OLFF Raymond

Par Françoise Olivier-Utard

Né le 19 janvier 1922 à Réguisheim (Haut-Rhin) ; chef d’entreprise, militant communiste, résistant, secrétaire de la section de Colmar en 1946, membre du comité fédéral du Haut-Rhin de 1947 à 1950, conseiller municipal de Colmar de 1945 à 1950.

Raymond Olff était l’aîné de trois enfants. Son père, Julien (1894-1960, né et mort à Réguisheim) était boucher. Mobilisé à 20 ans dans l’armée allemande pendant la première guerre mondiale, il avait été envoyé sur le front russe, en Ukraine. Sa mère, Irma Picard (née en 1895 à Soppe-le-Bas, morte en 1988 à Strasbourg) travaillait avec son mari. D’origine juive, la famille n’avait pas d’opinions politiques ni religieuses très marquées.

Raymond Olff fit ses études primaires à Réguisheim, fréquenta le collège de Barr puis le lycée Bartholdi de Colmar. Engagé très jeune, au moment du Front populaire, dans les Jeunesses socialistes, il manifesta aux côtés d’autres jeunes de son village, dont René Birr*, qui serait l’un des premiers héros martyrs de la résistance communiste alsacienne. Au lycée de Colmar, il participait aux réunions du cercle des Jeunesses socialistes où il rencontrait Maurice Olry*. En 1938, sa famille hébergea un jeune avocat mobilisé, Joe Nordmann*, qui le rallia aux idées communistes.

Raymond Olff passa le premier bac en 1939, puis fut inscrit en classe de philosophie à Guebwiller. Sa famille ayant fui l’Alsace en juillet 1940 et s’étant installé à Maiche (Doubs), il passa le second bac à Besançon, en octobre 1940. Il s’inscrivit en première année de droit à l’université de cette ville, mais il dut fuir à nouveau et finit sa licence à Lyon.

Le 18 mars 1942, sa famille et celle de Roland Netter* franchirent clandestinement la frontière de nuit, pour gagner la Suisse. Mais les autorités suisses les arrêtèrent et les refoulèrent à Annemasse. Elles trouvèrent ensuite refuge à Montfaucon (Haute-Loire), jusqu’à la Libération. Le chef de division de la préfecture du Puy leur procura des faux papiers d’identité, « déjudaïsés », au nom d’Olry.

Il apprit par la radio de Londres, en février 1943, la condamnation à mort de communistes alsaciens, parmi lesquels ses camarades René Birr* et Robert Korb* ainsi que de l’instituteur de Réguisheim Eugène Sontag*.
Le 25 mai 1943, Raymond Olff s’engagea dans la résistance ardéchoise FTP et participa à une dizaine d’opérations militaires. Il reçut le matricule 76297 et prit comme nom de guerre « Alain ». Il rejoignit alors les rangs du PCF clandestin.

Début novembre 1944, il fut versé comme lieutenant au premier régiment du Rhône, à Lyon. C’est dans cette ville que, le 30 novembre, Emile Terroine, résistant, ancien professeur à l’université de Strasbourg avant la guerre, le chargea de rassembler les militaires originaires d’Alsace, qui embarquèrent le 21 décembre dans 4 wagons pour rejoindre Strasbourg. Le 25 décembre 1944, le groupe atteignit Nancy où il fut incorporé au Bataillon de marche (2/10 « Alsace »). Il arriva à Strasbourg le 2 janvier 1945, en pleine évacuation américaine devant la contre offensive de von Rundstedt. Il fut incorporé à la Première Armée, sous le commandement du général de Lattre de Tassigny.

Raymond Olff quitta l’armée en mars 1945. Il avait trouvé un emploi de rédacteur au ravitaillement général de Strasbourg en juin, puis à celui de Colmar, en janvier 1946. C’est dans cette ville qu’il se consacra au militantisme communiste. Il devint secrétaire de la section de Colmar et membre du bureau fédéral du Haut-Rhin. Il fut élu au conseil municipal en 1947, avec trois autres camarades ( dont Charles Metzger* et Maurice Olry*). Il fut élu administrateur de la Caisse départementale des allocations familiales.
Il fut chargé par le bureau fédéral du Haut-Rhin, à l’automne 1947, de préparer la tenue d’un grand meeting public avec Maurice Thorez, qui le pressa, au dernier moment, de traduire son discours en alsacien, devant plusieurs milliers de personnes.

Une manifestation pour la paix, prévue le 2 octobre 1949, fut interdite par la préfecture. Un relais de torches fut organisé pour déjouer l’interdiction. Raymond Olff fut arrêté.

Le 12 février 1950, le rationnement prenant fin, il fut licencié pour cause de suppression d’emploi. En septembre 1950, il fut embauché chez Sorice, entreprise d’import-export qui travaillait avec les pays de l’Est (voir Jean Jérôme*). Il fut chargé d’ouvrir le bureau de Francfort, où il s’installa avec toute sa famille. Il fonda en avril 1951 sa propre entreprise d’import-export de machines industrielles, Olff & Co, et son secteur d’activités comprit dès 1955 la Chine et l’Asie.
Pour des raisons de sécurité, il avait quitté le Parti communiste français, mais sa position lui permit d’être en contact avec le Parti communiste allemand clandestin. Il fut placé sur la liste rouge des autorités d’occupation américaines, qui le privèrent de visas à plusieurs reprises.

Après sa retraite, en 1985, il s’installa à Strasbourg et devint membre actif de l’AERI, qui établit de nombreux contacts avec les anciens résistants allemands.
Il avait rencontré Jeanine Lévy (née le 16 mai 1920 à Strasbourg, Bas-Rhin) en avril 1944. Elle s’était mise en même temps que lui au service du maquis, en tant qu’infirmière de l’AS. Ils s’épousèrent à Colmar, le 25 mars 1945. Le couple eut trois filles, dont des militantes du comité Justice et Liberté en Palestine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146313, notice OLFF Raymond par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 17 juin 2013, dernière modification le 2 décembre 2018.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Arch. dép. du Haut-Rhin 756 W. — Interview du 14 juin 1999. — Notes autobiographiques.

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