MÉRY Gérard, Pierre, Marie, Joseph

Par Pierre Alanche, Jacques Debesse

Né le 16 mars 1932 à Tunis (Tunisie) ; ouvrier métallurgiste, dessinateur, technicien, cadre informaticien ; syndicaliste CFTC puis CFDT, délégué du personnel à Renault-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) en 1964, délégué syndical du SRTA-CFDT au siège social de Renault (1980-1987) ; chargé de mission à l’Institut Belleville ; administrateur de Frères des hommes (1997-2003), président d’Afrique verte (2010-2013).

Fils de Pierre Méry et de Suzanne Dorion, catholiques pratiquants, Gérard Méry était l’aîné de deux sœurs et d’un frère. Son père, étudiant à l’École coloniale d’agriculture de Tunis, devint fonctionnaire dans l’administration française, d’abord conseiller agricole, puis enseignant à la ferme-école Sidi-Narceur à Depienne (Tunisie) – redevenue Smindja après l’indépendance –, et contrôleur des productions viticoles en Tunisie. Sa mère était sans profession.

En mars 1938 Gérard Méry fut scolarisé dans un pensionnat tenu par des religieuses à La Manouba (Tunisie), puis admis à l’externat des enfants nantais, en septembre, lorsqu’il vint séjourner chez sa grand-mère paternelle à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). À la mobilisation de son père en septembre 1939, dans un régiment de défense aérienne en Tunisie, sa famille rejoignit la branche maternelle à Cré-sur-Loir (Sarthe) avant de revenir en Tunisie en janvier 1940, par le dernier bateau avant le blocus maritime. De janvier à juin 1940, sa mère assura les cours des enfants à la maison, avant l’accueil de son fils Gérard à l’école publique française du Kef (Tunisie) en septembre 1940, puis à l’Institution des maristes de Tunis (1941-1946). Après un court passage au lycée Carnot, Gérard Méry, peu motivé par les études classiques, entra au collège technique Émile Loubet, également à Tunis (1947-1949). Il quitta la Tunisie en 1949, lorsque sur concours il fut reçu à l’École nationale professionnelle d’horlogerie de Cluses (Haute-Savoie), où il obtint en 1953 le brevet professionnel de mécanicien de précision.

Il trouva un emploi en juillet 1953 chez Frank et Pignard à Cluses, une entreprise de sous-traitance en mécanique de précision pour l’industrie automobile, comme ouvrier tourneur-fraiseur-rectifieur. Mobilisé en novembre 1953 après avoir suivi la préparation militaire supérieure, il débuta son service à l’École des officiers de réserve (EOR) à Poitiers (Vienne), dans la cavalerie. Peu motivé, il fut muté au régiment de chars du deuxième dragon à Offenburg (Allemagne), puis au septième chasseur d’Afrique à Ravensburg (Allemagne), avec le grade de Maréchal des logis. Démobilisé en février 1955, il rejoignit ses parents à Cré-sur-Loir et se mit en quête d’un emploi. Il fut embauché en mars 1955 comme ouvrier P1 chez Delors à Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine), entreprise d’études et de réalisation de prototypes d’appareils de bord pour l’aéronautique. Rappelé par l’Armée dès septembre pour rejoindre le contingent en Algérie, mais ne comprenant pas la signification de cette guerre, il se fit réformer immédiatement et retrouva son emploi chez Delors où il devint dessinateur d’études premier puis deuxième échelon. Les difficultés financières de l’entreprise et l’arrivée d’une nouvelle direction l’incitèrent à partir en mai 1957. Il entra à Nord-Aviation à Châtillon-sous-Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine), comme dessinateur d’études deuxième échelon, mais il quitta cette entreprise en mai 1958 pour une place de technicien stagiaire au service méthodes emboutissage de la Régie Renault à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine).

Son entrée chez Renault le fit rencontrer Pierre Saget, documentaliste et ancien séminariste, qui l’invita aux rencontres du mouvement Vie nouvelle. Gérard Méry entama alors une réflexion sur l’engagement dans l’entreprise et, plus généralement, dans la société. Ses contacts avec Michel Glandus et Michel Percot, syndicalistes à la CFTC, le firent adhérer en 1960 au Syndicat Renault des travailleurs de l’automobile (SRTA-CFTC). Il fut élu délégué du personnel sur la liste CFDT (1964-1980), et délégué au comité d’établissement de Renault Billancourt (1966-1970). Lors de la grève de mai-juin 1968, il fut mandaté pour représenter la CFDT de l’établissement auprès des journalistes et, lors des négociations avec la direction pour la reprise du travail, fut chargé des relations avec l’équipe CFDT de Peugeot pour organiser la convergence de leurs positions. Sommé en 1970 par son chef de service de choisir entre promotion et engagement syndical, il se fit muter au secteur informatique, où la présence de Robert Lucente créait un climat de plus grande tolérance. Il fut promu cadre en 1975.

En 1980, l’établissement Renault-Billancourt fut scindé en deux entités, d’une part l’usine de production et d’autre part le siège-social, obligeant les organisations syndicales à doubler leur représentation. Sur la demande de Daniel Labbé*, secrétaire général du SRTA, Gérard Méry accepta d’être désigné représentant syndical au nouveau CE du siège-social (1980-1982), fut élu délégué du personnel et mandaté comme délégué syndical pour représenter le SRTA-CFDT auprès de la direction du siège-social (1980-1987). Il participa aux difficiles négociations avec la CGT pour la répartition des biens entre les deux CE et pour définir les orientations des activités sociales (crèche, sport, bibliothèque, gestion des restaurants, etc.) au siège-social, afin de les adapter à une population d’employés, de techniciens et de cadres, très différente de la composante ouvrière, majoritaire à l’usine. Un accord fut trouvé entre la CFDT et la CGT pour une répartition des responsabilités dans les diverses commissions et activités du CE du siège social, avec un secrétaire CGT. Dès 1982, Gérard Méry fut de ceux, à la CFDT, qui poussèrent à la rupture avec la CGT, au motif que la politique de cette dernière, conduite au sein du CE, ne correspondait pas aux attentes du personnel. Il fut élu délégué CFDT au CE du siège social en 1984, au titre du collège cadre, et la CFDT présenta Michel Salmon* au poste de secrétaire du CE, qui fut élu avec le soutien de la CFE-CGC. Une alliance CFDT, CFE-CGC, FO et CFTC, de majorité au CE du siège social se fit jour, qui n’était pas sans satisfaire la direction de Renault face à cette perte d’influence de la CGT. Gérard Méry resta vigilant au regard de cette nouvelle situation qui risquait de mettre en danger l’indépendance syndicale. En désaccord avec une partie de la section syndicale CFDT, il ne fut pas candidat aux élections du CE de 1986. Il fit valoir ses droits à une retraite anticipée, en 1987, dans le cadre d’un accord de l’entreprise avec le Fonds national de l’emploi (FNE).

Gérard Méry fut membre de la section du Parti socialiste de Renault (1972-1987), se présenta aux élections municipales de Vanves (Hauts-de-Seine), mais ne fut pas élu. Il participa avec Robert Lucente et Jacques Chamouard* aux rencontres avec la section du Parti communiste de Renault dans le cadre de l’Union de la gauche. Il avait participé en 1964 à un voyage organisé par l’Association France-URSS avec mission du président de faire un rapport « sans complaisance » sur la situation de la société communiste, l’amenant à nouer des relations avec le président de l’Intourist, organisme qui avait la haute main sur les échanges touristiques des syndicalistes. Son rapport remis à l’association ne fut jamais publié.

Après son départ de Renault, Abdhéramane Benlezar*, ancien militant du SRTA-CFDT devenu secrétaire confédéral, lui proposa de participer aux travaux de l’Institut Belleville, comme chargé de mission bénévole (1988-1995). Gérard Méry s’impliqua dans la création d’une coopérative de réparation automobile à Dakar, en lien avec la Fédération générale des mines et de la métallurgie (FGMM-CFDT), découvrant la complexité des relations de coopération Nord-Sud. Il organisa un voyage au Mali pour des travailleuses familiales, militantes de la CFDT, afin d’obtenir une meilleure compréhension des comportements des femmes maliennes immigrées en France. Il mit en route plusieurs voyages de découverte du Mali pour le CE du siège-social de Renault. Cet ensemble d’activités lui firent redécouvrir son attirance pour l’Afrique qu’il avait amorcée à travers la lecture des récits de Pères blancs, découverts à la bibliothèque de l’Archevêché de Tunis, cinquante ans plus tôt. Il prit part aux activités de l’ONG Frères des hommes (1995-2003), dont il fut membre du conseil d’administration (1997-2003), et d’Afrique verte à partir de 1997, dont il devint membre du conseil d’administration (1997-2006), et président (2010-2013). Il avait également adhéré à diverses associations, tels les Randonneurs d’Île-de-France (1979-1988), dont il intégra le conseil d’administration (1982-1988).

Actif au sein du mouvement Vie nouvelle (1958-1979), il avait créé l’équipe de Vanves et devint membre de son Conseil national (1964-1970).

Gérard Méry s’était marié en 1957 à Orléans avec Francine Barbier, infirmière puis institutrice. Le couple eut trois enfants, Olivier (1958), Nicolas (1961), Xavier (1963). Divorcé en 1991, il se remaria en 2002 à Paris (XIXe arr.) avec Élisabeth Petipain, informaticienne, militante CFDT.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146715, notice MÉRY Gérard, Pierre, Marie, Joseph par Pierre Alanche, Jacques Debesse, version mise en ligne le 23 mai 2013, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Pierre Alanche, Jacques Debesse

SOURCES : Archives confédérales CFDT, section SRTA-CFDT. — Entretien avec Gérard Méry en décembre 2012 et janvier 2013. — Archives INA, video/CAF90017924/réactions Citroën-Renault.

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