JUVENTY Lucien

Par Julien Chuzeville

Né le 9 novembre 1893 à Le Charme (Loiret), mort le 14 juin 1936 à Clichy (Seine) ; employé de pharmacie, puis agent des postes ; militant des fédérations SFIO de l’Yonne et du Loiret dans les années 1910 ; militant du Parti communiste dans la Seine au début des années 1920 ; syndiqué CGT puis CGTU ; mobilisé pendant la Première Guerre mondiale ; adhérent de l’ARAC.

Fils de cultivateurs, Lucien Juventy travailla dès l’âge de quatorze ans comme berger, puis à partir de mars 1913 comme employé de pharmacie à Sens dans l’établissement du socialiste Louis Hinglais.

Il devint socialiste vers 1908-1909, sous l’influence de son frère aîné Gaston qui était militant de la SFIO et de la CGT (né en 1881, mort au front en octobre 1914). Lucien Juventy écrivit quelques articles dans Le Pioupiou de l’Yonne et Le Travailleur socialiste de l’Yonne, sous le pseudonyme Lucien Floréal. En 1913 il participa à la campagne contre l’allongement du service militaire à trois ans, puis en avril-mai 1914 à la campagne législative dans la circonscription de Sens qui aboutit à l’élection du candidat socialiste Aristide Jobert.

Apprenant le 1er août 1914 l’assassinat de Jaurès, il partit pour Paris afin de participer à un soulèvement pour empêcher la guerre. Mais il n’y trouva d’abord que le calme absolu, puis assista à des manifestations du « chauvinisme le plus épileptique » : le saccage des magasins présumés étrangers. Revenu chez lui, il écrira qu’une « démence générale semble s’être emparée de tout le pays ». Quelques semaines plus tard il était mobilisé au sein du 37e Régiment d’infanterie, puis fut à partir de 1915 affecté au 20e RI. Il résumera son état d’esprit en écrivant : « Pourvu que ça finisse rapidement et que nous rentrions chez nous, tel est notre pauvre objectif ». Gravement malade à plusieurs reprises, il alterna des périodes de front et d’hôpital, et fut démobilisé en 1919.

Après son mariage en 1919 avec Louise Goupillon, il s’installa en région parisienne. Suite à la scission de Tours il suivit la majorité, et milita à la section de Belleville du Parti communiste. Il quitta le PC à l’automne 1924, au moment de la « bolchevisation ». Cependant, il resta pendant plusieurs années membre d’organisations proches du PC : CGTU, Association républicaine des anciens combattants et Secours rouge international. Il quitta ces dernières en 1929, parlant de son « écœurement » devant l’évolution du PC et sa « politique sectaire », et critiquant « le bourrage de crâne » en son sein. En 1930, il était sympathisant du groupe communiste dissident autour de Louis Sellier qui forma le Parti ouvrier-paysan et publiait l’hebdomadaire Ca ira !.

À la fin de sa vie Juventy adhéra à la Ligue des droits de l’Homme, et continuait de participer à des manifestations du mouvement ouvrier – comme celle du 12 février 1934.

Il écrivit en 1933 des souvenirs inachevés sur la guerre, qui ont été dactylographiés en 1988 par son fils, complétés par des lettres qu’il avait envoyé pendant le conflit à un ami militant (Hector Cachon).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146647, notice JUVENTY Lucien par Julien Chuzeville, version mise en ligne le 21 mai 2013, dernière modification le 16 janvier 2019.

Par Julien Chuzeville

SOURCES : Lucien Juventy, Souvenirs et lettres, 1914-1918, présenté et commenté par son fils Jacques Juventy, dactylographié, 1988. – Jacques Juventy, Jalons : itinéraire d’un ancien combattant, 1919-1936, dactylographié, 1993. — Michel Cordillot (dir.), "Plutôt l’insurrection que la guerre !", l’antimilitarisme dans l’Yonne avant 1914, Adiamos89, 2005. — Gilles Heuré, Gustave Hervé, itinéraire d’un provocateur, La Découverte, 1997. — Entretien avec son petit-fils Sylvain Juventy, 2013.

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