MERLE Georges

Par Maurice Mandon

Né le 27 juin 1938 à Malintrat (Puy-de-Dôme) ; ajusteur ; premier permanent confédéral de la CFDT en Auvergne (1965-1970) ; militant associatif : FCPE, Ligue des droits de l’Homme, Rassemblement national pour la vérité des accidents à l’armée, association AVEC aide aux victimes d’infractions pénales ; conseiller municipal socialiste.

Georges Merle naquit à Malintrat (Puy-de-Dôme), une petite commune rurale de la plaine de Limagne. Il est l’aîné de 5 enfants. Son père François, né en 1911 était le quatrième d’une famille de dix enfants, il exploitait la ferme familiale avec sa mère Marie-Aimée née Aymard, aînée d’une famille de six enfants née en 1918. Son père fut prisonnier de guerre en 1940. Libéré, en lien avec un réseau il cacha un jeune alsacien afin de lui éviter l’incorporation dans l’armée allemande.

Georges Merle se souvient surtout de son grand-père maternel marqué par la guerre de 14 (Verdun , les Dardanelles...). C’était une figure du pays, surnommé “le creusot”, il travaillait le fer, avait acquis un des premiers tracteurs et une voiture Ford issus des surplus américains. Il était entrepreneur de battage et conseiller municipal radical-socialiste.

Ses deux parents étaient catholiques pratiquants mais faisaient partie de l’aile progressiste, après guerre ils votaient à gauche.

Georges Merle alla à l’école communale où il passa son certificat d’études tout en suivant le catéchisme de la paroisse. Il entra ensuite au lycée technique Amédée Gasquet où il obtint son CAP d’ajusteur. À dix-sept ans il obtint son premier poste à la sucrerie de Bourdon d’Aulnat (aide-chimiste), puis rectifieur-monteur chez Paul Force, enfin en 1956 il entra à l’AIA (atelier industriel de l’aéronautique), une entreprise prestigieuse de l’agglomération clermontoise spécialisée dans la révision des avions de l’armée de l’air. Il travailla sur la chaîne de réparation et parallèlement prépara son brevet de pilote qu’il obtint en 1957.

En 1957, Georges Merle entra à la CFTC qui comptait dix-huit adhérents à l’AIA, taxés de “calottins” par la CGT qui avait la haute main sur l’évolution de carrière des ouvriers. Il lutta pour défendre le choix syndical.

Le 2 mai 1958, il fut incorporé dans l’armée de l’air, après un stage en école sur avion de chasse, en 1959 il partit en Algérie affecté sur hélicoptères lourds. Comme observateur-mitrailleur, près du pilote, il participa aux opérations pendant 16 mois et “voit des choses inadmissibles mais si tu ne fais pas les missions qui sont confiées à l’équipage c’est tes copains et toi qui y passent, c’est la guerre.” Il se demande après coup s’il n’aurait pas dû déserter tout en reconnaissant que la question ne se posait pas à l’époque. La carte de combattant lui fut attribué.

À son retour en 1960 au plus fort de la campagne de l’OAS il se posa beaucoup de questions sur ce conflit et participe à la lutte antifasciste, distribution de tracts, obstruction des pistes d’Aulnat lors du putsch d’Alger.

En 1961, il se maria avec Renée Coste née à Paris le 5 novembre 1938 et réfugiée en Auvergne pendant la guerre où son père s’installe à la tête d’une petite entreprise de maçonnerie. Son épouse fit une carrière d’institutrice dans le Puy-de-Dôme (vingt-cinq ans à Malintrat). De formation laïque, elle fut syndiquée au SNI. Elle éleva leurs trois enfants, Denis né en 1964 ( meurt accidentellement à l’armée à 22 ans), Renaud né en 1967 est dans le secteur communication-publicité et Laurence née en 1971 travaille dans le secteur bancaire.

En 1962, il fut secrétaire syndical départemental du personnel civil de la défense nationale, permanent. Il fréquenta Charles Tissier, figure syndicaliste CFTC de chez Michelin, Robert Gilbert, Paul Arbitre, Jean Mezet... Il consacra beaucoup de temps aux réfugiés des A.I.A. d’Algérie qui sont venus grossir les rangs de l’Atelier clermontois. Il leur trouve des logements, obtient des lignes de bus.

En 1964, Georges Merle participa au congrès de la déconfessionnalisation de la CFTC et le 1er janvier 1965 il fut le premier nommé permanent confédéral pour la région Auvergne de la nouvelle CFDT. Pendant son mandat de cinq ans il structura le nouveau mouvement et forma les militants.

En 1970, ce fut le retour à la base dans son entreprise l’AIA. Il retrouva la chaîne et le syndicalisme de terrain. Il entra dans le nouveau bureau d’identification et codification des matériels où il rencontra Jean Fariney, militant SFIO et conseiller municipal à Clermont.

Pendant douze ans il fut élu au comité hygiène et sécurité. En 1985, tout en gardant son statut d’ouvrier, il était acheteur, un poste important qu’il occupa jusqu’à sa retraite en 1993.

Son engagement syndical déboucha sur l’engagement politique, il prit sa carte au PSU en 1970, puis au PS en 1973. Plusieurs fois candidat malheureux aux municipales de sa commune il fut élu en 1995. Il participa à de nombreux groupes de réflexion et de travail au niveau national.

Parallèlement il s’engage dans les parents d’élèves ( FCPE).

À partir des années 1980, il milita à la Ligue des droits de l’Homme et siégea au tribunal comme assesseur au TASS (tribunal des affaires de sécurité sociale).

En 1986, un drame familial marqua un tournant dans sa vie. Son fils Denis mourut dans des conditions suspectes à l’école militaire de Saint Maixent. Il participa à l’activité du rassemblement national pour la vérité des accidents à l’armée. Son épouse avait perdu aussi un jeune frère à l’armée. Après 78 mois de lutte soutenue entre autres par l’amiral Sanguinetti, pour la première fois l’armée fut mise en cause lors d’un procès à Poitiers.

En 1993, Georges Merle partit à la retraite mais redoubla d’activité dans le mouvement associatif en particulier dans l’association AVEC (victime, écoute, conseil) qui se consacra à l’aide aux victimes d’infractions pénales. En 1998, il obtint un diplôme de 3e cycle à l’université d’Auvergne en présentant un mémoire sur la victimologie clinique.

Le 16 novembre 1992, il fut élevé au grade de chevalier dans l’ordre national du Mérite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146260, notice MERLE Georges par Maurice Mandon, version mise en ligne le 10 septembre 2013, dernière modification le 3 mars 2021.

Par Maurice Mandon

OEUVRE : Victime doublement victime, mémoire de 3e cycle de l’université d’Auvergne, Clermont-Ferrand, 1998.

SOURCE : Entretien avec Georges Merle, le 27 janvier 1999. — État civil.

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