MOCCI César

Par Gérard Leidet

Né le 23 mars 1918 en Sardaigne ; ouvrier métallurgiste ; militant communiste, Résistant (pseudonyme, « Erbillon ».).

César et Carmen Mocci
César et Carmen Mocci

César Mocci était le dernier fils d’une famille de quatorze enfants (sept filles et sept garçons). Plusieurs enfants moururent jeunes et deux de ses frères furent tués pendant la Première Guerre mondiale ; ils combattaient dans les rangs de l’armée italienne. La famille émigra en France en 1919 lorsque César Mocci avait un an et s’établit à Aubagne. Son père, ferronnier d’art à l’origine, fut embauché à la SPCN (société provençale de construction navale) de La Ciotat qui allait devenir en 1941 les CNRC (chantiers navals de La Ciotat). César Mocci fréquenta alors l’école Jean Jaurès de La Ciotat jusqu’à l’âge de douze ans, avec le certificat d’études en poche ; un an auparavant il avait perdu son père.

Il alterna alors plusieurs périodes de travail pour aider sa mère et en 1934 il put se présenter à l’examen d’entrée au Centre d’apprentissage des chantiers. Une fois admis il devint apprenti charpentier- fer-traceur pour une durée de trois ans en compagnie notamment de Joseph Carmagnole dit « Kiki »-dont l’Union locale CGT de La Ciotat porte aujourd’hui le nom- et obtint son CAP en 1935. Avec d’autres jeunes ouvriers ciotadens il s’impliqua alors dans les grèves avec occupation d’usines de mai-juin 1936 qui eurent lieu aux chantiers. Il adhéra en 1937 aux Jeunesses communistes au sein desquelles il participa à des campagnes de solidarités en faveur des Républicains espagnols et des Brigades internationales, aux côtés notamment de Louis Lieutaud, responsable du groupe de La Ciotat de l’Union anarchiste qui collaborait alors au Libertaire, et d’Antoine Bertolucci. En 1938, à l’âge de vingt ans, il effectua son service militaire à Toulon dans la Marine nationale, il y côtoie un certain Marcel Cerdan. Entre avril et juin 1940 il participa à la campagne de Norvège, et fit la connaissance, à bord du paquebot, « l’El Djezaïr » de Francis Turcan*, militant communiste qui allait devenir maire de Martigues à la Libération. Après avoir été démobilisé à Casablanca il retourna à La Ciotat rejoindre sa famille et reprendre sa place parmi les ouvriers du charpentage-fer, les « chaffous » comme on les nommait alors en Provence. César Mocci se rapprocha d’Émile Selon, Ange Colombi et Henri Diffonty qui formaient alors le « trio » communiste de La Ciotat chargé de réorganiser clandestinement le Parti. Mais c’est à partir de 1943 qu’il décida de donner une « nouvelle dimension » à son engagement dans la Résistance. César Mocci entra en contact avec Henri Diffonty* qui le mit en relation avec Émile Sellon. Ce dernier accepta d’intégrer Mocci, le réseau de renseignement FTPF appelé « service B » qui venait de se constituer et dont Edgar Manguine, qui avait con stitué l’OS du Var assurait la protection. ;Edgar Manguine confia alors à Mocci la mission de constituer un réseau d’informateurs aptes à recueillir des renseignements détaillés sur les unités allemandes stationnées tout au long de la côte entre Cassis et les Alpes-Maritimes, via Toulon. Toutes ces informations étaient transmises à Alger et à Moscou ; réceptionnées par Fernand Grenier, elles étaient communiquées à Londres.

« Repéré », selon les termes d’Émile Selon, César Mocci rejoignit, sur les conseils de celui-ci, le maquis de Grambois (Vaucluse) où il croisa la route de plusieurs clandestins ciotadens comme lui dont Turcan et Alphonse Dumay, dit Fonfon. Le 1er juin 1943, une opération de police fut menée contre le maquis de Grambois cerné par les Gardes Mobiles de Vichy, la milice et les troupes d’occupations italiennes. Par petits groupes de deux ou trois, César Mocci et ses camarades purent se disperser sauf deux des leurs, Pascal Dettori et Paul Bartalini, qui furent arrêtés.

Dirigés sur le camp de Saint Sulpice la Pointe, envoyés à Compiègne puis déportés début août 1944 au camp de Buchenwald, ces derniers furent enfin libérés en avril 1945 lors de l’offensive des forces soviétiques. César Mocci rejoignit en janvier 1944 le camp Fa¨ta1er compagnie FTP de Provence, qui s’était constituée dans les Maures, mais qui avait migré vers le Centre-Var. Il fut affecté au détachement de Brue-Auriac où il rencontra Gaston Beau, le futur commandant Callas chef militaire des FTPF lors de la libération de Marseille et des déserteurs antifascistes de l’armée italienne. Repéré par l’armée allemande, le détachement fut attaqué le 16 janvier 1944 dut se disperser à travers bois ; l’un des "camarades italiens", Marangi* qui avait fui par la route fut abattu. Mocci et ses camarades purent rallier le camp du « Défends », une ferme située sur les hauteurs de Saint-Maximin et retrouva Henri Diffonty, alors commissaire aux effectifs et Félix Diana* dit « Lilou », commissaire aux opérations. Résistant FTP dans le Var, les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône, cet ouvrier de l’Arsenal de Toulon était ici-même capitaine de la compagnie. Le détachement réceptionna le 8 février 1944 sept jeunes ciotadens âgés de 17 à 19 ans, surnommés les « Zazous » à cause de la mode alors en vigueur chez les jeunes, qui étaient désireux de se battre pour la libération du pays. Parmi eux, Roger Aharonian, Victor Arnaud (à ne pas confondre avec Arnaud Victor Pierre Paulin*) et Eugène Blanchard (à ne pas confondre avec son homonyme) furent tués, Ernest Subilia, prisonnier fut fusillé à Sainte-Croix du Verdon (Alpes-de-Haute-Provence).Le séjour de César Mocci au « Défends » fut relativement court, l’objectif était de rejoindre Lambruisse (Alpes-de-Haute-Provence). Arrivé sur place, il retrouva Gaston Beau*, alias « commandant Callas » et Albin Bandini*, dit « Liban », militant communiste et résistant, qui sera arrêté à Cimiez (quartier de Nice), torturé puis fusillé le 11 juin 1944 à Saint-Julien du Verdon avec dix autres résistants. À Lambruisse, César Mocci participa à diverses missions, notamment quelques réceptions de parachutages sur le plateau de Valensole (Alpes-de-Haute-Provence). Le manque de pain se faisant cruellement sentir à mesure que les effectifs du camp augmentaient, César Mocci, qui bénéficiait d’un laisser-passer établi par le chef du personnel des Chantiers navals de la Ciotat fut chargé par Diffonty de « récupérer » un stock de cartes de pain à Saint-Cyr-les-Lecques (Var). Ce qui fut fait le 25b avril 1944, les armes à la main avec quatre autres résistants dont Bernard Meloni et Antoine Dettori, le frère de François. Le lendemain, de retour à La Ciotat, César Mocci subit un contrôle de police et fut emmené au poste afin d’y être interrogé. La chance voulut qu’il « tomba » sur un ami d’enfance, Émile Mouriès, qui le laissa s’enfuir. Mais il se retrouva très vite face à face avec un groupe de militaires allemands qui l’arrêtèrent. Interrogé, en garde à vue, il parvint à justifier la version du vol de cartes pour revente au marché noir, avant d’être incarcéré à la prison Chave à Marseille dans le quartier des « droits communs ». Les cartes ayant été dérobées à Saint-Cyr, César Mocci fut transféré dans la prison de Draguignan (Var) qui dépendait du parquet, afin de comparaître devant le tribunal. Il recouvra sa liberté lorsque la ville fut libérée le 16 août 1944 par l’action conjointe des parachutistes du 551ème bataillon d’infanterie américain et des FFI.

Dès son retour à La Ciotat, César Mocci reprit contact avec les responsables FTPF du secteur. Il fut aussitôt affecté à l’État-major FFI installé à l’hôtel Saint-Louis, rue d’Aubagne à Marseille aux côtés notamment du commandant « Calas » et de sa femme. César Mocci participa à la constitution du bataillon « La Marseillaise » et à l’affectation de certaines de ses compagnies dans les unités de la France libre.

C’est à l’état-major FFI qu’il devait rencontrer Carmen Carballo, puis épouser cette ancienne volontaire dans les Brigades Internationales qui était devenue sous l’occupation « courrier clandestin » entre les maquis FTPF de Provence. Après la guerre, César et Carmen Mocci continuèrent à militer à La Ciotat au Parti communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146713, notice MOCCI César par Gérard Leidet, version mise en ligne le 23 mai 2013, dernière modification le 21 juin 2015.

Par Gérard Leidet

César et Carmen Mocci
César et Carmen Mocci
César Mocci (à gauche), Pascal Dettori, déporté à Buchenwald, Joseph Carmagnole*
César Mocci (à gauche), Pascal Dettori, déporté à Buchenwald, Joseph Carmagnole*

SOURCES : Archives départementales du Var, 3Z4 33 et 1W74. — Archives municipales de La Ciotat. — Archives de la Fédération du Parti communiste des Bouches-du-Rhône. — Brochure (incomplète) César Mocci raconte, un autre long parcours, chez l’auteur, récit recueilli par Gaston Lenfant, ancien journaliste à La Marseillaise, 2005. — Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var. Essai d’histoire politique, Université de Provence (Aix-MarseilleI), thèse d’histoire, 1989 (site internet var39-45.fr). — Renseignement communiqués par Jean-Marie Guillon (témoignage de César Mocci).
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