VERDIER François dit FORAIN

Par Élérika Leroy, Georges Portalès

Né le 7 septembre 1900 à Lézat-sur-Lèze (Ariège), mort abattu d’une balle de revolver après avoir été torturé, son corps mutilé fut retrouvé le 27 janvier 1944 dans la forêt de Bouconne à Lasserre (Haute-Garonne) ; chef d’entreprise de machines agricoles ; juge au tribunal de commerce de Toulouse ; dignitaire Franc-maçon ; secrétaire de la Ligue des droits de l’Homme ; résistant (Libération Sud) ; dirigeant du NAP (noyautage de l’administration publique) ; chef des Mouvements unis de la Résistance de la région R4 ; désigné comme Commissaire de la République de la région R4.

François Verdier passa son enfance dans l’Ariège puis fréquenta le lycée de garçons de Toulouse après que sa famille se fût installée rue Raymond IV à Toulouse où son père installa un commerce de machines agricoles.
En 1917, il obtint le Brevet de capacité pour l’enseignement primaire, diplôme d’accès au métier d’instituteur. Mais en 1918, alors que les combats faisaient rage depuis quatre ans, François Verdier s’engagea dans l’artillerie lourde sur voie ferrée.
Démobilisé en 1920, il travailla quelques temps auprès de son père et apprit le métier de marchand de machines agricoles.
Il épousa Suzanne Cartan en 1924 et eut un fils, Jacques, en 1925. Il rencontra Jeanne Lafforgue, institutrice, à la fin des années 1920, divorça et l’épousa en 1932 dans le Gers. Parallèlement, François Verdier s’émancipa de la tutelle paternelle et il créa sa propre entreprise en outils et machines agricoles. Son sérieux et son enthousiasme conquirent rapidement une clientèle régionale et François Verdier se forgea une réputation solide dans tout le Sud-Ouest et en Espagne. Il eut une fille en 1933, Françoise, qui rapidement devint pour lui sa douce et rieuse « Mounette ». François Verdier était fou de sa fille.
Il fut en 1934 initié au sein du Grand Orient de France et devint un officier maçonnique de la loge des « Cœurs réunis ». Sans être membre d’une organisation politique, il était, d’après Michel Goubet, proche des socialistes ou des radicaux-socialistes. Ce fut au sein de la maçonnerie et de son atelier que François Verdier développa et accentua son sens de l’engagement.
En 1936, François Verdier prit fait et cause pour les Républicains espagnols qui se battaient contre Franco. Il organisa des collectes qui furent acheminées au-delà des Pyrénées. Son soutien aux Républicains espagnols continua lors de la Retirada. François Verdier utilisa son entreprise et son réseau pour aider ses camarades espagnols. Il se porta garant des Espagnols qui avaient besoin de références, leur trouva du travail. Son côté généreux et profondément humaniste l’ont engagé très tôt dans des actions solidaires. Il se rapprocha notamment de Silvio Trentin, Raymond Naves et de la librairie du Languedoc, le nid de la future Résistance toulousaine.
En 1939, il fut de nouveau mobilisé et cantonné durant toute la « drôle de guerre » au service d’un officier dans une caserne toulousaine.
Revenu à la vie civile en juin 1940, il reprit ses activités mais la traque anti-maçonnique ainsi qu’anti-juive l’interpella. En novembre 1941, il fut démis de ses fonctions de juge au tribunal de commerce.
Il fit d’abord partie du mouvement Vérité puis Liberté-Égalité-Fraternité (LEF) puis de Libération-Sud. Au début de l’année 1943, il fut choisi pour seconder le docteur Maurice Dide au sein du Noyautage des administrations publiques (NAP). Ses qualités exceptionnelles firent qu’il fut le seul en capacité d’unir l’ensemble des forces clandestines. En juin 1943, François Verdier fut désigné par le « centre » pour unifier les groupes et mouvements de la Résistance à Toulouse en Haute-Garonne et dans la région. Il devint « Forain » le chef des MUR (Mouvements unis de la Résistance) de la région R4 (9 départements). Au dernier trimestre 1943, il fut désigné par la France libre pour devenir commissaire de la République mais il n’eut pas le temps de recevoir la nomination officielle.
Sur dénonciation, il fut arrêté par la Gestapo le 13 décembre 1943 dans une vaste opération de la police nazie qui toucha simultanément une centaine de résistants dans la région, il fut mis au secret. Son épouse, Jeanne, arrêtée quelques jours après, fut déportée au camp nazi de Ravensbrück. Sa fille put être cachée chez des amis jusqu’à la Libération. François Verdier fut questionné et torturé durant 44 jours dans les locaux de la Gestapo rue Maignac (aujourd’hui rue des Martyrs de la Libération). Malgré les souffrances qu’il endura, il garda le silence. Son corps mutilé fut retrouvé le 27 janvier 1944 dans la forêt de Bouconne près de Toulouse. On sut qu’il avait été extrait du véhicule avant d’être abattu par une balle de 11 millimètres dans l’abdomen. Ses assassins firent éclater une grenade de type F1 dans sa bouche pour rendre le corps méconnaissable. Découvert par le garde-forestier de Lasserre, Louis Bardou, l’enquête fut menée par la gendarmerie de Léguevin. il fut identifié grâce à son nom inscrit sur sa ceinture, à une lettre laissée à sa famille qui se trouvait dans poche de son manteau. La découverte de son corps puis son identité furent révélés par des entrefilets dans la presse, La Dépêche du Midi et Le Midi socialiste.
À la libération de Toulouse, le 19 août 1944, ses amis résistants décrochèrent les plaques des allées du Maréchal-Pétain pour les remplacer par celles de Forain-François-Verdier. Des allées et une station de métro de Toulouse portent son nom ainsi qu’un collège à Lézat-sur-Lèze (Ariège)et Léguevin (Haute-Garonne). Plusieurs communes de la région toulousaine ont une rue à son nom.
En 1945, une association fut créée, une stèle commémorative fut érigée sur le lieu de son assassinat, au cœur de la forêt de Bouconne. Tous les 27 janvier ou le dimanche qui suit cette date, un rassemblement à lieu sur ce site pour honorer sa mémoire.
Son nom a été donné à des allées près du Grand rond.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146317, notice VERDIER François dit FORAIN par Élérika Leroy, Georges Portalès, version mise en ligne le 7 mai 2013, dernière modification le 8 février 2021.

Par Élérika Leroy, Georges Portalès

Le buste de François Verdier a été dévoilé pour le 75e anniversaire de la Libération
Le buste de François Verdier a été dévoilé pour le 75e anniversaire de la Libération

SOURCES : Bulletin municipal de la ville de Toulouse, d’octobre 1944 consacré à la libération. — Guillaume Agullo, Forain François Verdier, Portet-sur-Garonne, Éditions Loubatières, 2004. — Jean Estèbe, Toulouse 1940-1944, Paris, Éditions Perrin, 1996. — Michel Goubet et l’Association Histoire de la Résistance en Haute-Garonne, La Résistance en Haute-Garonne, CD-ROM publié dans le cadre de la campagne nationale de l’AERI (Association pour des études sur la Résistance intérieure). — Michel Goubet, « Verdier, François », Dictionnaire historique de la Résistance, Bouquins, Robert Laffont, 2006. — Élérika Leroy, François Verdier, l’honnête homme, le résistant, l’unificateur, Toulouse, Privat, 2014, 256 p. — Entretiens de Georges Portalès avec Alain Verdier petit-fils de François Verdier, avril-mai 2013. — Courriels d’Élérika Leroy, 3 et 5 août 2017.
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Lien Internet : http://www.memorial-francoisverdier.fr/

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