MERLE René

Par Gérard Leidet

Né le 9 août 1936 à La Seyne-sur-Mer (Var) ; professeur, écrivain ; militant communiste (1953-1980) et associatif, cofondateur et responsable de l’association 1851 pour la mémoire de l’insurrection républicaine.

René Merle naquit dans une famille d’enseignants au sein de laquelle il reçut une éducation laïque, communiste et profondément imprégnée de culture ouvrière et républicaine. Il est le fils de Toussaint Merle, instituteur et militant syndicaliste qui participa avec le SNI à la grève du 30 novembre 1938, militant socialiste puis communiste ; élu communiste enfin qui « marqua profondément la vie politique de La Seyne et du département après la Seconde Guerre mondiale » (Jacques Girault). Sa mère, Marie Louise Dugourg, née à La Seyne en 1913 était elle aussi institutrice. Elle figura sur la liste « d’union républicaine et résistante présentée par le PCF » pour le collège départemental chargé d’élire le Conseil de la République, le 24 novembre 1946 et devait plus tard, entre 1971 et 1977, être conseillère municipale de La Seyne-sur-mer.

Après avoir fréquenté à La Seyne-sur-mer l’école communale puis le collège Martini, René Merle rejoignit l’École normale d’instituteurs d’Aix-en-Provence en classe de 1ere lors de la rentrée d’octobre 1951. C’est là, en se liant à un « groupe communiste » informel mais néanmoins bien structuré, que se précisa son intérêt face aux questions sociales. Élève boursier en classe préparatoire au lycée Lakanal de Sceaux après l’obtention du baccalauréat en 1953, René Merle adhéra dans la foulée au Parti communiste. Il intégra l’École normale supérieure de l’enseignement technique (ENSET) en 1954 et y demeura jusqu’en 1957, précédant de quelques années dans ces établissements son ami d’enfance Jacques Girault. René Merle adhéra au SNET cette année-là puis assuma des responsabilités au sein du comité national de l’UJRF pendant l’année scolaire 1955-1956. Militant de la cellule communiste de Lakanal, René Merle assuma des responsabilités durant deux années au comité national de l’UJRF, participant notamment au 5e Festival de la jeunesse à Varsovie en 1955.

Après l’obtention du CAPET lettres, René Merle fut nommé à sa sortie de l’ENSET professeur au lycée technique de Reims lors de la rentrée 1957. En 1960-1962, père de famille, il accomplit son service militaire en métropole. Libéré à l’automne 1962, il obtint un poste de professeur au lycée technique de garçons Rouvière à Toulon. À l’automne 1969, René Merle fut nommé au lycée Beaussier à La Seyne-sur-Mer. Agrégé d’histoire en 1972, il exerça un an au lycée Dumont d’Urville à Toulon (Var) avant de retourner en 1974 au lycée Beaussier. Durant toute cette période, il milita dans les cellules communistes de ces établissements sauf à Reims (Marne) où son activité politique avait lieu dans la cellule de son quartier.

Sur le plan syndical, René Merle avait accompagné, au milieu des années 1960, la logique de rapprochement du SNET et du SNES qui aboutit à la fusion des deux syndicats au sein du « nouveau SNES » (classique, moderne, technique). En 1966, il suivit la direction du courant « Unité et Action », né de la fusion du courant UASE du SNET et de la « liste B » du SNES. Membre du comité de section La Seyne-ville et du comité Fédéral PCF du Var, René Merle devint en 1977 conseiller municipal de La Seyne. À partir de cette décennie, il se retrouva en désaccord avec une direction nationale du PCF qui prenait, selon lui, des « virages successifs » jamais complètement justifiés ou assumés. Tout en restant « communiste de cœur », il ne reprit pas sa carte en 1980.

En 1987, René Merle soutint une thèse sur l’écriture du provençal de 1775 à 1840. Intitulée Inventaire du texte occitan, publié ou manuscrit dans La Zone culturelle provençale et ses franges, elle fut publiée en 1990 aux éditions Cido à Béziers (Hérault). Il publia entre 1987 et 2011 de nombreux ouvrages de recherche sociolinguistique dans les domaines occitan et franco-provençal.

Et c’est autour d’autres enjeux, d’écriture (langue provençale), d’histoire et de mémoire (la Seconde République et ses liens avec le mouvement ouvrier) que René Merle développa un militantisme occitaniste articulé à son engagement politique. Il publia en 1977 aux Éditions sociales, Culture occitane, per avançar ainsi que de nombreux articles sur de thème dans la presse communiste (La Marseillaise, L’Humanité, France-nouvelle, La Nouvelle critique).
Redécouvrant l’utilisation politique de la langue populaire chez les « démoc-socs » (démocrates-socialistes) et revisitant l’insurrection de 1851, René Merle cofonda en 1997 L’Association 1851-2001 pour la mémoire de l’insurrection républicaine et en devint président, dans le cadre du 150e anniversaire, visant à la fois un « travail d’éducation populaire et de masse » fort actif dans le Sud-est. Il fut l’auteur de nombreuses publications sur ces thématiques (voir son œuvre). En 2002, 1851-2001 devint l’Association 1851 pour la mémoire des Résistances républicaines, une équipe réunie autour de l’historien Jean-Marie Guillon prolongea alors le travail entrepris.

C’est à la suite d’un contact avec Patrick Raynal, directeur de la Série noire depuis 1991, que René Merle écrivit 13 reste raide en 1997. L’écriture de polars mêlant l’étude de la société méridionale et les questions sociales se prolongea avec Gentil n’a qu’un œil. Ce roman noir et politique, très bien accueilli par la presse-notamment le journal l’Humanité par la plume de Claude Mazauric, faisait revivre une certaine tradition, celle du feuilleton populaire très prisé au XIXe siècle.

René Merle avait épousé Annette Borgniet, fille d’instituteurs, professeur, qui milita au PCF et au Planning familial. Son beau père Léon Borgniet, instituteur, avait été dans le département de la Marne secrétaire de la section du SNI, conseiller général (1945-1956) et secrétaire fédéral du PCF (1946-1948).

Le parcours de René Merle, depuis longtemps attaché au souvenir de l’insurrection républicaine de 1851 témoigne d’une trace singulière, celle d’un créateur et d’un militant pleinement « convaincu que les idéaux de la démocratie socialiste qui animaient les insurgés sont toujours porteurs de dignité et d’espérance… ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146607, notice MERLE René par Gérard Leidet, version mise en ligne le 20 mai 2013, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Gérard Leidet

ŒUVRE :
-  ROMANS : Treize reste raide, Série Noire, Gallimard, 1997, deux éditions. 1998, une édition ; Opération Barberousse, L’Écailler du Sud, 2001 ; Le couteau sur la langue, Éditions Jigal, 2001 ; Gentil n’a qu’un œil, Éditions de la Courtine, 2003 ; Le nombril du Monde, Te pito o te Henua, L’Ecailler, 2004 ; C’est quoi la philo ? L’Écailler, 2006.
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-  NOUVELLES : En passant per la Comuna..., Obradors, Centre d’études occitanes Université Paul Valéry, Montpellier, Novèla Tièra, 7, 1975. Nouvelle en langue d’Oc ; Virtual perfection, dans l’ouvrage collectif Treize rue Gachimpega, Nice, Éditions du Ricochet, 1998 ; Lettre A10, pp. 30-31, dans l’ouvrage collectif Lettres anonymes, Grignan, Colophon, 1998 ; Allez Bozzi, dans l’ouvrage collectif Le Mondial bleu, l’épopée victorieuse, Var Matin, Autres Temps, 1999 ; Lagoubran - Var Matin, 19 septembre 1999 ; La Belle de Mai, dans l’ouvrage collectif Marseille, du noir dans le jaune, pp.167-203, Paris, Autrement, 2001 ; Tire ta langue, dans l’ouvrage collectif Impressions de Voyage, Grignan, Colophon, 2002 ; Damazarbo, Ville de Manosque, 2002. plaquette 49 p ; La communion des Saints, L’Humanité, 16 juillet 2004. Publiée dans 36 nouvelles noires pour l’Humanité, Éditions Hors Commerce, Hors noir, 2004 ; Le Noir Mouton, Encre Noire, le fanzine belge des littératures de l’imaginaire, 37, 2004 ; À la porte des Chantiers, Var Matin, Contes de Noël, 2004 ; Papy Noël, La Marseillaise, contes de Noël 2004 ; Marrit pantais, Armanac de Mesclum 2005 (nouvelle en langue d’Oc) ; Le Mainate, PCA Hebdo, Patriote Côte d’Azur, 2005 ; La mémoire qui flanche ? Marseille l’Hebdo, 2005 ; Lo polit mès de Mai - Le joli mois de Mai", - Revue Verdon, août 2005. (Nouvelle en langue d’Oc et traduction française) ; Borobodur, CCAS infos personnel industries électrique et gazière, 2005 ; A la pòrta dei « Chantiers », Armana de Mesclum, 2006. (nouvelle en langue d’Oc) ; Le ganchou, dans l’ouvrage collectif De mer, de pierre, de fer et de chair… Port autonome de Marseille, 2006 ; La Belle de Mai dans l’ouvrage collectif Il Mistral non ha ombra, Messina, Mesogea, 2011.
THÉÂTRE : Poupre et Compagnie, Compagnie André Neyton, éditions Centre Dramatique Occitan, Toulon, 1976, (première représentation, 14 février 1976).
POÉSIE : "Òda a La Sanha", Obradors, - Centre d’études occitanes Université Paul Valéry, Montpellier, Novèla Tièra, 6, 1974 ; « Le Radeau de la Méduse », Lo Radèu de la Medusa, 1989 ; « Le Radeau de la Méduse », Lo Radèu de la Medusa, 1992 ; « Contributo al dibattito », Tr’òc, 24, 1992 ; "Lo crit de la Medusa", Occitans !, n° 59, 1994.
ARTICLES : Maurice et René Merle - "Le Radeau de la Méduse", Entretien, Impressions du Sud, 1989 ; "Sur Marseille", Programme du Festival du film de Dunkerque, novembre 1998 ; "Sur Marseille et les Bouches-du-Rhône", Accents, le Mensuel des Bouches-du-Rhône, Conseil Général 13, Spécial « Passions Méditerranéennes », 84, 1998 ; “Entretien : le polar, une autre façon d’écrire l’histoire”, Filigranes Revue d’Écritures, n° spécial polars, 49, 2001 ; « 30 auteurs répondent à la question : Que pensez-vous des lecteurs de polars ? » ; « “Nos” Celtes “de Provence”... Du sens d’un fantasme ? (à propos de trois romans : Lamblard, Merle, Tennevin) », site René Merle ; « Meymac 21 mai 2006, journée du livre, un entretien avec Serge Vacher », Limoges, revue La Vache qui lit, 76, 2006 ; « Langues et niveaux de langues dans les deux conflits du travail aux forges et chantiers de La Seyne-sur-mer, (Var) 1897 et 1898 », le Bulletin de Promémo, n° 4, janvier 2006 ; le polar social et la réalité régionale, le Bulletin de Promémo, n° 11, février 2010.
HISTOIRE : « Le Var et la Commune », in Autour de la Commune de Marseille, aspects du mouvement communaliste dans le Midi, 1870-1871, sous la direction de Gérard Leidet et Colette Drogoz, ed Syllepse, 2013.
De nombreux articles et conférences relatifs à l’histoire sociale des XIXe et XXe siècles sont recensés sur le blog de René Merle (« bibliographie Histoire », jusqu’en 2010).
Voir enfin la bibliographie très dense consacrée au domaine de la langue d’oc et du franco-provençal, jusqu’en 2010 sur le blog de René Merle.

SOURCES : Archives du comité central du PCF, Bios 1973. — Entretien avec le militant 23 mai 2012. — Notes de J Girault. — Blog de René Merle.

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