Par Didier BIGORGNE
Né le 29 juillet 1925 à Epernay (Marne), mort le 2 octobre 2016 à Quimperlé (Finistère) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI ; dirigeant du Parti communiste français et du Mouvement de la paix dans les Ardennes.
Fils d’un maçon qui devint facteur et d’une mère au foyer, André Mouricou vécut dans une famille de trois enfants. Après avoir obtenu le brevet élémentaire en 1941, élève-maître au lycée de Charleville de 1943 à 1945, il réussit le baccalauréat « Lettres » en 1944. Titulaire du CAP d’instituteur en 1945, André Mouricou enseigna au lycée Vauban de Givet (Ardennes), d’abord comme stagiaire du 1er octobre au 31 décembre 1945, puis en qualité de titulaire du 1er janvier 1946 au 31 août 1964. Le 14 septembre 1946, à Givet, il épousa Lucie, Renée Brousse, institutrice ; de cette union naquirent une fille et un garçon.
À partir du 22 mars 1945, André Mouricou fit partie de la commission des jeunes de la section ardennaise du Syndicat national des instituteurs : il représentait les normaliens de quatrième année. Le 24 janvier 1946, élu au conseil syndical des Ardennes, il y siégea jusqu’au 7 octobre 1948.
André Mouricou adhéra au PCF en 1945 et devint rapidement membre du secrétariat de la section de Givet ; il s’y révéla un militant fort actif. Le 29 juillet 1952, il fut condamné à 4 000 francs d’amende par le tribunal correctionnel de Rocroi pour « prévention d’apposition d’affiches ne portant pas le nom et le domicile de l’imprimeur ». Le 3 octobre suivant, Mouricou et François Profili, instituteur et secrétaire de la section, furent condamnés par le juge de Paix, en audience de simple police, pour « inscriptions à caractère politique sur les chaussées de la ville de Givet » à 1 800 francs d’amende chacun et 20 000francs solidairement de dommages-intérêts envers l’État. Membre du comité fédéral du PCF du 1er mars 1953 au 27 janvier 1963, il siégea aussi au bureau départemental du Mouvement de la paix de 1954 à 1961.
André Mouricou représenta son parti aux élections pour le Conseil général, à trois reprises, dans le canton de Givet. En 1951, il obtint 1 177 voix sur 6 256 inscrits et 3 987 votants au premier tour ; il rassembla 1 392 voix sur 4 427 votants au scrutin de ballottage, échouant face au conseiller général socialiste sortant, Émile Benoist. Le 20 avril 1958, il recueillit 1 536 voix sur 7 226 inscrits et 5 334 votants ; il devançait le candidat du Parti socialiste SFIO, Albert Gaillot de 63 voix. Entre les deux tours, la fédération du PCF estima que le maintien de son candidat ne présentait pas « les meilleures conditions d’un rassemblement des voix de gauche » ; elle décida alors son désistement en faveur du socialiste, « candidat de la gauche et de la laïcité », qui l’emporta au scrutin de ballottage. Enfin, il obtint 1 300 voix sur 7 557 inscrits et 4 489 votants le 8 mars 1964 ; il réunit 2 339 suffrages sur 5 185 votants au second tour, mais il fut devancé par le gaulliste Roger Declef. André Mouricou fut aussi candidat, sans succès, sur la liste du PCF présentée à Givet aux élections municipales de 1953 et 1959.
Détaché à l’École supérieure de pédagogie de Vientiane (Laos) du 1er septembre 1964 au 14 septembre 1969, André Mouricou réussit le diplôme pour l’enseignement du français par les méthodes audio-visuelles à Besançon en 1966, puis le CAPCEG-section II lettres histoire-géographie le 17 juillet 1969. Soupçonné de sympathie pour la Chine communiste par le gouvernement qui souhaitait son départ, il quitta le Laos pour poursuivre sa carrière d’enseignant à Haiti, puis en Iran.
À la retraite depuis 1978, il était installé à Möelan-sur-Mer (Finistère).
Par Didier BIGORGNE
SOURCES : Arch. Dép. Ardennes, 77 WE 121 (dossier Inspection académique). — Arch. du comité national du PCF. — Bulletin de la section ardennaise du Syndicat national des instituteurs, 1945 à 1948. — Liberté, 1951-1952. — l’Humanité-Dimanche, « Une semaine dans les Ardennes », 1953 à 1964. — L’Ardennais, 24 avril 1958. — Presse locale. — Entretien avec l’intéressé (2 mai 2012). — Notes de Jacques Girault.