Par Jacques Girault
Né le 18 juin 1911 à Lagraulière (Corrèze), mort le 11 novembre 1993 à Limoges (Haute-Vienne) ; instituteur en Creuse ; militant syndicaliste ; militant socialiste, conseiller municipal de Panazol (Haute-Vienne).
Fils de cultivateurs, Jean Monzat, pupille de la Nation après le décès de son père sur le front en 1915, reçut les premiers sacrements catholiques. Élève de l’école primaire supérieure d’Uzerche (Corrèze), il entra à l’École normale d’instituteurs de Guéret (Creuse) en 1927. La majorité des normaliens refusèrent de suivre la préparation militaire. Titulaire du brevet supérieur, du certificat d’aptitude pédagogique (1931), il fut instituteur à Fransèches (1933-1937) puis au hameau de Paulhac dans la commune de Saint-Etienne de Fursac (1937-1945), avant d’être nommé à Bénévent l’Abbaye, enseignant en cours complémentaire puis devenant directeur du collège d’enseignement général de l’établissement.
Jean Monzat se maria uniquement civilement en août 1933 à Ambazac (Haute-Vienne) avec une institutrice. Le couple eut un garçon qui ne fut pas baptisé.
Jean Monzat adhéra au Syndicat national (CGT) en 1930. Secrétaire du groupe des jeunes de 1934 à 1938, il participa comme délégué au congrès national de 1937 et entra au conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs en 1937, délégué à la propagande et chargé de recueillir la publicité pour le bulletin. Il devint pour 1939-1940 responsable des affaires corporatives. Avec des collègues, en 1938, il visita l’école de Vence (Alpes-Maritimes) de Célestin Freinet dont il pratiquait certaines méthodes. Gréviste le 12 février 1934 et le 30 novembre 1938, il partageait les luttes pour la paix du SNI, participa à l’aide aux républicains espagnols et approuva les accords de Munich. Influencé par les positions de la loge maçonnique du Grand Orient de Guéret à laquelle il fut initié en 1933, il affectait des distances par rapport à la religion. Membre actif de la Ligue de l’Enseignement, de la Libre Pensée, de la Ligue des droits de l’Homme, il impulsa le développement de la coopération scolaire.
Jean Monzat, membre du Parti socialiste SFIO depuis 1932, créa une section socialiste à Fransèches en 1934, anima à Fransèches un comité antifasciste, puis fut secrétaire de la section socialiste de Saint-Etienne de Fursac de 1937 à 1940.
Monzat fut mobilisé en août 1939 et démobilisé pendant l’été 1940. Il participa, avec les FTPF, aux actions de Résistance à partir de 1943. Contacté par le syndicat clandestin en juin 1943, il fut le premier secrétaire de la section clandestine qui comprenait à la fin de 1943 une centaine de membres. En avril 1944, il lança en direction des instituteurs un ordre de grève pour le Premier mai.
A la réunion du conseil national du SNI, les 27-28 mars 1945, assesseur, secrétaire de la section départementale du SNI, Monzat intervint sur la question de la réforme de l’enseignement. Il participa par la suite à des réunions statutaires. Lors du débat du conseil national du 18 décembre 1947, dans la discussion sur l’attitude à tenir lors de la grève des instituteurs parisiens, dans son intervention, il se prononça pour le respect des mandats reçus, mais qu’il fallait « aussi tenir compte des éléments apportés dans les débats ». Lors du débat de 1948 sur l’attitude à tenir face à la scission syndicale, il exprima son souci de rester unis. Il resta membre du conseil syndical après 1948.
Toujours franc-maçon et socialiste, Jean Monzat adhéra au Parti socialiste unifié en 1960. A la retraite, il habitait Panazol en Haute-Vienne. Il devint conseiller municipal en 1983.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Nat., 581AP/99. — Renseignements fournis par l’intéressé. - Presse syndicale.