MOTTAY Michel, Charles

Par Jacques Cousin

Né le 3 juin 1937 à Seiches-sur-le-Loir (Maine-et-Loire) ; instituteur en Mayenne ; militant syndicaliste.

Fils d’un mécanicien et d’une couturière, Michel Mottay entra à l’École normale d’instituteurs de Laval (Mayenne) avec la promotion 1957-1958 après avoir commencé dans la profession d’enseignant comme intérimaire. Bien que travaillant dans un collège d’enseignement secondaire de Laval, il refusa toujours d’être intégré comme PEGC et garda son statut d’instituteur. En mars 1965, la tendance mayennaise de « l’École émancipée », favorable à la préparation de grèves générales illimitées et au renversement du système économique et social bourgeois, se trouvait en profond désaccord avec les majoritaires et la tendance « Unité et Action ». Elle décida de présenter sa propre liste aux élections pour le renouvellement du conseil syndical et obtint 5 élus (dont Mottay) sur 25 sièges à pourvoir. Il représenta la section mayennaise du SNI au congrès de Paris en 1965. Lors du renouvellement du conseil syndical de la section, en mars 1967, chacune des trois tendances décida de soutenir son propre programme. La liste de « l’École émancipée » obtint 3 sièges. Mottay, en seconde position, élu, fut chargé de la commission des jeunes. Il présenta la motion d’orientation de « l’École émancipée » à l’assemblée générale départementale du 22 juin 1967. Rappelant quelques principes de sa tendance (la lutte des classes, l’opposition à toute hiérarchie cause de division et d’exploitation), il proposa une offensive de l’ensemble de la classe ouvrière. Quelques mois après les événements de mai 1968, dans lesquels il avait placé beaucoup d’espoir, Mottay dénonçait la trahison dans une tribune libre publiée par La Voix Syndicale de septembre-octobre : « Le mouvement de mai n’a pas échoué : il a été trahi ». Il estimait notamment, pour la Mayenne, que les dirigeants syndicaux des différentes unions départementales avaient tout fait pour couler le comité de liaison des travailleurs constitué le 13 mai à la Maison du Peuple, à Laval, par une cinquantaine de militants, pour le remplacer par un comité intersyndical pris en main par les syndicats. Il concluait ainsi « Il faut organiser le front de résistance ! ».

Son mandat de conseiller syndical de la section fut reconduit en mars 1969. Cependant, dans La Voix Syndicale de novembre-décsembre 1969, une déclaration du groupe « École émancipée » de la Mayenne précisait : « L’École émancipée n’a jamais été, n’est pas et ne saurait être la courroie de transmission d’une organisation politique qui viserait à utiliser la tendance pour introduire dans les syndicats de la FEN, ses propres mots d’ordre. Ayant abandonné cette conception de la tendance EE et décidé de défendre les positions de la tendance dite pour le Front unique ouvrier, le camarade Mottay, élu sur la liste et avec le programme des Amis et sympathisants de L’École émancipée ne peut plus désormais se réclamer de cette dernière tendance dans ses interventions à l’intérieur de la section mayennaise du SNI ». Dans le même numéro, Michel Mottay répondit au communiqué en précisant qu’il ne démissionnerait pas du conseil syndical, qu’il continuerait à militer à « l’École émancipée pour le Front unique ouvrier » et qu’il défendrait l’orientation « lutte des classes ». Il précisait d’autre part que, pour lui, les organisations syndicales regroupaient les travailleurs pour la défense de leurs intérêts, alors que les partis politiques organisaient les travailleurs pour un programme précis qui posait la question de la conquête du pouvoir. Michel Mottay précisait enfin : « Y aurait-il coupure totale ? Certainement pas, car les intérêts des travailleurs et les programmes politiques sont intimement liés. Les premiers traduisent au particulier ce que les seconds traduisent au général ».

En 1974, le département de la Mayenne comptait 24 suppléants éventuels. La section départementale du SNI lança alors un mot d’ordre de grève reconductible pour le 28 mai, avec pour objectif leur inscription sur la liste des remplaçants dont le statut était plus avantageux. Une occupation de l’inspection académique, le 5 juin, terminée par un matraquage des manifestants entraîna de nouveaux mots d’ordre de grève les 7, 12 et 14 juin. Ce dernier mouvement, prévu le jour du BEPC, se solda par un échec. Sous la pression des tendances EE et FUO et plus particulièrement d’Albert Pelé et de Michel Mottay, une assemblée générale des grévistes fut réunie aussitôt, sans avoir été convoquée par les instances du syndicat. Elle se déroula dans une grande confusion. Certains réclamaient un durcissement de la grève, d’autres soulignaient les difficultés rencontrées par des enseignants face à leurs parents d’élèves. Michel Mottay déclara : « Il faut sauvegarder l’unité du SNI ». À la fin de l’assemblée générale, Lucien Sosson*, secrétaire général, souligna, en réponse aux opposants, qu’« une réunion qui n’est pas convoquée statutairement ne saurait avoir le pouvoir d’engager la section départementale dans une action quelconque ». Il refusa de laisser entraîner la section dans des actions qui risquaient de mettre en danger son unité et sa cohésion et proposa une consultation de tous les syndiqués pour déterminer ce qu’il convenait de faire. Cette intervention de Sosson lui attira les critiques des trois tendances minoritaires lors de l’AG départementale statutaire du 26 juin. Mottay, qui intervenait au nom de la tendance FUO déclara notamment que toutes les actions avaient été démocratiquement décidées. Il ajouta : « Jusqu’au 14, je désirais voter le rapport d’activité départemental, mais après la déclaration de Sosson, je me suis demandé ce qui s’était passé le jeudi. Le 12, l’AG avait voté valablement la grève du 14. Je ne voterai pas le rapport d’activité et je demande aux camarades qui se sont engagés dans la grève de me suivre ». Albert Pelé, Guy Goupil, Keromnès, Maudet pour « l’École émancipée », Gaonac’h pour « Unité et Action » intervinrent dans le même sens avec plus ou moins de virulence.

Le rapport d’activité de la section départementale ayant été repoussé par 156 voix contre 83 et 13 abstentions, Michel Mottay intervint à l’assemblée générale de la section du 21 juin 1975, au nom de la tendance EE-FUO, pour préciser qu’il voterait le rapport d’activité national afin de sauvegarder l’unité du SNI et pour approuver la lutte contre la réforme Haby ; mais il indiqua qu’il voterait contre le rapport départemental afin de montrer son désaccord vis-à-vis de la mesure d’exclusion frappant Albert Pelé*. Aux élections de mars 1979, il présenta une liste du FUO qui n’obtint aucun élu. En revanche, celles de mars 1982 lui furent plus favorables (16 UID, 5 UA, 3 EE, 1 FUO : Michel Mottay). Lors du conseil syndical du 18 mars 1983, il se prononça pour la suppression des conseils d’école. « On ne peut tolérer que des groupes extérieurs viennent s’insérer dans l’école ». Dans une tribune libre publiée dans La Voix Syndicale de mars-avril 1983, il résumait ainsi ses positions en matière de laïcité : « Depuis un an et demi, Savary ne cesse de « concerter ». Il va, dit-il, commencer à négocier. Négocier quoi ? [...]. Pour nous, militants de l’École émancipée pour le Front unique ouvrier, le véritable débat syndical sur la mission Legrand doit conduire à affirmer notre exigence prioritaire d’enseignants laïques : abrogation immédiate des lois anti-laïques qui financent l’enseignement privé confessionnel, son projet pédagogique et son caractère propre, machine de guerre contre l’enseignement public ».

En 1984, la majeure partie des candidats présents sur la liste FUO quitta la section départementale du SNI pour créer avec Pascal Grandet et André Warnet* le SNUDI-FO et le SNLC-FO. Michel Mottay resta fidèle au SNI-PEGC. Il démissionna, par lettre en date du 5 mars 1984, de son mandat de conseiller syndical : « Les camarades de l’EE-FUO avec lesquels j’avais présenté la liste "Combat laïque" aux dernières élections au conseil syndical ont décidé de quitter le SNI-PEGC. Dans ces conditions, je ne me considère plus mandaté pour siéger au CS … ».

En 1992, Michel Mottay prit sa retraite dans les Pyrénées-Atlantiques. En 1999, il y était toujours conseiller syndical de la section départementale du SNUIPP.

Michel Mottay se maria le 8 janvier 1966 à Laval avec Louise Lanusse, institutrice. Veuf, il se remaria le 4 février 1989 à Alonnes (Sarthe) avec Violette Etchevery, contrôleur des impôts. Le couple divorça en 1994.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146492, notice MOTTAY Michel, Charles par Jacques Cousin, version mise en ligne le 16 mai 2013, dernière modification le 16 mai 2013.

Par Jacques Cousin

SOURCES - Arch. dép. Mayenne, Fonds de la section départementale du SNI-PEGC, La Voix Syndicale. — Archives de l’École normale d’instituteurs de Laval. — Bulletin départemental de l’éducation nationale, Mayenne, tableau de classement, janvier 1969. — Note de Jacques Girault.

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