BOLZER Pierre, Marie [dit Maxime]

Par Daniel Grason

Né le 27 avril 1913 à Plogastel Saint-Germain, bourg de Gourlizon (Finistère), fusillé le 26 février 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; fossoyeur de la Ville de Paris ; résistant dans les FTPF.

Pierre Bolzer.
Pierre Bolzer.

Fils d’Alain Bolzer, cultivateur, et de Marie, née Chevert, cultivatrice, Pierre Bolzer épousa le 15 avril 1939 Anna Roussel. Le couple habita 7 rue Lorget à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis). Mobilisé le 26 août 1939, il fut démobilisé le 13 août 1940. Il reprit son métier de fossoyeur au cimetière parisien de Saint-Ouen.
Le 16 octobre 1942, Victor Recourat, responsable technique de l’organisation d’un groupe FTP de la région nord, fut arrêté. Dans un caveau désaffecté au cimetière d’Épinay-sur-Seine, des armes, des munitions et des explosifs furent découverts. Le responsable de ce matériel était Pierre Bolzer.
Des inspecteurs de la BS2 l’arrêtèrent sur son lieu de travail le 18 octobre 1942. Son domicile fut perquisitionné, et deux revolvers, dont un chargé avec une balle dans le canon et un lot de cartouches furent découverts. Sa femme Jeanne, également arrêtée, fut détenue huit jours à la BS2, trois semaines au Dépôt, puis transférée à la prison de Fresnes.
Emmené dans les locaux de la BS2 à la préfecture de police, Pierre Bolzer reconnut son appartenance aux FTP, notamment sa participation au sabotage de pylônes électriques le 24 septembre 1942 à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). Livré aux autorités occupantes le 23 octobre 1942, il fut jugé le 16 février 1943 par le tribunal du Gross Paris, rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour activité de franc-tireur, il fut passé par les armes le 26 février 1943 au Mont-Valérien.
Jeanne Bolzer témoigna le 6 décembre 1944 devant la commission d’épuration de la police. Lorsqu’elle sortit de Fresnes et regagna son domicile, elle constata la disparition de toutes ses provisions de bouche, d’un appareil photographique, d’une paire de chaussures et de trois livres reliés.
Inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), le corps de Pierre Bolzer fut restitué à sa famille le 27 février 1945. Chaque fusillé de Saint-Denis a son nom gravé sur une stèle dans le cimetière communal. Le nom de Pierre Bolzer figure sur une plaque commémorative à l’entrée du cimetière parisien de Saint-Ouen avec celui de Louis Laurent, fossoyeur, militaire exécuté le 16 juin 1940.
Pierre Bolzer fut reconnu lieutenant FTP à titre posthume.

Le Journal de guerre de l’Abbé Stock évoque sa mort.

"Vendredi 26.2.43
10 exécutions
Visites à Fresnes. Y suis prévenu de 10 exécutions. Suis resté pendant le déjeuner. Visité plusieurs dans la 3ème division.
Les noms des 10, pour activités de francs-tireurs, détention d’armes, etc. : Leblanc Georges, Aubervilliers, rejeté (mon assistance).
Lefranc Frédéric, Aubervilliers, ni confessé ni communié, mais ai prié avec lui au poteau, belle mort.
Gargam Marcel, Aubervilliers, s’est confessé, a communié son frère est prêtre. Belle mort. Rabot Gabriel, prié au poteau, me donna un peigne et mourut les mains jointes. Femme alsacienne.
Berthelot Marcel, rejeté.
Récouraut ]Recourat Victor, s’est confessé, a communié, belle mort.
Dupont Lucien, le chef, beaucoup d’attentats sur la conscience, communiste des pieds à la tête, chanta l’Internationale et dit en allemand : « Ich bin glücklich, für mein Vaterland sterben zu können » (Je suis heureux de pouvoir mourir pour mon pays). Rejet. Il se fichait de la mort, a joué chaque jour avec la vie pendant 14 mois. Etait complètement captivé par les idées bolcheviques.
Grosperrin Charles, très calme, s’est confessé, a communié.
Dallais Alexandre, a refusé, habite 34, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, Paris Vème. Bolzer Pierre, de St-Ouen, refusa tout secours spirituel. Avait appris le jour même la naissance de son fils. Né le jour où il fut condamné à mort.
Enterrés tous les dix au cimetière d’Ivry, 47ème division 1ère ligne."

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146000, notice BOLZER Pierre, Marie [dit Maxime] par Daniel Grason, version mise en ligne le 13 avril 2013, dernière modification le 27 décembre 2021.

Par Daniel Grason

Pierre Bolzer.
Pierre Bolzer.

SOURCES : Arch. PPo., Carton 13 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste pendant l’Occupation, 77W 313, KB 21, KB 74. – DAVCC, Caen, Boîte 5 VIII dossier 4 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Plogastel-Saint-Germain.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 143 cliché du 21 octobre 1942.

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