LORENZ Jean-Pierre (LORENTZ, souvent Pierre seulement)

Par Pierre Schill

Né le 21 mars 1890 à Guerting (Lorraine annexée), mort le 27 février 1959 à Petite-Rosselle (Moselle)  ; mineur dans les houillères de Moselle  ; militant du syndicat des mineurs de charbon CGTU puis CGT de Moselle et du Parti communiste.

Jean-Pierre Lorenz commença à travailler à l’âge de 14 ans aux Mines de La Houve à Creutzwald (Lorraine annexée). Il y resta jusqu’en janvier 1915 lorsqu’il fut embauché comme mineur aux puits V et Sainte-Fontaine des houillères de Sarre et Moselle à Merlebach (Lorraine annexée). En 1917, il retourna travailler aux mines de La Houve puis repartit en juin 1918 à Merlebach où il fut mineur jusqu’en 1926. À partir de juillet 1927, il fut embauché comme mineur aux Houillères de Petite-Rosselle, propriété de la famille de Wendel. Il y travailla jusqu’en septembre 1939 puis d’août 1945 à octobre 1948. La carrière professionnelle de Jean-Pierre Lorenz fut donc marquée par une grande instabilité qui le vit travailler pour les trois compagnies minières du bassin houiller de Moselle.
Cela s’explique en grande partie par son engagement syndical et politique. D’après Henri Hilt* il aurait ainsi été licencié par la houillère pour avoir voulu défiler, en compagnie de Nicolas Adam*, avec le drapeau rouge devant la sous-préfecture de Forbach (Moselle) le 1er mai 1934. Après la plupart de ses renvois il put être réembauché dans l’une ou l’autre des compagnies mais en subissant toujours une période de chômage assimilée à une période de « purgatoire » par les directions des mines.

Jean-Pierre Lorenz joua un rôle très important lors des grèves du Front populaire. Résidant alors à Stiring-Wendel et travaillant au puits Simon, il était particulièrement surveillé par la direction de la houillère de la famille de Wendel qui le considérait comme une « forte tête ».

Il fut évacué en septembre 1939 dans le Pas-de-Calais où les mineurs des Houillères de Petite-Rosselle travaillaient toujours pour la maison de Wendel. Une note de la direction rosselloise, sur laquelle il figure, signalait en janvier 1940 à la direction de la Mine de la Clarence à Calonne-Ricouart les mineurs jugés « indésirables » en raison de leurs activités syndicales.

Son nom figurait dans le compte rendu d’interrogatoire d’Alphonse Rieth* arrêté par la Gestapo en octobre 1940 alors que la Moselle était annexée au Reich hitlérien. Le secrétaire général du Syndicat confédéré des mineurs de Moselle y décrivait dans le détail les structures de la CGT mosellane. Il était présenté comme l’un des principaux dirigeants du syndicat en Moselle. Le compte rendu mentionne à propos de ses orientations politiques : « communiste ». Expulsé de Moselle annexée le 18 septembre 1940, il partit s’installer dans le sud de la France : il travailla aux mines de la Caunette dans l’arrière-pays de l’Hérault entre juin 1941 et mars 1942, date à partir de laquelle il occupa un emploi d’ouvrier agricole jusqu’à la Libération.

De retour en Moselle à la Libération, Jean-Pierre Lorenz se présenta aux élections municipales du 19 octobre 1947 à Stiring-Wendel sur la liste d’Union républicaine et résistante (gauche). La liste obtint une moyenne de 835 voix sur 2 787 suffrages exprimés pour 2 869 votants et 4 275 électeurs inscrits.

Il participa de manière active à la grève d’octobre 1948 au groupe de Petite-Rosselle des Houillères du Bassin de Lorraine (HBL). Son activisme lui valut d’être arrêté par la police de la circonscription de sécurité publique de Forbach en raison de « violence à fonctionnaire de police dans l’exercice de sa fonction ». Il fut emprisonné pendant trois mois car il aurait incité de jeunes mineurs à jeter des pierres sur les non-grévistes et les forces l’ordre. Renvoyé de la houillère une dernière fois le 9 novembre 1948, Jean-Pierre Lorenz fit valoir ses droits à la retraite.

Jean-Pierre Lorenz s’était marié avec Cunégonde née Oberhauser à Grande-Rosselle (Sarre, Allemagne) puis remarié en 1924 avec Marie née Wenzel dont il eut quatre enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146428, notice LORENZ Jean-Pierre (LORENTZ, souvent Pierre seulement) par Pierre Schill, version mise en ligne le 15 mai 2013, dernière modification le 15 mai 2013.

Par Pierre Schill

SOURCES : Archives des Houillères du Bassin de Lorraine : Vt233-B128 ; Vt323-B20 et B26 ; dossier personnel. – AD Moselle 1330 W 266. – Le Républicain Lorrain, 20 octobre 1947. - Renseignements fournis par Henri Hilt et Mme Robert Lorenz, sa belle-fille. - Luitwin Bies, Gestapo contra CGT Lothringen. Die Auskünfte des Alphonse Rieth von 1940, Saarbrücken, VVN-Bund der Antifaschisten, Landesverband Saar, 2000. - Pierre Schill, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, éditions Serpenoise, 2006.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable