Par Roger Vignaud
Né le 1er avril 1819 à Gardanne (Bouches-du-Rhône) ; portefaix ; participant à la Commune de Marseille (Bouches-du-Rhône) ; déporté en Nouvelle-Calédonie.
Il était marié et père de cinq enfants. Il habitait 77, Chemin d’Endoume à Marseille. À l’occasion du plébiscite de Napoléon III du 8 mai 1870, Étienne, membre du Comité républicain socialiste, fut l’un des neuf signataires du tract appelant les travailleurs des Bouches-du-Rhône à voter « non » au projet de l’Empereur, car : « ceux qui appellent le peuple à voter « oui » ce sont ceux qui ont les poches pleines ; ils ne connaissent ni le chômage forcé et ni la misère. » Lors des élections du Conseil général des Bouches-du-Rhône et du Conseil d’arrondissement de Marseille de juin 1870, il figura parmi les signataires d’une affiche établie le 10 juin par le comité Républicain-Socialiste, qui affirma que : « considérant qu’aucun des candidats ne réunit les conditions nécessaires pour représenter la population républicaine et socialiste des Bouches-du-Rhône, les électeurs républicains sont appelés à s’abstenir de voter ou de voter blanc ».
Dès le 4 septembre, lors de la proclamation de la République, il fit partie, avec Delpech et Naquet entre autres, du Comité de salut public créé ce jour-là. Il représentait le comité socialiste. Le 5 septembre, il fut nommé membre de la Commission départementale provisoire, née de la fusion entre la municipalité et le comité de Salut public qui venait de se créer dans les bureaux du journal Le Peuple. Il fut également membre du Conseil départemental et de la Ligue du Midi. Au cours du mois de septembre 1870, il était nommé à la présidence du Conseil de révision. Il adhéra aussi au Club de la Révolution. Dans l’Égalité du 2 et 3 novembre 1870, Étienne figurait parmi les signataires d’un procès-verbal établi le 30 octobre 1870 qui décida de dissoudre tous les pouvoirs locaux, de révoquer tous les fonctionnaires de l’Empire encore en fonction et de constituer une commission exécutive du nom de Comité de salut public, prélude de la Commune révolutionnaire proclamée le 1er novembre 1870 à Marseille. Le 23 mars 1871, il fut l’un des premiers à prendre part à l’insurrection et à pénétrer dans les appartements du cabinet du préfet. Étienne avait lui-même écarté ce haut fonctionnaire de la main et prit possession de son fauteuil. Désigné parmi les douze membres de la Commission départementale présidée par Gaston Crémieux, il représentait avec Crémieux et Job le Cercle du Midi.
Arrêté le 29 avril, il fut condamné le 28 juin 1871 par le 1er conseil de guerre à la peine de mort, pour sa participation au mouvement insurrectionnel de la Commune de Marseille du 23 mars au 4 avril 1871. Sa peine fut commuée, le 27 novembre 1871, en déportation simple. Le 15 janvier 1879, il bénéficia d’une remise de peine. Une note de Nouméa datée du 27 août 1878 indique qu’Étienne, qui avait refusé de former un recours en grâce, vivait là-bas avec sa femme et ses enfants. Il gagnait sa vie comme boulanger et avait obtenu une médaille de bronze. Il était réputé peu soumis. Il n’avait encouru antérieurement aucune condamnation.
Par Roger Vignaud
SOURCES : Archives départementales des Bouches-du-Rhône ; côte : 2R.520. – jugement n° 63, registre d’ordre n° 11024. — Arch. Nat., BB 24/729. — Gazette des Tribunaux, juin-juillet 1871.