MONOD Gustave, Adolphe, Alphonse

Par Jacques Girault

Né le 30 septembre 1885 à Mazamet (Tarn), mort le 25 décembre 1968 à Paris (VIe arr.) ; professeur puis directeur de l’enseignement de second degré ; militant pédagogique ; militant de la Ligue des droits de l’Homme.

Gustave Monod était le fils d’Ernest Monod, pasteur protestant à Mazamet puis à Pau, et d’Hélène de Heimann. Il effectua sa scolarité au lycée Saint Charles à Marseille jusqu’au baccalauréat (série « lettres ») en 1904. Il obtint une licence (1906) et un diplôme d’études supérieures (1907) à la faculté des lettres de Montpellier. Il fut reçu à l’agrégation de philosophie en 1912.

Il enseigna pendant deux ans à l’École des Roches à Verneuil-sur-Avre (Eure) où il expérimenta des méthodes actives. Il ne prit pas son poste de professeur au lycée de Lorient (Morbihan) en raison de son engagement en août 1914 comme soldat infirmier. Devenu sous-officier, blessé le 29 mars 1918, après des actions méritant des citations, il fut amputé de la cuisse droite et pensionné à 80 %.

Gustave Monod se maria le 30 juillet 1919 à Saint-Cloud (Seine) avec Marguerite Schweitzer. Le couple eut quatre enfants.

Nommé professeur au lycée d’Avignon (Vaucluse), Gustave Monod y enseigna à partir de février 1919. Muté au lycée de Reims (Marne) de 1919 à 1921, puis au lycée de Tours (Indre-et-Loire), il prit un nouveau poste au lycée Périer Saint Charles à Marseille (Bouches-du-Rhône) en 1923. Compagnon de l’Université nouvelle en 1919 et de la Ligue internationale de l’éducation nouvelle en 1921, il animait à Marseille, avec Louis François et Francis Leenhard la Ligue universitaire pour la Société des Nations et L’École de la paix accueillant des personnalités traitant de problèmes internationaux.

Anatole de Monzie, ministre de l’Éducation nationale à partir de juin 1932, le choisit comme chef de son cabinet en 1932 et il fut rattaché administrativement au lycée Michelet à Vanves (Seine). Il fut notamment l’initiateur de L’Encyclopédie française et introduisit, à titre expérimental, la mixité dans des petites classes de l’enseignement primaire Il fut nommé professeur en 1933 à l’école d’application de l’École normale supérieure de Sèvres et habita Versailles à partir de cette date. L’année suivante, nommé au lycée Condorcet à Paris, il complétait son service en classe de première supérieure au lycée Louis le Grand, puis en 1935, conservant ce dernier poste, au lycée Hoche à Versailles.

Gustave Monod, militant de la Ligue des droits de l’Homme, adhéra au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.

Devenu en 1936 inspecteur d’académie à Paris, chargé de mission auprès du recteur de Paris et du directeur de l’enseignement de second degré, Monod avait le rang et les prérogatives d’un inspecteur général à la suite du décret du 7 octobre 1937. Il participa à la mise en place des classes d’orientation et, de 1937 à 1939, avec Albert Châtelet, à d’autres réformes décidées par le ministre de l’Éducation nationale.

Nommé par le ministre Jérôme Carcopino professeur au lycée de Versailles par arrêté du 12 novembre 1940, puis remplaçant Michel Alexandre* comme professeur de Première supérieure au lycée Henri IV, opposé au statut des Juifs, il protesta par lettre du 25 avril 1941. Il indiquait qu’après son reclassement comme professeur agrégé de Paris, mesure qui était en fait un déclassement illégal, une indemnité compensatrice lui avait été refusée, ce qui constituait en fait une invitation à demander sa retraite. Il estimait alors avoir été frappé trois fois : « privé de mes fonctions d’inspecteur, privé d’une portion importante de mon traitement, contraint à une retraite prématurée ». Il prit sa retraite en juin 1941 comme inspecteur général.

Gustave Monod participa à la Résistance avec Paul Langevin dans le réseau « Défense de la France ».

A la Libération, en août 1944, rétabli comme inspecteur général, Gustave Monod redevint directeur de l’enseignement de second degré et le demeura jusqu’à sa retraite en 1951. Son départ fut parfois interprété comme une sanction politique résultant du contexte de "guerre froide". En novembre 1944, quand se constitua la commission Langevin, il y participa comme tous les directeurs de l’enseignement. Le 28 mai 1945, quand en son sein, fut créée la commission spécialisée du second degré, il en fut le rapporteur avec Paul Le Rolland. Il fut donc au centre de toutes les propositions de la commission. En octobre 1945, il créa les classes nouvelles dans les deux premières années du premier cycle à partir du lycée de Sèvres, devenu Centre international d’études pédagogiques, et dans d’autres établissements (200 classes en 1946, 750 en 1950). Il confia aux Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation actives la formation des maîtres d’internat. Il encouragea le mouvement réformateur pédagogique et la création des Cahiers pédagogiques en 1945 dont il présida le comité de rédaction. Il impulsa la fondation des écoles d’éducation nouvelle, dont celles d’Antony, l’école Decroly à Saint-Mandé, la Nouvelle École à Boulogne. Parallèlement, il donnait des conférences sur la Grèce à l’Union française universitaire, assura la présidence du Mouvement de la Paix et fut un des premiers signataires de l’appel de Stockholm. En 1960, il signa le manifeste des 121. Il habitait alors dans le Ve arrondissement de Paris.

Son nom fut donné à plusieurs établissements scolaires en France dont les lycées d’Enghien-les-Bains, de Vitry-sur-Seine, de Montélimar.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145937, notice MONOD Gustave, Adolphe, Alphonse par Jacques Girault, version mise en ligne le 8 avril 2013, dernière modification le 23 avril 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F17/17776, 25448, 25449. — LECOQ (Tristan), LEDERLÉ (Annick), MONOD (Gustave), Une certaine idée de l’école, Sèvres, Centre international d’études pédagogiques, 2008. — CAMBON (Jacqueline), DELCHET (Richard), LEFEVRE (Lucien), Anthologie des pédagogues français contemporains, Paris, PUF, 1974. — SOREL (Etya), Une ambition pour l’école. Le plan Langevin-Wallon (1943-1947), Paris, Editions sociales, 1997. — Notes de J-Y Seguy transmises par André Robert.

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