MORTEAU Marcel, Louis, Maurice [Pseudonyme : Jim]

Par Daniel Grason

Né le 10 décembre 1919 à Paris (XIIIe arr.), fusillé le 5 avril 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur ; résistant membre des FTPF du détachement Alsace-Lorraine.

Marcel Morteau
Marcel Morteau

Fils de Maurice, serrurier, et d’Yvonne, née Morel, mécanicienne, Marcel Morteau, pupille de la Nation, fut élevé par sa grand-mère Germaine Pommier. Ils habitaient 19 rue Perier à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine). Il passa le conseil de révision en mars 1939, qui le mit en observation pour des raisons de santé.
Ajusteur aux usines Caudron Renault, 57 rue du Point-du-Jour à Boulogne-Billancourt, il fut requis civil le 10 avril 1940 chez Morane et Saulnier à Puteaux. Le 30 mai 1940, le ministre de l’Air s’adressa à la direction de l’entreprise : Marcel Morteau était considéré comme dangereux pour l’ordre intérieur ; il demanda son internement administratif. Il lui fut reproché officiellement ses fréquentes absences ; son père ayant été emporté par une tuberculose des os, il craignait de tomber à nouveau malade. Arrêté le 2 juin 1940, il fit partie des internés évacués vers la zone sud devant l’invasion allemande. Il était au camp de Chibron (commune de Signes, Var) à l’automne 1940. À la dissolution du camp, il fut transféré dans celui de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) le 16 février 1941. Sa grand-mère intervint. Écrivant qu’il n’avait jamais fait de politique, elle demanda sa libération. Il fut libéré en novembre 1941.
Marcel Morteau prit part en octobre 1943 avec Joseph Fouriaux, Léonard Brugniaud, André Brier et Robert Doisy au désarmement de deux gardiens de la paix de faction à l’usine des eaux de Gentilly et à un vol de textile à la Gare d’Austerlitz. En novembre, il fut partie prenante d’une expédition chez un fermier ou un boucher, près de Beaumont-le-Roger (Eure). Armes à la main, ils se firent remettre deux cent cinquante mille francs.
Dénoncés par le tenancier du café-restaurant La Provence, 116 avenue d’Italie dans le XIIIe arrondissement, sept FTP furent arrêtés en ce lieu le 16 décembre 1943 par des inspecteurs de la BS2 : Joseph Fouriaux, Lucien Baillon, André Brier, Léonard Brugniaud, Robert Doisy, André Lamarre. Marcel Morteau était porteur d’un revolver à barillet calibre 8 mm, d’une fausse carte d’identité au nom de Combault, d’une carte d’identité en blanc avec sa photo d’identité et un cachet de la préfecture de l’Eure. Il faisait partie du premier groupe du détachement Alsace-Lorraine des FTP sous le pseudonyme de Jim. Les policiers procédèrent à dix-neuf arrestations dont celle de son amie Irène Hauteaux.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, il fut interrogé, puis livré aux Allemands et incarcéré à la prison de Fresnes. Jugé le 28 mars 1944 par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), condamné à mort pour actes de franc-tireur, Marcel Morteau fut passé par les armes le 5 avril 1944 au Mont-Valérien. Son amie Irène Hauteaux classée « NN » partit en déportation dans le convoi du 16 mars 1944, à Ravensbrück (Allemagne), puis à Mauthausen (Autriche) ; elle survécut.
Après la Libération, Germaine Pommier, soixante-quatorze ans, déposa plainte devant la Commission d’épuration de la police contre les inspecteurs qui arrêtèrent son petit-fils et son amie Irène Hauteaux.
À Reims, la mémoire de Marcel Morteau est honorée par une plaque commémorative apposée en 1947 par la municipalité au domicile familial, 5 rue d’Italie, sur laquelle son nom est orthographié par erreur « Mortreau ». il figure aussi sur le monument aux martyrs de la Résistance de la Déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145966, notice MORTEAU Marcel, Louis, Maurice [Pseudonyme : Jim] par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 avril 2013, dernière modification le 25 avril 2022.

Par Daniel Grason

Marcel Morteau
Marcel Morteau

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, KB 8, KB 79, KB 90, PCF carton 15, rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, 77W 749, GB 185. — Arch. Dép. Var, 4 M 291. – DAVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 5 (Notes Thomas Pouty). – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, DVDrom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – Site Internet Mémoire des Hommes. – État civil, Paris (XIIIe arr.). ⎯ notes Jean-Marie Guillon.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 185 cliché du 3 septembre 1943.

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