffre de sa voiture. À propos de l’ Exode espagnol et des camps ce concentration du littoral catalan, il publia des articles, comme, par exemple, dans Le Populaire du 27 février 1939, repris dans Le Socialiste des Pyrénées-Orientales du 3 mars 1939. Il fut poursuivi pour « outrage à magistrat » pour un de ses articles, mais la Seconde Guerre mondiale bloqua la procédure qui était instruite dans le département de la Seine.
En septembre 1939, Jean Olibo fut mobilisé au 406e régiment de pionniers et envoyé dans la Drôme, à Loriol puis à Portes-lès-Valence. Il avait déjà eu des problèmes de santé en janvier 1938 et, de ce fait, fut versé le 22 septembre 1939 dans les services auxiliaires à Valence (Drôme) puis réformé temporaire à cause d’un ulcère d’estomac une première fois à Valence le 21 décembre 1939 puis une deuxième fois, définitivement, à Perpignan le 24 juin 1940.
Ce fut dans son bureau de la mairie de Perpignan que, en août 1940, il se réunit avec Joseph Tirand et Jaume Cornudella, nationaliste catalan réfugié de la Retirada, et qu’ils décidèrent de faire passer des informations à Londres via le consulat britannique de Barcelone. Olibo fut ainsi l’un des premiers résistants du département. Il fut aussi en contact avec les CAS, afin de reconstituer le parti socialiste, non pas dès décembre 1940, comme il a été écrit dans certaines attestations mais plus tard, fin 1941 ou courant 1942. Il fut, le 21 février 1942, l’un des fondateurs de Libération-Sud dans les Pyrénées-Orientales, mouvement qui rassembla beaucoup de socialistes du CAS. Il en devint le premier responsable départemental. Il le demeura jusqu’au 14 juillet 1942, date à laquelle il fut envoyé en résidence surveillée à Estagel (Pyrénées-Orientales). Ce fut lui, de retour de Lyon où il se rendait fréquemment, qui amena en mai 1942 à Perpignan et à Céret les premiers exemplaires de Libération qui furent diffusés par les militants du mouvement. Responsable de Libération, Olibo contacta des militants socialistes connus pour leur hostilité à Vichy afin de développer l’implantation du mouvement : Baptiste Pams (Arles-sur-Tech), Adrien Rubirola (Villeneuve-de-la-Raho), Jean Jacquet (Rivesaltes), Pierre Mau (Céret), déjà affilié à Combat mais qui adhéra ensuite à Libération, Urbain Paret-Escudié de Saint-Laurent-de-la-Salanque, Joseph Pal, Rocaries, Francès (de Perpignan). Il essaya de contacter Barthélemy Lledos d’Err (déjà à « Combat ») et finit par le joindre. Il vit Pierre Saury, de passage à Perpignan et lui demanda des renseignements sur « quelqu’un » de Bourg-Madame (dont Olibo ne se souvenait plus du nom en 1984), mais il sut bientôt que Saury, proche de René Bousquet, jouait un rôle important dans la police de Vichy et ne le sollicita plus.
Rentré à Perpignan, il reprit ses fonctions à la mairie. Mais il fut révoqué à la fin de 1940 par le président de la délégation spéciale qui remplaça le conseil municipal élu en 1935, dissous par les autorités de Vichy. Il dut se reconvertir professionnellement et trouva un emploi de représentant, pour les Pyrénées-Orientales, de la distillerie Cabanel de Carcassonne (Aude). Cet emploi facilita ses déplacements pour le compte de la Résistance et des CAS (Lyon, Toulouse, Paris).
Olibo se distingua surtout comme un organisateur hors de pair de réseaux de renseignements et passages en Espagne. Il fut ainsi au centre des filières locales de réseaux très divers. Il fut contacté en premier lieu, le 1er septembre 1940, par le responsable polonais, installé à l’hôtel Régina de Perpignan d’un réseau militaire polonais de renseignements et de passages (« F 2 ») récemment créé (août) à Toulouse (Haute-Garonne) par trois officiers polonais. Ce réseau fut le premier, en France, à être en contact avec les services britanniques (Intelligence Service). Il intégra en son sein de nombreux agents français. Olibo travailla pour « F 2 » jusqu’au 30 juin 1943). Dans la foulée, les propriétaires de l’hôtel-restaurant « Le Tennis » de Canet-Plage, Fernand et Solange Lebreton, qu’il connaissait comme agents de F2 agents du réseau britannique « Pat O’Leary » qui fut localement opérationnel en janvier 1941, lui demandèrent de l’intégrer. Une citation figurant dans sa fiche du registre matricule précise qu’Olibo « a remarquablement servi sa cause ». Ce fut pour ses activités à Pat O’Leary qu’il fut activement recherché par la SIPO qui tenta à quatre reprises de l’arrêter et qu’il dut se résoudre à passer en Espagne. Avec les époux Lebreton et « Pat O’Leary », Olibo participa à l’évasion de militaires français, britanniques et, surtout, polonais, par la voie terrestre, mais aussi, depuis la plage de Canet, vers Gibraltar par la voie maritime. Olibo fut également au centre du réseau « Bourgogne » (réseau d’évasion des FFC) dans les Pyrénées-Orientales dont il fut un agent P2, chargé de mission de 2e classe du 1e juillet 1943 au 30 septembre 1944. ). Il fut également actif dans les réseaux « Bordeaux-Loupiac », à partir de novembre 1942, « Maurice » (FFC), « Pernod » (réseau d’évasion du BCRA) de 1943 à 1944, et de « SR-Marine » à partir de janvier 1944. Olibo fut lui-même un passeur. Les lignes qu’il mit en place entre Perpignan et Barcelone furent utilisées par les divers réseaux auquel il appartint (le nombre des aviateurs alliés qu’il fit passer en Espagne est évalué à environ 200).
Parmi ses agents et passeurs les plus fidèles qui acheminaient courriers et fugitifs en Espagne, notons : son épouse ; Alice Pézières, veuve du sénateur Georges Pézières* ; François Dabouzi de Las Illas ; un Catalan du Sud, Josep Marsal ; les deux jeunes nationalistes catalans (réfugiés de 1939), fondateurs en 1940 du FNC (Front nacional de Catalunya), Jaume Cornudella et Manuel Valls de Gomis.
Les réseaux dont Olibo fut localement l’âme recherchaient également des renseignements utiles à transmettre à Londres, la France Libre ou aux puissances alliées. Ils firent passer en Espagne de nombreuses personnes, en particulier des aviateurs alliés. Le 2 mars 1944, Olibo, recherché par les Allemands, échappa quatre fois à une arrestation par la Siecherheitspolizei.
Replié à Barcelone dès le 27 mars 1944, il se mit à la disposition des services français (le consulat « bis » du carrer Muntaner) et devint un agent du SR de l’armée et du BCRA qui lui confièrent plusieurs missions lui demandant de rentrer clandestinement dans son département ce qu’il fit par le Perthus et Céret un jour avant la libération de Perpignan.
Félix Mercader*, le maire de la Libération, le désigna secrétaire général adjoint de la mairie, poste qu’il occupa jusqu’en 1957, date de son départ à la retraite. Il milita à nouveau à la SFIO. La CAF réunie le 7 janvier 1945 l’élut, ainsi que Léon-Jean Grégory*, au poste de secrétaire fédéral adjoint. Aux municipales de 1945, il soutint l’initiative de Mercader — désapprouvée par la SFIO départementale — de jouer le jeu des listes uniques préconisées par le PCF et le président du CDL (Voir Camille Fourquet*). Mais au début des années 1950, lorsque Arthur Conte* provoqua une scission locale de la SFIO, il ne le suivit pas dans sa tentative et préféra soutenir Louis Noguères. Par la suite, ses fonctions de fonctionnaire territorial lui imposèrent un effacement qui le tint éloigné de la politique active. Olibo se détacha ensuite de la SFIO et du PS auquel il n’adhéra pas. En effet, au moment de la guerre d’Algérie, "favorable à la liberté des peuples" comme il le déclara lors d’un entretien le 10 juillet 1984, il cessa de cotiser à la SFIO, restant "socialiste de coeur". Il suivit la majorité départementale de centre gauche animée par le sénateur Léon-Jean Grégory, l’Union socialiste et républicaine (USR), label électoral surtout répandu dans les années 1960.
Olibo fut le candidat de l’USR dans le canton de Prats-de-Mollo — dans le Haut-Vallespir où il n’avait pas d’attaches particulières — lors du renouvellement de la moitié des conseils généraux, les 24 septembre et 1er octobre 1973. Mais son ami le sénateur Grégory, qui voulait contrer la montée de l’Union de la gauche qui menaçait la majorité départementale, a sans doute suscité sa candidature dans ce canton contre le candidat du PCF et celui du PS, Pierre Raynaud (qui le devança au premier tour mais se désista pour Joseph Albert*, le candidat du PCF). Au second tour, il fut battu de justesse par Albert qui recueillit 1056 voix (50, 26 % des exprimés contre 1045 voix, 49,74 % des exprimés à Olibo).
Jean Olibo fut élu conseiller municipal de Saint-Cyprien le 12 février 1956 par 453 voix sur 490 votants. Ce scrutin avait été provoqué par le décès subit, en janvier 1956, d’un conseiller municipal, Férréol Olibo, un de ses apparentés, et la démission, acceptée par le préfet le 29 janvier 1956, de Pierre Escaro des fonctions de maire qu’il occupait depuis 1944 (il demeurait toutefois conseiller municipal). Dans la foulée, Olibo fut élu maire par onze voix et deux abstentions. Il fut réélu à la suite des élections municipales générales de 1959, 1965, 1971, 1977 et 1983. Pendant sa longue administration municipale, il présida à la mutation de sa commune qui, modeste village de viticulteurs, maraîchers et pêcheurs, se métamorphosa en une station balnéaire. Dès 1956, il fit voter des délibérations pour la création d’un camping municipal, d’un lotissement de HLM au village et d’un lotissement à la plage. Le tribunal administratif de Montpellier (arrêt du 11 juillet 1956) ordonna l’expulsion des pêcheurs installés dans un village de baraques établies sur le domaine maritime (L’Art d’en Barre) et constituant un obstacle à l’urbanisation de la plage. Dans la foulée, une délibération adopta un plan d’urbanisme pour le relogement des pêcheurs dans des maisons en « dur ». Par la suite, sous la Ve République, approuvant les initiatives de l’État qui voulait transformer le littoral du Languedoc et du Roussillon en « nouvelle Floride », il accepta que Saint-Cyprien devînt l’une des stations phare de cet ensemble touristique. Il devint ainsi un des amis de Pierre Racine, le haut fonctionnaire qui dirigea de 1963 à 1983 la Mission interministérielle d’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon. Dès 1965, Olibo fit creuser le port de Saint-Cyprien. La SELCY (Société pour l’équipement de Saint-Cyprien) fut chargée de l’urbanisation qui ne cessa de se développer depuis les années 1960. Jean Olibo veilla, jusqu’à son départ de la municipalité, à la maîtrise des divers aménagements. Il approuva la construction d’un golf et, dans le cadre de l’urbanisation de la zone des Capellans, d’un centre sportif. Ses réalisations trouvèrent l’approbation d’une partie de la société locale convaincue que le tourisme était la seule activité d’avenir. Mais, dans les années 1970, elles suscitèrent des critiques, notamment de la part du PCF, de l’extrême gauche et des écologistes qui mirent en cause la pertinence économique d’un tourisme massif, destructeur de l’environnement et dommageable à l’agriculture.
En 1974, Jean Olibo fit ériger au port de Saint-Cyprien un monument —œuvre de Miquel Paredes— et inauguré en présence de militants nationalistes catalans comme Josep Maria Batista i Roca et ses anciens compagnons de résistance— Jaume Cornudella et Manuel Valls de Gomis — à la mémoire du Lluís Companys, président de la Generalitat fusillé à Barcelone en 1940. En 1977, Jean Olibo accueillit à la mairie de Saint-Cyprien l’organisme consultatif de la Generalitat en exil et son président, Josep Tarradellas qui préparait son retour à Barcelone afin de la rétablir en accord avec le gouvernement espagnol. Le 1er juillet 1978, Jean Olibo reçut un hommage officiel à Barcelone à l’Ateneu barceloní.
Attiré par les arts, Olibo devint, en 1950, l’ami du peintre François Desnoyer (1894-1972) qui donna la plus grande partie de son œuvre, de ses collections et de ses archives à Saint-Cyprien où il s’installa. Ces dons amenèrent Olibo à créer en 1962 une fondation François-Desnoyer, devenue Collection Desnoyer, base d’un musée d’art.
Il conserva des liens — attestés par une importante correspondance littéraire et politique — avec des « anciens » de l’EPS de Prades (François Montagut, Dominique Parsuire), avec lesquels il participa dans les années 1960 à la réactivation de l’amicale des anciens élèves de cet établissement.
Jean Olibo a écrit de nombreux articles dans la presse politique. Mais il a publié aussi au moins une quinzaine d’ouvrages. Sa bibliographie complète reste à faire. Ses livres se rattachent à des genres différents, mêlant poésie et prose, les propos autobiographiques, les fictions historiques — comme Paco, récit qui fait pourtant appel à ses souvenirs de la guerre d’Espagne (1936-1939), de la Retirada et de la Résistance — et les évocations illustrées par de nombreux artistes de son Roussillon natal ou de la Bretagne.
Il fut le créateur, en avril 1951, de la Mutuelle des employés communaux et hospitaliers de Perpignan dont il fut pendant plusieurs années le président. Celle-ci devint ensuite la section départementale de la Mutuelle nationale territoriale dont il était toujours le président d’honneur à son décès.
Il fut président des Amis de Jean Rous, association fondée après son décès en 1985, et le resta jusqu’à sa mort. Il préfaça son livre posthume, Renaissance et mission de la catalanité (1991) où il évoquait les liens anciens qu’il avait noués avec lui. Il était membre du comité d’honneur de l’ANACR des Pyrénées-Orientales, membre de l’Amicale des services spéciaux de la Défense nationale, de l’Union des évadés de France et internés en Espagne.
Jean Olibo était chevalier de la Légion d’honneur, et reçut plusieurs décorations : la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil ; la médaille de la Résistance française ; la Medal of freedom (USA) avec palme d’argent ; la médaille commémorative de la Résistance polonaise en France ; l’Ordre de l’Empire britannique.
Le collège de Saint-Cyprien porte le nom d’ « Alice-et-Jean-Olibo ».
Par André Balent
ŒUVRE CHOISIE : Roussillon, terre des dieux : le livre de mon pays, illustré par de nombreux artistes, Perpignan, imprimerie du Midi, 1951, 280 p. — Bretagne mienne, préface d’Arthur Conte*, avant-propos de Georges Baillat, illustrations de Raoul Dufy et autres artistes, Perpignan, le livre de l’amitié, 1951, 281 p. — Saint-Cyprien de Desnoyer : modeste témoignage de la commune de Saint-Cyprien à François Desnoyer, Perpignan, imprimerie du Midi, 1970, 28 p. — Pour toi, préface d’Arthur Conte, Perpignan, 1988, 191 p. — Ma vie.... certains jours, préface de Jean Larrieu, Elne, imprimerie Salvador, 1999, 356 p. — Parcours Paco. Espagne 1936-1939, préface de Georges Galindo, Perpignan, Cap Béar éditions, 2009, 246 p (première édition, Perpignan, préface d’Alonso Ginès, Éditions du Castillet, 1972, 271 p.) — Préface à Jean Rous, Renaissance et mission de la catalanité (première partie), Saint-Estève, Presses littéraires, 1991, 70 p.
SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, série M non classée, versement du cabinet du préfet, 13 septembre 1951, liasse 177 ; 1 R 632, f° 1810 ; 2 E 5234, état civil de Saint-Cyprien, acte de naissance et mentions marginales. — Arch. com. de Saint–Cyprien, registre des délibérations du conseil municipal. — Arch. privées André Balent, texte manuscrit inachevé rédigé par Marcel Mayneris concernant la période 1940-1944, Perpignan, 10 juillet 1983. — Arch. privées Francine Cazes, née Montagut (Montauriol), intégrant celles de François Montagut*. — André Balent, « Du Front populaire à la Résistance. L’itinéraire d’un militant perpignanais, Marcel Mayneris (1899-1993) », Études Roussillonnaises, XVI, Canet, 1998, pp. 165-191 (en particulier la note 1, p. 181) ; « Perpignan la Résistante », in Raymond Sala, Michelle Ros (dir.), Perpignan une et plurielle, Trabucaire, 2004, pp. 523-549 (en particulier, pp. 528-529). — Gérard Bonet, L’Indépendant des Pyrénées-Orientales. Un siècle d’histoire d’un quotidien 1846-1950. L’entreprise, le journal, la politique, Perpignan, Publications de l’Olivier, 2004, 764 p. [p. 431]. — Laurent Douzou, La désobéissance. Histoire du mouvement Libération-Sud, Paris, Odile Jacob, 1995, 495 p. [p. 448, nommé à tort, « Emmanuel » au lieu de « Jean »]. — Émilienne Eychenne, Les portes de la liberté. Le franchissement de la frontière espagnole dans les Pyrénées-Orientales de 1939 à 1945, Toulouse, Privat, 1985, 285 p. [p. 85, 87, 90, 105, 110, 114, 216]. — Georges Galindo, « Jean Olibo : un itinéraire exemplaire », préface à : Jean Olibo, op. cit., 2009, pp. 5-9. — Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, II a, Els alemanys fa pas (massa)... temps, Prades, Terra Nostra 1996, 424 p. [p. 199, pp. 225-230]. — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra, 1994, 400 p. [p. 50, 75, 107, 117, 118, 134, 143, 161, 164]. — Josep Marsal i Moncasi, Records d’un antifeixista català, Saint-Génis-des-Fontaines, Cercle Alfons Mias, 2000, 36 p. [en particulier, pp. 17, 18, 19, 28, 29, 30, 32]. — Jean Olibo, Ma vie certains jours, Perpignan, 1999, 356 p. (dossier documentaire autobiographique). — Jean Olibo, op. cit., 1999. — Ferran Sánchez Agustí, Espías, contrabando, maquís y evasión. La II Guerra Mundial en los Pirineos, Lérida, Editorial Milenio, 2003, 302 p. [en particulier pp. 116-119]. — Georges Sentis, Les opérations Titania & Rosalind (automne 1942), Perpignan, comité des Pyrénées-Orientales de l’ANACR, 2012, 48 p. [pp. 4, 19, 43]. — Patrice Tesseyre-Dufour, « Jean Olibo (1909-2000). Une voix de la Résistance », La Semaine du Roussillon, 15 mai 2003. — Le Cri Socialiste, 1932-1936. — Le Travailleur du Languedoc, 12, 26 janvier 1933. — Le Socialiste des Pyrénées-Orientales, 1936-1939. — L’Avant-Garde, Prades, juillet, août, novembre 1934. — Le Cri Socialiste, 13 janvier 1945. — L’Indépendant, janvier-février 1956, septembre-octobre 1973, EC de Prats-de-Mollo ; 6, 7, 8 juillet 2000. — Avui, Barcelone, 2 juillet 1978. — Entretien avec Jean Olibo, Saint-Cyprien, 10 juillet 1984. — Entretien avec Marcel Mayneris, Perpignan, 2 juillet 1982, 6 octobre 1982, 13 octobre 1982.