BACONIER Alphonse, Jean

Par Daniel Grason

Né le 2 août 1899 à Cransac (Aveyron), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de Seine) ; mécanicien garagiste.

Alphonse Baconier.
Alphonse Baconier.

Fils de Joseph, Firmin, mineur et d’Eugénie, Julia, née Lebeau, Alphonse Baconier obtint à l’issue de sa scolarité le certificat d’études primaires, puis il suivit une formation professionnelle et décrocha un diplôme de sous-ingénieur. Il fit son service militaire, et épousa Hélène Gromas le 1er octobre 1927 en mairie de Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne). Le couple demeura 65 rue Gallieni à Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis). La sœur de lait de Baconier épousa Louis Thorez, frère du secrétaire général du PCF. Ses liens familiaux n’influaient pas sur celles de Baconier qui était opposé aux communistes.
Pendant la guerre, propriétaire d’un camion, il travaillait pour une société allemande installée à Mouy (Oise).
Louis Thorez, accompagné d’Henri Le Gall s’évada du camp d’internement de Compiègne dans la nuit du 21 au 22 juin 1942. Il se présenta chez le couple Baconier, demanda à Alphonse de les héberger pour quelques jours. Dans l’impossibilité de les héberger, il s’adressa à une ancienne amie, Henriette Pizzoli, née Papillon, fille de Fernand Papillon, élu conseiller municipal communiste en mai 1935 sur la liste conduite par Pierre Kérautret. Henriette Pizzoli, manutentionnaire chez Uclaf, demanda à son oncle Marcel Éthis de pourvoir au repas du midi chez lui rue de la Fraternité. Alphonse Baconier ne dévoila pas l’identité des deux fugitifs et indiqua que ses deux amis voulaient échapper au Service du travail obligatoire.
Le vendredi 10 juillet 1942 vers 13 h 30, quatre inspecteurs de la BS1 se présentèrent au 33 rue de la Fraternité. Les occupants avaient compris qui se présentait. Louis Thorez et Henri Le Gall sautèrent du premier étage dans le jardin situé derrière la maison. La porte fut forcée, et après une brève poursuite, les deux hommes furent maîtrisés.
Une lettre anonyme était parvenue à la police le 6 juillet. Henriette Pizzoli reconnut l’écriture du dénonciateur sur l’enveloppe qui lui fut présentée, celle de l’ancien ami éconduit, Baconier. Il habitait à une rue de là, boulevard Gallieni où il fut appréhendé. Gabrielle Ethis, épouse de Marcel, fut également arrêtée. Seul un neveu du couple présent lors des arrestations fut laissé libre. La jalousie n’était pas le seul mobile d’Alphonse Baconier. Il déclara sur procès-verbal aux policiers : « J’ai toujours été foncièrement anticommuniste. [...] J’étais bien décidé par pure conviction personnelle à ne pas laisser échapper Thorez et son camarade. J’avais même l’intention de ne pas les perdre de vue et de connaître éventuellement leurs liaisons. » Il eut recours à la dénonciation quand il apprit que les deux hommes s’apprêtaient à partir. Alphonse Baconier fut livré aux Allemands, incarcéré le 10 juillet 1942 au fort de Romainville, et passé par les armes au Mont-Valérien le 11 août 1942 avec quatre-vingt-sept autres otages dont Louis Thorez, Henri Le Gall et Marcel Ethis. Son corps fut incinéré au Père-Lachaise, puis inhumé au cimetière de Bagneux le 29 août 1942.
Une plaque fut posée en mairie et dévoilée le 11 novembre 1948 en présence de la population, et du conseil municipal de Romainville. Elle était dédiée aux cent cinq victimes de la guerre 1939-1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145949, notice BACONIER Alphonse, Jean par Daniel Grason, version mise en ligne le 8 avril 2013, dernière modification le 12 avril 2022.

Par Daniel Grason

Alphonse Baconier.
Alphonse Baconier.

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, KB 74, KB 87, PCF carton 13, 77 W 1748. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, ÉFR, 1979. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC XLV-44. – Mémorial GenWeb. – État civil, Cransac.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 140 cliché du 9 juillet 1938.

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