LE GOUARDER François

Par Jacques Defortescu, Gilles Pichavant

Né le 17 octobre 1917 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 4 novembre 1999 à Montivilliers (Seine-Maritime) ; syndicaliste CGT Secrétaire du syndicat CGT de la marine marchande au Havre.

François Le Gouarder au centre aux cotés de J.Defortescu et G. Batard lors d’une manifestation devant le paquebot France le 1 er Mai 1974". (Photo IHS Cgt 76)

Le père de François Le Gouarder était né le 7 décembre 1869 à Plouha (Côtes-du-Nord), inscrit maritime, marin à la pêche sur les bancs de Terre-Neuve, puis au Long Cours au commerce à la Compagnie Générale Transatlantique, il fut chauffeur sur les paquebots. Sa mère, Marie Louise Broudic, était née à, Louannec (Côtes-du-Nord) le 10 août 1874.
François Le Gouarder fréquenta l’École des Étoupières au Havre. Il entra sur le marché du travail à 13 ans en 1930 dans une entreprise de quincaillerie, chez Colin, rue de Paris au Havre. De 1932 à 1934, il fut apprenti charcutier, puis ouvrier charcutier chez Mercier, rue Bernardin de Saint Pierre au Havre, en 1935, il travailla à la Charcuterie Navière rue Saint-Jacques, au Havre, pendant 3 mois de janvier à mars.
Il adhéra à la CGT le 20 avril 1935. Le 14 avril 1935, il avait embarqué sur « l’Orégon », navire de la Compagnie Générale Transatlantique, comme novice et matelot, puis sur le paquebot « Paris » du 11 août au 5 octobre 1937. Il fit alors son service militaire et fut maintenu sous les drapeaux à la déclaration de guerre.
Il participa au combat du 3 juillet 1940 à Mers-El-Kebir sur « Strasbourg » donnant droit à la croix de guerre avec étoile de bronze. Il fut libéré en aout 1940. Sans travail du 30 aout 1940 au 14 novembre 1940, il fut employé comme manœuvre-couvreur chez Binet, rue Bernardin de St Pierre au Havre du 15 novembre 1940 au 23 avril 1942. Puis toujours en 1942, il travailla du 5 au 23 mai comme manœuvre à Brest dans une entreprise générale « Le Moellon », après une période de chômage, il devint charpentier aux Laminoirs et tréfileries de Paris, dans un chantier au Petit Camp Lannion (22) du 9 juin au 17 septembre 1942. A partir du 20 septembre 1942, jusqu’au 20 mars 1944, il devint Valet de chambre, Maître d’Hôtel chez la Comtesse Potier de la Houssaye à Paris dans le 7e arrondissement.
Revenant en Bretagne, il devint Manœuvre à Perros - Guirec de mars à juillet 1944.
Recherché par l’armée allemande, il devint ouvrier agricole dans les fermes de Bretagne, sans salaire, mais avec la nourriture assurée du 13 juillet 1944 au 4 juin 1945.

Il retourna à la navigation en 1945, jusqu’en 1953.
Il navigua sur plusieurs compagnies, et de nombreux navires.
Et fut tour à tour : matelot, pompier veilleur, capitaine d’armes, écrivain, assistant officier, du 6 mai 1945 au 26 mai 1953 à la Compagnie d’Armement Maritime Dreyfus, puis à la Compagnie Générale Transatlantique, entre temps, il suivit à l’École de Paimpol (Côtes du Nord) les cours de patron au bornage de mars à août 1947.
En décembre 1952, alors qu’il se trouvait sur le Paquebot « Liberté » de la Compagnie Générale Transatlantique, Délégué Général du pont au poste central de sécurité, François Le Gouarder s’opposa à la loi américaine « MAC CARAN » qui sous couvert de « chasse aux rouges » ne permettais de débarquer aux marins français, qu’après avoir déclaré à quel syndicat ils étaient adhérents et s’ils étaient communistes, devant les agents du FBI monté à Bord. Restés à bord, François Le Gouarder avec 279 de ces camarades, montèrent sur le pont et entonnèrent la Marseillaise Interrogé par le Directeur du FBI de New-York : Eward SHAVENESSY, qui voulait leur faire dire que c’était la CGT qui les avaient incités à ce genre d’action, Le Gouarder lui répondit : « Non ! nous ne discutons pas la loi de votre pays, mais nous tenons à garder la liberté de nos opinions. C’est pourquoi nous n’avons pas à répondre à vos questions » Cette action eut des répercussions dans l’Europe tout entière, puisqu’indépendamment de la France qui éleva une protestation, l’Angleterre, les pays Scandinaves et l’Italie protestèrent également contre cette application de la loi Mac McCarthy.
En 1953, il fut élu secrétaire navigant du syndicat des marins du Havre, et devint secrétaire permanent en mai 1953. Il rejoignit les autres permanents du syndicat : Henri Laureau, Joseph Martin, René Perrot, Louis Favennec, Pierre Guinard, Louis Recouët, et Pierre Roussel. Il fut chargé du secteur pétrolier, de la visite des remorqueurs, et du contact, tous les mois avec les marins du Port Autonome du Havre, dont il établissait les cartes sur la selle de son vélo, lorsque ceux-ci recevaient leur paie dans un blockhaus quai de Bostrom.
En 1954, François Le Gouarder adhéra au Parti communiste français. Il fut membre du comité fédéral de Seine-Maritime élu lors de la conférence fédérale du 17 juin 1962.
En 1976, à la suite du départ en retraite de Cozic, François Le Gouarder fut élu secrétaire général de la section CGT des inscrits maritimes, puis, à la suite de la fusion des deux sections syndicales, ADSG et inscrits maritimes, secrétaire général du Syndicat des Marins CGT du Havre. Membre du bureau fédéral et du conseil national de la Fédération des syndicats maritimes CGT, à ce titre, il a mené de nombreuses actions syndicales notamment contre les pavillons de complaisance mais aussi le désarmement du France, ou l’occupation de cet emblème national laissé à l’abandon sur « le quai de l’oubli » en 1975 par les travailleurs de la presse et du livre du Parisien Libéré.
De juin 1961 au 3 avril 1991, François Le Gouarder fut administrateur de la caisse nationale des allocations familiales des marins de commerce.
Le 30 juin 1978 il se retira de ses activités syndicales pour laisser la responsabilité à Marcel Halyck, secrétaire général, André Chapelle et Pierre Adde, permanents, aidés par Guy Hervé, secrétaire navigant. À cette époque il était membre de la commission régionale de Sécurité pour la Manche mer du Nord, de la Commission Spéciale de Visite, de la Commission de Mise en Service, de la Commission Locale de Sécurité, du Comité Local de l’AGISM (maison des gens de mer), de la Commission Régionale de Conciliation.
François Le Gouarder fut membre de la CE de l’UD-CGT de la Seine-Maritime. Il a été fut également membre de la CE de l’Union Locale CGT du Havre.

François Le Gouarder et sa femme, Jeanne Geffroy, animèrent de façon bénévole de 1978 à 1989 les séjours d’anciens au Centre de Robertôt, dans la vallée de la Durdent en Seine-Maritime, centre de loisirs appartenant au Comité d’Organisation et d’aide aux Vacances de la Région du Havre (association mise en place par l’union locale CGT du Havre en 1962).
Outre ce que nous venons de citer, François Le Gouarder eut une vie sociale également bien remplit. Il fut de 1959 à 1969 Président du conseil des parents de l’Union des Vaillants et Vaillantes d’Aplemont -Le Havre « Pas de vacances dans les ruisseaux » ; de 1967 à 1997, il fut 30 ans Président du comité des fêtes et de défense des intérêts généraux du quartier d’Aplemont ; vice-président de 1973 à 1983 du collectif des jardins d’Aplemont réunissant 18 associations à but social, à la même époque il créa et présida le comité d’amitié France/ RDA Le Havre-Brandenbourg
De 1955 à 1960 il fut avant son rattachement au Havre, Conseiller municipal de la ville de Rouelles.
Il créa aussi en 1992 avec Guy Hervé l’association du souvenir du monument « La Bourgogne » des marins péris ou disparus en mer.
François Le Gouarder était titulaire de la Croix de guerre avec étoile de bronze 1939-1945, de la Médaille du Combattant 1939-1945, Chevalier du Mérite Maritime obtenu en 1975, et de la Médaille de la Ville de Rouelles.
Marié à Jeanne Geoffroy le 13 mai 1940 à Louanec (Côtes d’Armor/Côtes du Nord) , ils eurent quatre enfants, un enfant mort-né le 27 janvier 1945, Yvon le 27 mai 1947, Françoise le 12 mai 1950 et Alain le 30 janvier 1952.
Jeanne (Jeannette pour les amis) qui accompagna toute sa vie François, décéda de chagrin et d’émotions annonçant par téléphone, le jour même, à la famille le décès de son cher François.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146666, notice LE GOUARDER François par Jacques Defortescu, Gilles Pichavant, version mise en ligne le 15 octobre 2013, dernière modification le 27 décembre 2018.

Par Jacques Defortescu, Gilles Pichavant

François Le Gouarder au centre aux cotés de J.Defortescu et G. Batard lors d’une manifestation devant le paquebot France le 1 er Mai 1974". (Photo IHS Cgt 76)

SOURCES : Entretien avec les enfants de François Le Gouarder le 30 mai 2017. — Curriculum Vitae de François Le Gouarder. — La Vie Ouvrière. — Le Havre-Libre, 26 décembre 1952 et du 22 novembre 1986. — Marie-Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre (1930- 1983), PURH, 2009. — Un siècle de luttes pour le progrès social en Seine-Maritime 1913- 2013, IHS Cgt 76- septembre 2013.

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