GALESLOOT Pierre, Bertrand

Par Daniel Grason

Né le 11 août 1909 à Bruxelles (Belgique), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; photograveur, photographe ; résistant.

Pierre Galesloot
Pierre Galesloot

Fils d’Auguste et de Jeanne, née Vandries, Hollandaise, Pierre Galesloot épousa Madeleine Van Hyfte, née en 1908 aux États-Unis. Il exerça sa profession de photographe à Bruxelles à la maison Apers, où il eut comme collègue de travail François Wouters. Il fut membre du Syndicat professionnel des photographes et photograveurs.
Le couple entra en France en septembre 1940, et logea dès le 9 septembre dans une chambre au Style Hôtel, 17 rue Claude-Bernard à Paris (Ve arr.). Pierre Galesloot était au chômage, et François Wouters, qui était également venu en France, lui proposa de travailler pour le Parti communiste clandestin. Pierre Galesloot accepta et devint un permanent rémunéré deux mille cinq cents francs par mois. Il travaillait dans un atelier au 91 rue de Vaugirard dans le VIe arrondissement. L’installation avait été financée par le Parti communiste clandestin. Il réalisait les clichés en zinc destinés à l’impression des journaux et tracts de l’organisation.
Des inspecteurs de la BS1 repérèrent à plusieurs reprises deux hommes qui se transmettaient des paquets aux environs de la rue Saint-Ambroise dans le XIe arrondissement de Paris, l’un disparut. Le second fut identifié, il s’agissait d’Arthur Tintelin. Du début du mois de mars 1942 à la mi-juin onze inspecteurs de la BS1 filèrent et identifièrent une cinquantaine de militantes et militants, communistes pour la plupart.
Arthur Tintelin alla le 24 mars 1942 vers 10heures au 91 rue de Vaugirard à l’atelier de photogravure de Pierre Galesloot, demeurant 17 rue Claude Bernard (5e) qui avait été loué par Arthur Tintelin sous le nom de Lombart. Le lendemain, après 11 heures, il lui rendit à nouveau visite. Le 26 mars il accompagna Tintelin dans une droguerie au 11 boulevard Edgar-Quinet où ils achetèrent des produits. Galesloot sortit porteur d’une serviette qui parut « assez pesante » aux policiers, il regagna son atelier.
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Nouvelle visite d’Arthur Tintelin le 27 mars à 10 heures à Galesloot à son atelier rue de Vaugirard, il en sortit avec « une serviette de cuir marron ». À 11heures 30, les deux hommes sortirent, s’engagèrent rue de Vaugirard, ils se quittèrent à l’angle du boulevard du Montparnasse.
Le 11 avril 1942 Wouters quitta son domicile à 10 heures porteur d’une serviette en cuir marron. À pied il gagna le 91 rue de Vaugirard. Il en ressortit à midi accompagné de Pierre Galesloot. Les policiers abandonnèrent la filature rue de Rennes. Arthur Tintelin se rendit le 13 avril à 15heures 45 à l’atelier de la rue de Vaugirard. Ils en sortirent tous les deux à 18heures.
Deux inspecteurs de la BS1 l’arrêtèrent le 18 juin 1942 vers 19 heures à son hôtel dans le cadre de l’affaire Tintelin. Emmené à la préfecture de police, interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, Pierre Galesloot déclara qu’il était venu en France sur l’invitation de Wouters. Il photographiait des tracts, destinés ensuite à la reproduction. Il affirma que jamais il n’appartint à un parti politique. Il réalisait aussi des travaux de photogravure, fabriquait les plaques permettant l’impression des tracts.
Emprisonné au Dépôt, remis aux Allemands, incarcéré au fort de Romainville le 10 août, il fut exécuté le 11 août 1942 au Mont-Valérien. Le même jour, le journal collaborationniste Le Matin publia un « Avis » signé d’un responsable SS : « Malgré plusieurs avertissements, le calme a à nouveau été troublé sur certains points de la France occupée. Des attentats ont été perpétrés contre des soldats allemands par des terroristes communistes à la solde de l’Angleterre. »
Le corps de Pierre Galesloot fut incinéré au Père-Lachaise, puis inhumé au cimetière de Thiais (Seine, Val-de-Marne). Sa femme Jeanne fut déportée le 21 janvier 1943 de Compiègne à destination d’Auschwitz-Birkenau (Pologne), matricule 31643, où elle mourut le 1er mars de la même année de la dysenterie.
Les parents de Pierre Galesloot s’adressèrent en Belgique à la Commission des pensions et réparations en vue de l’obtention d’une pension.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146078, notice GALESLOOT Pierre, Bertrand par Daniel Grason, version mise en ligne le 11 décembre 2019, dernière modification le 3 septembre 2021.

Par Daniel Grason

Pierre Galesloot
Pierre Galesloot

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, 221W 3, GB 038 (rapport de filatures), KB 21, PCF carton 13 rapports hebdomadaire sur l’activité communiste, 77W 397, 1W 0597. – DAVCC, Caen, otage B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit.Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éd. de Minuit, 1995. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit.Le Matin, 11 août 1942. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC XLV-45.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 151

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