MESPLÈDE Claude

Par Paul Boulland

Né le 11 janvier 1939 à Saint-Laurent-de-la-Prée (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), mort le 27 décembre 2018 à Toulouse (Haute-Garonne ) ; technicien en maintenance aéronautique, écrivain et critique littéraire ; syndicaliste CGT, secrétaire adjoint du CE d’Air France Orly-Nord (1963-1965), secrétaire de la section syndicale CGT d’Air France Orly-Nord (1965-1969), puis secrétaire général adjoint du syndicat CGT d’Air France (1969-1975) ; militant communiste (1958-1979), membre du comité fédéral de Seine-Sud [Val-de-Marne] (1965-1966).

Son père, Georges Mesplède, professeur d’histoire en école primaire supérieure, fut militant de la SFIO puis du PSOP et fut élu conseiller d’arrondissement à Rochefort. Résistant et membre du PCF jusqu’en 1956, il devint ensuite professeur de lettres à Toulouse. Claude Mesplède poursuivit ses études jusqu’au niveau de la seconde aux lycées Fermat et Berthelot de Toulouse où son père enseignait. En 1954, il abandonna ses études pour entrer au centre d’apprentissage Air France de Vilgénis à Massy-Palaiseau (Seine-et-Oise, Essonne). Il débuta comme agent puis devint technicien de maintenance aéronautique au centre industriel d’Air France à Orly-Nord (Seine, Val-de-Marne). Adhérent du PCF et de la CGT en 1958, il commença véritablement à militer en 1961, au retour de son service militaire en Algérie. En 1963, il fut délégué au comité central d’entreprise d’Air France (chargé de présider et d’animer la commission d’apprentissage) et élu, malgré son jeune âge, secrétaire adjoint du comité d’établissement d’Orly-Nord, quittant les ateliers pour gérer le restaurant d’entreprise ainsi que les activités culturelles et sociales. En 1965, il quitta le CE et fut élu secrétaire général de la section CGT Air France Orly-Nord (4000 ouvriers, 500 administratifs, 500 ingénieurs, cadres et maîtrise). Il relança l’activité de la douzaine de conseils syndicaux CGT et dota chacun d’entre eux d’un journal mensuel.

Repéré pour son activité dans le domaine de l’information (sortie d’un journal de cellule plusieurs fois par mois) par la fédération communiste de Seine-Sud, notamment par Yann Viens, il intégra en 1965 le comité fédéral. L’année suivante, lors de la conférence créant la nouvelle fédération du Val-de-Marne, il fut vivement critiqué par la direction qui estimait qu’il avait insuffisamment mené la lutte contre l’activité de militants trotskystes de la Voix ouvrière, organisation devenue Lutte ouvrière après 1968. En réalité, il avait refusé que le syndicat soit utilisé pour exercer des violences physiques à leur encontre. La section Orly-Port ne représenta pas sa candidature au comité fédéral. Claude Mesplède resta à la tête du syndicat CGT d’Orly jusqu’en 1969 et dirigea la grève avec occupation du 17 mai au 6 juin 1968. Le 17 mai la section comptait 1500 adhérents, le 6 juin ce chiffre approchait les 2000 membres. De 1969 à 1975, il fut secrétaire général adjoint du syndicat national CGT d’Air France, chargé de l’information et de la formation syndicale. En 1978, il obtint sa mutation à Toulouse où il fut élu en 1985 secrétaire du comité d’établissement d’Air France Toulouse-industriel. Ne trouvant aucune évolution notable dans le fonctionnement interne du PCF, il en démissionna le 1er mai 1979. Il quitta la compagnie Air France en 1993 lorsque la direction supprima dix mille postes d’anciens pour les remplacer par des jeunes et, dès lors se consacra à la littérature policière à temps complet.

Grâce à la bibliothèque de son père, Claude Mesplède nourrit dès l’enfance une passion continuellement entretenue pour la littérature. D’abord très éclectiques, ses lectures s’orientèrent vers les littératures policières et surtout vers le roman noir, dont la dimension sociale et politique entrait en résonnance avec ses engagements militants. À partir de 1981, il entama une carrière de critique littéraire, sous la forme de contributions à de nombreuses publications, comme lecteur de manuscrits et conseiller littéraire de diverses maisons d’édition. Directeur de plusieurs collections, il a été quatre ans pigiste pour le site Amazon et depuis 1996 est le référent polar de l’Encyclopaedia Universalis. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages parmi lesquels une anthologie policière et un ouvrage unique au monde Le Dictionnaire des littératures policières. Ce cheminement personnel débordait sur son activité militante. Au sein du comité d’établissement d’Orly-Nord il initia des rencontres entre salariés et auteurs ou artistes (comédiens, musiciens, chanteurs) au restaurant d’entreprise. Le premier invité, en 1963, fut Jorge Semprun. Comme responsable du comité d’établissement toulousain, il organisa dans un hangar du site un concert de l’orchestre du Capitole. En retour, son expérience militante inspira directement l’une de ses rares œuvres de fiction policière, Le cantique des cantines (1996), située dans l’univers du syndicalisme toulousain, et son activité de promotion du roman noir, sous la forme de conférences et d’ateliers, devait sans doute également beaucoup à son expérience et à son passé militants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146014, notice MESPLÈDE Claude par Paul Boulland, version mise en ligne le 15 avril 2013, dernière modification le 7 janvier 2019.

Par Paul Boulland

ŒUVRE : outre de multiples articles, préfaces, Claude Mesplède est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels : avec Jean-Jacques Schléret, Voyage au bout de la noire (2 t.), Futuropolis, 1982-1985, édition revue et augmentée sous le titre Les auteurs de la série noire, Éditions Joseph K., 1996 ; Pas de peau pour Miss Amaryllis, Souris Noire/Syros, 1988 ; Les Années Série Noire (1945-1982), (5 t.), Encrage, 1992-1996 ; avec Michel Lebrun, La Crème du crime, L’Atalante, 1995 ; Le Cantique des cantines, Baleine, 1996 ; Joyeux Noëls, Fleuve Noir, 1999 ; Dictionnaire des littératures policières (2 t.), Éditions Joseph K, 1999, édition revue, corrigée et augmentée en 2007 ; avec François Guérif, Polars et films noirs, Éditions Timée, 2006. — 30 ans d’écrits sur le polar - 1982/2012 - volume 1", première édition, Edition Krakoën, 376 pages, couverture Mako, 2012.

SOURCES : Arch. de la Fédération PCF du Val-de-Marne. – Notice biographique de P. Dessaint in Mesplède C., Dictionnaire des littératures policières (vol. 2), Paris, Temps noir, 2007. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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