RAINE Jean, Eugène

Par Daniel Grason

Né le 10 mai 1904 à Paris (Xe arr.), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; artisan graveur ; résistant.

Fils d’Eugène, maçon, et d’Émilie Thomassin, passementière, Jean Raine fut légitimé par le mariage de ses parents le 23 août 1905 à la mairie du XIXe arrondissement de Paris. De la classe 1924, il fut réformé définitivement pour coxalgie (douleur de la hanche provoquée par la tuberculose). Il demeurait dès 1932 dans un pavillon lui appartenant, 67 bis rue Delerue à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, Val-de-Marne) et vivait avec Henriette Fualdès, née en 1904. Le couple eut deux enfants et se maria le 15 novembre 1941 à la mairie de Saint-Maur-des-Fossés. Jean Raine exerçait sa profession d’artisan graveur dans un atelier installé à son domicile, sa femme était employée par l’entreprise d’électricité Peulet installée dans la localité.
lDes inspecteurs de la BS1 repérèrent Arthur Tintelin début mars 1942 dans le quartier Saint-Ambroise dans le XIe arrondissement, les policiers le surnommèrent « Ambroise ». Il avait la responsabilité des ateliers de gravure et de photogravure. Il rétribuait les artisans de ces ateliers.
Onze inspecteurs de la BS1 filèrent des militants impliqués dans l’impression et la diffusion de tracts et journaux édités par le parti communiste clandestin du début mars au 16 juin 1942.
Le 31 mars ils suivirent Arthur Tintelin qui quitta son domicile vers 13heures 30, par le métro il alla jusqu’à la station Château-de-Vincennes. Il portait un paquet, monta dans l’autobus 110, descendit au terminus, puis à pied il se rendit au 67 rue Delerme dans le pavillon de Jean Raine, graveur. Celui-ci ne lui ouvrit pas immédiatement, Tintelin ressortit à 16heures 20 les mains vides. Nulle autre trace de Jean Raine dans les rapports de filatures toutefois incomplets.
Bien que n’étant pas membre du Parti communiste, Jean Raine accepta de fabriquer des cachets en cuivre et en caoutchouc de différentes mairies et du service de la carte d’identité française. Il remettait ces cachets à Arthur Tintelin responsable de la fabrication du matériel de propagande du Parti communiste clandestin. Celui-ci était en liaison avec des imprimeurs, typographes, linotypistes...
Des inspecteurs de la Brigade spéciale no 1 (BS1) arrêtèrent Jean Raine le 18 juin 1942. Inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, il fut emmené à la préfecture de police, interrogé dans les locaux des BS, puis incarcéré au Dépôt. Le 10 août 1942, les détenus furent emmenés au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis).
Le lendemain, 11 août, quatre-vingt-huit otages, dont Jean Raine, furent fusillés au Mont-Valérien. Le même jour, le journal collaborationniste Le Matin publiait un Avis signé d’un responsable SS : « Malgré plusieurs avertissements, le calme a à nouveau été troublé sur certains points de la France occupée. Des attentats ont été perpétrés contre des soldats allemands par des terroristes communistes à la solde de l’Angleterre. »
Incinéré au cimetière du Père-Lachaise (Paris, XXe arr.), Jean Raine fut inhumé après la Libération dans le carré militaire du cimetière de Saint-Maur-des-Fossés. Henriette Raine demanda une pension de victime civile. Elle était grand électeur du Parti communiste lors des élections sénatoriales du 24 novembre 1946.
Jean Raine a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Interné résistant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146052, notice RAINE Jean, Eugène par Daniel Grason, version mise en ligne le 17 avril 2013, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 221W 3, BA 2117, GB 038 (rapports de filatures), PCF carton 13 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, 77W 385, 77W 942. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit.Le Matin, 11 août 1942. – Bureau résistance GR 16 P 498030. – Arch Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC XLV – 45. – Mémorial GenWeb. – État civil, Paris (XIe arr.).

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