JOURDAIN Gustave [JOURDAIN Annet, Jean-Marie, dit Gustave]

Né le 13 janvier 1823 à Felletin (Creuse) ; disciple de Pierre Leroux.

Gustave Jourdain fit son droit à Paris et devint avocat stagiaire le 27 mai 1846, admis au tableau de l’ordre à Aubusson (Creuse) le 20 novembre 1849.

C’était un des disciples les plus ardents et les plus influents de Pierre Leroux dans la Creuse avant 1848. Martin Nadaud le jugeait « homme d’une rare énergie et d’un dévouement au parti républicain plus rare encore ».

Pour les élections du 23 avril 1848 à la Constituante, Jourdain fit acclamer par les maçons creusois de Paris réunis à la Sorbonne la candidature de Martin Nadaud, qui ne fut acceptée que très difficilement par les démocrates de la Creuse et qui n’eut pas de succès.

En mai 1849, par contre, Jourdain se dépensa dans la Creuse même, parcourant le département et signalant que Martin Nadaud était candidat et qu’il fallait ne pas omettre son prénom. Lui-même s’effaçait. Il obtint 8 638 voix. Mais Nadaud l’emportait avec 19 355 voix.

Il fut l’animateur de la propagande démocratique à Felletin ; la présence dans la ville, en décembre 1851, d’un attroupement de deux cents paysans rapidement dispersé par le commissaire de police motiva l’ouverture d’une instruction contre lui. La Commission mixte du département de la Creuse prononça sa transportation en Algérie (24 avril 1852). Le 26 mai, traduit devant le conseil de discipline de l’ordre des avocats, il était radié du barreau.

Il réussit à partir pour Londres, où le suivirent son père et ses soeurs. Parmi les proscrits, il fréquenta les blanquistes et les semi-blanquistes de la Commune révolutionnaire, socialistes révolutionnaires qui répudiaient les rêves pacifiques de Pierre Leroux et qui parlaient dans L’Homme de Charles Ribeyrolles de « l’emploi de la force comme unique instrument de la révolution ». Il signa le Manifeste de la Commune Révolutionnairre.

Bien qu’il fût désormais en opposition avec Pierre Leroux, il alla le voir à Jersey. En 1855, il défendit Talandier contre La Sentinelle de Glasgow.

Après l’amnistie, en 1860, Jourdain fit un court séjour en France pour établir des relations entre la loge maçonnique des Philadelphes de Londres et celle de Paris. Franc-maçon, il était grand maître de l’Ordre des Philadelphes en 1862. Lors du meeting londonien du 22 juillet 1863, c’est lui qui servit d’interprète à la délégation parisienne : Tolain, Murat, Perrachon. En 1864, à la séance du 5 octobre du Conseil général de l’Internationale, Le Lubez proposa qu’on l’admette comme membre ainsi que Bordage, Leroux Jules, Morisot et Vasbenter. Ces candidatures furent adoptées à l’unanimité.

Il alla à Limoges en 1864 et coucha dans la maison familiale de Talandier, reçu par la mère de Talandier et strictement surveillé par la police. Cette année-là, il fut l’un des neuf fondateurs français de l’AIT et devint membre de son Conseil central.

Il se rendit ensuite aux États-Unis, sans doute vers 1865, fut professeur à Nashville (Tennessee) et y observa le fonctionnement des institutions républicaines. Il assista en 1868 à la lutte électorale qui porta le général Grant à la présidence de la République. Il devint vénérable de la loge des Philadelphes en 1868.

Il revint en France par Londres et se présenta en mai 1869 aux élections législatives dans la 2e circonscription de la Creuse (Bourganeuf-Aubusson), en désaccord avec Martin Nadaud, partisan de l’abstention, à cause du serment à prêter obligatoirement à Napoléon III. Il n’eut que 1 100 voix contre 14 000 au candidat officiel. Il fut membre honoraire de la loge parisienne « Saint-Pierre des Acacias ».

Gustave Jourdain vécut dans la retraite sous la Troisième République. P.-F. Thomas, alors professeur de philosophie au lycée de Guéret, qui préparait sa thèse sur Pierre Leroux, rendit visite à Jourdain et le trouva plein d’admiration pour son premier maître, ayant oublié les démêlés de l’émigration.

Sans doute était-il parent de Jourdain Annet, Henri.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article145999, notice JOURDAIN Gustave [JOURDAIN Annet, Jean-Marie, dit Gustave], version mise en ligne le 13 avril 2013, dernière modification le 30 janvier 2020.

SOURCES : Martin Nadaud, Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon, Bourganeuf, 1895. — P.-F. Thomas, Pierre Leroux, Paris, 1904. — P. Cousteix, « L’opposition ouvrière au Second Empire en Haute-Vienne », Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, année 1955. — Jean Bossu, « Une loge de proscrits à Londres sous le Second Empire et après la Commune », L’Idée libre, 47e année, 27e s, n°3. — Note de M. Cordillot.

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