Par Roger Vignaud
Né le 15 mars 1826 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort e 8 octobre 1894 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; commerçant et poète. Président de la Commune de Marseille en 1870.
Marié, sans enfant mais avec une nièce à sa charge. Adolphe Carcassonne, né au sein d’une famille juive très pauvre, avait été élevé par les soins du consistoire israélite. À 19 ans, il était employé comme comptable. Il fut exempté du service militaire pour une myopie très prononcée. On le décrivait comme étant petit de taille, portant des lunettes, aux manières bourgeoises. Acquis très tôt aux idées républicaines, il s’insurgea contre le coup d’État organisé le 2 décembre 1851 par Louis Napoléon III. Poursuivi, il fut interné à Nîmes durant un an. Lorsqu’il retrouva Marseille, son commerce marseillais en fournitures maritimes avait été fermé. (Il obtient d’ailleurs en 1881 une pension annuelle de 400 francs pour le préjudice lié à la perte de ce commerce.) Durant de longues années, il allait être considéré comme suspect par les autorités. On l’arrêta après la tentative d’assassinat perpétré par Orsini à l’encontre de l’Empereur le 14 janvier 1858. Carcassonne était également attiré par la poésie. Il publia dès 1852 un recueil de poésie sous le titre : Premières Lueurs. À partir de 1860, il s’essaya à la littérature dramatique et fit représenter les pièces de théâtre qu’il écrivit : La Fille du Franc-juge, drame en quatre actes écrits en vers, fut joué au Grand-Théâtre en mars 1860. Le Siège de Marseille, drame en cinq actes en proses, fut présenté au Théâtre du Gymnase le 12 avril 1862. Le 15 janvier 1863, toujours au Théâtre du Gymnase, on joua La Fête de Molière, comédie en un acte écrite en vers. Carcassonne revint à la poésie en 1869 ; il rédigea un recueil intitulé : Les Gouttes d’eau, publié par l’imprimerie Barlattier à Marseille. Durant toutes ces années Adolphe Carcassonne semblait être resté à l’écart de la vie politique. Mais il fréquentait toujours assidûment les milieux républicains ; il fut d’ailleurs l’un des deux témoins de Gaston Crémieux lors de son mariage, le 25 septembre 1864. Le 28 août 1870, Carcassonne fut élu conseiller municipal de Marseille. Il appartenait au Comité central de la Ligue du Midi ; il avait été nommé commissaire général dans les Bouches-du-Rhône. Lors des événements insurrectionnels du 1er novembre 1870, il fut élu président de la Commune révolutionnaire proclamée à Marseille. Même si on prétendit que c’était en fait le général Cluseret qui aurait été le véritable dirigeant de cette insurrection, Carcassonne avait tout de même des idées qui demeuraient révolutionnaires. En témoigne la menace faite au Conseil municipal, dont il était l’élu depuis l’élection du 27 et 28 août 1870, de faire envahir l’Hôtel de ville par les gardes civiques si on ne taxait pas les riches d’un impôt exceptionnel de trois millions en faveur de la Ligue du Midi. C’était alors (Olivesi, op. cit., p. 114) un " petit homme grimaçant, portant lunettes, aux manières bourgeoises ", membre du Consistoire israélite de Marseille. Il ne fut pas arrêté, mais, redoutant les poursuites, préféra gagner la Suisse. En mars 1871, son rôle dans l’insurrection n’est pas défini. Sa participation a sans doute été active puisqu’après l’échec de la Commune, il se réfugia quelque temps en Suisse. De 1874 à 1879, ses affaires prospérèrent à Genève ; il fournissait les blés de Marseille à la plupart des minoteries suisses et faisait également le commerce du savon. En 1878, il alla jusqu’à Perpignan sans être inquiété, et, la même année, candidat à la députation, il s’effaça à Marseille devant Auguste Blanqui. Puis ses moyens d’existence se réduisirent de plus en plus ; en 1879, il travaillait au courrier de la compagnie d’assurances la Confiance. De 1881 à 1886, il fut secrétaire particulier auprès du directeur du journal La Petite République française. En 1886, il était sans emploi et tenta vainement d’ouvrir une pension de famille ; il fut acculé à accepter 100 F par mois de son frère, négociant à Marseille, et à solliciter un débit de tabac. Il écrivit de menus poèmes sans grand intérêt, mais n’a laissé aucun écrit politique ou social. Adolphe Carcassonne décéda à Marseille, le 8 octobre 1894.
Par Roger Vignaud
SOURCES : Arch. PPo, B a/991. — Jean Maitron, Dictionnaire du mouvement ouvrier français . — Antoine Olivesi, La Commune de Marseille et ses origines et Encyclopédie des Bouches-du-Rhône, tome XI. — Roger Vignaud, Dictionnaire de la Commune de Marseille, Edisud, 2005, op.cit.