Par Gérard Leidet
Né le 27 octobre 1938 à La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône) ; géomètre aux Houillères de Provence ; militant syndical CGT, communiste, maire de La Bouilladisse (1971-1998), conseiller général des Bouches-du-Rhône, canton de Roquevaire (1976-2007).
Francis Pélissier est le fils Marius Léon Pélissier, mineur-forgeron aux Mines de Gréasque (pôle Hély d’Oissel) et de Marie-Louise Payan. Il naquit au n° 20 de la rue « Messieurs Boyers », hameau de La Bouilladisse, commune qui fut créée le 6 juillet 1880 d’abord sous le nom de La Bourine par scission de plusieurs hameaux d’Auriol (cité voisine des Bouches-du-Rhône), enfin baptisée « La Bouilladisse » le 26 mai 1909. Son père fut en 1925 l’un des fondateurs de la cellule locale du Parti communiste à La Bouilladisse. Après avoir fréquenté l’école primaire communale de La Bouilladisse où il obtint le certificat d’études primaires, Francis Pélissier poursuivit ses études au Centre d’enseignement technique (section menuiserie). Son CAP en poche, il exerça le métier de menuisier durant deux ans (1955-1956). Il ne prévoyait pas particulièrement alors d’aller travailler à la mine. Mais le terrible hiver 1956 (celui où les oliviers ont gelé en Provence) décida de son avenir professionnel. En effet, suite à un examen passé au centre Saint-Pierre à Biver, à la fin avril 1956, son oncle Paul Payan, alors chef de poste aux criblages à Gréasque, lui remit un bulletin de convocation afin qu’il se présente, le 2 mai 1956 à la place de chargement des Houillères de Gardanne. Le travail sur les chantiers manquait à cause du grand froid, et plutôt que « de ne rien faire », Francis Pélissier se fît donc embaucher à la mine, à Biver (hameau de la commune de Gardanne) au Puits Gérard. Il adhéra immédiatement à la CGT. Dans l’ouvrage qu’il consacra plus tard au Bassin minier de Provence, Francis Pélissier a évoqué cette époque : « Et puis, en 1957, pour éviter la guerre d’Algérie, il fallait être mineur de fond. En 1958, je passai le concours de géomètre. Il fallait prendre des repères géodésiques, faire une triangulation pour définir des orientations au fond, horizontalement et verticalement. Le géomètre mesurait aussi l’avancement des tailles, un rôle très important car entre 1948 et 1968, les mineurs étaient payés au mètre cube extrait. En tant que géomètres, on “lissait” un peu les résultats, pour assurer aux mineurs des revenus réguliers… ». Il allait demeurer géomètre aux Houillères de Provence, à Biver, pendant plus de trente années (1956-1988) et trouver-là un univers professionnel et social qui marqua durablement son militantisme et son rôle d’élu et fit de lui un témoin, véritable passeur de la mémoire de la mine, y compris dans ses dimensions les plus tragiques. Ainsi Francis Pellissier se souvenait toujours avec émotion de la journée du 25 février 1969 : « avec Max [Pierazzi] on est passé le matin dans une galerie sous le puits Gérard pour “mettre la direction”. L’après-midi, au même endroit, le coup de toit a fait partir le boisage, deux épaisseurs de calcaires sont tombées et ont tué sur le coup six mineurs. »
En 1964, Francis Pellissier adhéra au PCF. Cette année-là, il suivit à Marseille l’école élémentaire de ce parti. L’année suivante, en mars 1965, il intégra l’équipe municipale dirigée depuis mai 1945 par Isidore Gautier*, maire communiste et conseiller général du canton de Roquevaire entre 1957 à 1976, en tant qu’adjoint au maire (1965-1971). Ce furent-là pour Francis Pélissier des « années de formation » qui lui permirent, après être devenu 1er adjoint en 1969, de succéder au long magistère d’Isidore Gautier en 1971 comme maire et d’entamer le sien dans sa commune : il fut en effet constamment réélu dans cette fonction (1977-1983-1989-1995), avant de « passer la main » en janvier 1998 à son successeur, André Jullien (apparenté PCF) et redevenir conseiller municipal-délégué aux associations. Presque quatre mandats municipaux au cours desquels Francis Pélissier réalisa avec son équipe une série d’équipements municipaux parmi lesquels, l’école maternelle Isidore Gautier, le centre culturel, le foyer sportif, le bureau de poste, le gymnase, la crèche, le centre technique et la médiathèque. C’est avec une même constance et dans une période presque aussi longue que Francis Pélissier fut élu conseiller général du canton de Roquevaire en 1976, 1982, 1988, 1994, 2001. Durand cette période il était le suppléant de Roger Meï lorsque ce dernier fut élu député en 1996 puis réélu en 1997. Il fut aussi président du syndicat intercommunal des eaux de 1989 à 1998.
Francis Pélissier se maria avec Suzanne Samat le 8 avril 1964 à Aubagne.
Grande figure du Bassin minier de Provence et de sa mémoire, Francis Pélissier anime depuis plusieurs années la rubrique « d’Hier et d’aujourd’hui » du journal bouilladissien « Jonction » dans laquelle il relate l’histoire du village et de ses quartiers. Il n’hésite pas à ouvrir les portes de sa connaissance aux chercheurs en histoire sociale qui le sollicitent (Xavier Daumalin, Jean Domenichino, Philippe Pioche, Olivier Raveux : Gueules noires de Provence, le Bassin minier des Bouches-du-Rhône, 1744-2003). Ses dessins et archives sur l’activité minière du bassin minier constituent une ressource précieuse pour toute une communauté, un corps de métier définitivement disparu de la scène sociale lorsque le 31 janvier 2003, avec la fermeture du Puits Yvon Morandat*, toute la production charbonnière cessa à Gardanne. Ils représentent la source d’inspiration de plusieurs ouvrages et articles écrits avec ferveur par Francis Pelissier.
Par Gérard Leidet
ŒUVRE : La Preuve par neuf. Ils ont fait La Bouilladisse, Collection Villes et villages, éditions CCEE, 2002, 217 pages ; Le Cercle de l’Avenir de La Bouilladisse ; La Preuve par neuf ; Histoire de La Bouilladisse ; Le canton de Roquevaire ; Le Bassin minier de Gardanne.
SOURCES : archives communales de La Bouilladisse. — Archives de la Fédération des Bouches-du-Rhône du Parti communiste. — Entretien (et réponse au questionnaire) avec le militant, avril 2012 et mai 2013. — Xavier Daumalin, Jean Domenichino, Philippe Mioche et Olivier Ravaux, Gueules noires de Provence, Le bassin minier des Bouches-du-Rhône (1744-2003), ed Jeanne Lafitte, Marseille, 2005.