MAUCHERAT Alice, Lucette [née FOUCAULT épouse MAUCHERAT puis DUBOIS] dite Monique

Par Daniel Grason, Robert Kosmann

Née le 11 janvier 1920 à Châtellerault (Vienne), morte le 6 juillet 2017 à Gonesse (Val-d’Oise) ; sténodactylographe ; militante communiste ; résistante.

Alice Maucherat
Alice Maucherat

Fille d’Henri, ajusteur et de Berthe, née Doriat, couturière à domicile, Alice Foucault obtint après l’école primaire le Brevet d’études primaires supérieures. Ses deux frères aînés Pierre et Henri, étaient tous deux militants cégétistes et communistes. Dans ce climat familial elle adhéra à la Jeunesse Communiste dès 1935, puis aux Jeunes Filles de France l’année suivante, au Parti communiste et à la CGT en 1938. Elle fut élue secrétaire du Foyer des Jeunes filles de France dans le XVIIIe arrondissement de Paris. En 1937 elle travailla à la direction nationale des Jeunes filles de France sous la direction de Danielle Casanova et ce jusqu’en septembre 1939. Elle participa aux campagnes de collectes de boîtes de lait pour les enfants de la République espagnole.
En janvier 1938, elle était sténodactylographe à la Centrale sanitaire internationale (CSI). Cet organisme était notamment chargé de la collecte de médicaments à destination de l’Espagne républicaine et de l’envoi de médecins et personnels infirmiers. Elle y rencontra son futur mari Pierre Maucherat, instituteur, militant communiste depuis 1935. Après le décret-loi du 26 septembre 1939 qui interdisait le parti communiste et ses organisations, elle repartit dans la Vienne travailla à la manufacture d’armes de Châtellerault comme manutentionnaire, de janvier à avril 1940, mais fut licenciée très rapidement pour ses activités passées. Elle retourna à Paris, fut employée quelques mois comme sténo dactylo aux Établissements Zell (chauffage plomberie) dans le XVIIIe arrondissement.
Elle épousa le 15 mars 1941 Pierre Maucherat, ils demeuraient 10 rue de Bourgogne à Créteil (Seine, Val-de-Marne). Membre du Front national, le couple participa à la Résistance, ils louèrent un autre logement au 31 ter rue des Tournelles à Paris, (IIIe arr.). L’appartement fut loué sous le nom de jeune fille d’Alice, Foucault, Pierre Maucherat était le responsable du travail du Parti communiste parmi les intellectuels, Alice dactylographiait les stencils, procédait aux tirages de L’Université libre, L’École laïque, Le Médecin français, Musicien d’aujourd’hui, L’Art français et Les Lettres françaises, publications auxquelles participaient notamment Georges Politzer, Jacques Salomon et Jacques Decour.
L’arrestation le 1er mars 1943 du responsable des cadres du Parti communiste, Pierre Brossard déclencha de nombreuses arrestations, les policiers saisirent lors de la perquisition de son domicile environ entre trois cents biographies de militants clandestins, celles codées ne résistèrent pas longtemps aux investigations des policiers français. Le 20 mars 1943, des inspecteurs de la Brigade spéciale n° 1 interpellaient Pierre Maucherat avec Fernand Scremin sur la voie publique, le lendemain à 10 heures 30, Alice était arrêtée alors qu’elle se présentait rue des Tournelles.
Dans son sac à main les policiers saisirent deux documents manuscrits, l’un signé Vidal, l’autre signé Leroux rendait compte du fonctionnement d’une école de formation des militants communistes, sur trois tickets de métro figuraient des indications de rendez-vous. Dans le logement était découvert plusieurs fausses cartes d’identité dont deux en blanc revêtues de cachet avec sa photographie, d’autres documents concernaient son mari. Interrogée dans les locaux des Brigades spéciale à la préfecture de police, détenue au dépôt, puis internée à La Roquette à Paris XIe, elle fut d’abord enfermée avec les détenues de droit commun avant d’être réunie, après protestations, avec les prisonnières politiques en janvier 1944. Elle étudia des ouvrages politiques notamment L’histoire du Parti communiste bolchevik de l’URSS qui circulait en petits fascicules. Jugée par le tribunal d’État le 9 juin 1944, elle fut acquittée faute de preuves. Internée à la caserne des Tourelles à Paris XXe arr., elle craignait d’être déportée. Selon son témoignage, elle fut libérée quelques jours avant la Libération avec d’autres détenus suite aux démarches du consul de Suède Nordling auprès des Allemands demandant l’ouverture des prisons et des camps de la Région parisienne.
Lucette Maucherat a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Internée résistante.
De 1945 à juin 1947 Lucette Maucherat fut employée comme secrétaire technique à l’Union nationale des Intellectuels où son mari était Secrétaire général adjoint. Après le décès de ce dernier le 5 juin 1947, Lucette Dubois, veuve avec un enfant, Alain, né en 1945, dut chercher du travail. Elle devint permanente de 1947 à 1959 d’abord à l’Humanité comme secrétaire d’Étienne Fajon puis au PCF comme secrétaire de Maurice Thorez. De 1960 à 1965 elle fut employée à l’agence Tass comme sténotypiste, au cœur des contradictions entre l’URSS et le PCF à propos du « rapport Khrouchtchev ». Elle fut employée ensuite, de 1966 à 1969 à Tourisme et Travail comme secrétaire de direction et responsable des voyages. Elle visita alors, dans ce cadre, l’Algérie, la Bulgarie, la Hongrie, la Tchécoslovaquie et plusieurs fois l’URSS. Elle termina sa carrière comme directrice gérante de la librairie Paul Éluard à Saint- Denis (Seine-Saint-Denis) qu’elle tint entre 1970 et 1979, date où elle prit sa retraite.
Lucette Dubois fut membre du comité de section du PCF du IIIe arrondissement en 1945, puis au bureau de 1947 à 1954. De 1954 à 1974, elle fut Secrétaire nationale de l’association France Hongrie. De 1997 à 2012 elle siégea au Conseil d’Administration de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt et elle fut membre de son bureau de 2000 à 2010. Lucette Dubois soutint les secrétaires généraux successifs de son parti : Maurice Thorez, Waldeck Rochet, Georges Marchais, Robert Hue, Marie-George Buffet et Pierre Laurent. En 2012, elle restait adhérente du Parti communiste à Saint-Denis, membre de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt et d’organisations d’anciens combattants et résistants comme la FNDIRP et l’ANACR.
Elle se remaria le 23 avril 1977 avec Louis Dubois, ouvrier du bâtiment qui mourut le 22 novembre 1996.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145965, notice MAUCHERAT Alice, Lucette [née FOUCAULT épouse MAUCHERAT puis DUBOIS] dite Monique par Daniel Grason, Robert Kosmann, version mise en ligne le 11 avril 2013, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason, Robert Kosmann

Alice Maucherat
Alice Maucherat

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 8, 77W 3101, 77 W 3115-301486. – Bureau . – Bureau Résistance GR 16 P 229543. – Entretien et correspondance avec Lucette Dubois à son domicile de Saint-Denis, mai 2012 ; correspondance fin septembre 2013. — Annales de la société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, n° 10, 2008, témoignage de Lucette Dubois, pp. 245-263. — Archives du Musée de la Résistance Nationale de Champigny.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 160

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