NOLAND Lydie, Yvette, Hélène, Geneviève

Par Michel Carvou

Née le 14 janvier 1933 à Paris (Xe arr) ; maroquinière puis employée de laboratoire ; permanente de la JOCF (1958-1961) ; membre du bureau de la section CFTC-CFDT à la Radiotechnique-Coprim devenue Radiotechnique-Compelec (RTC) de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) de 1962 à 1990, déléguée du personnel, membre du comité d’entreprise et du comité central d’entreprise ; présidente nationale de l’ACO (1971-1977).

Fille d’Eugène Noland, né à Combles (Somme), prisonnier pendant la guerre de 1914-1918, gérant d’un magasin Familistère, puis ouvrier chez Citroën, et de Louise Comte, originaire de Lyon (Rhône), gérante avec son mari du Familistère jusqu’au début de la guerre 1939-1945, Lydie Noland était la benjamine de la fratrie de cinq enfants dont les deux aînées étaient mortes en bas âge. Son père, catholique, était devenu athée à la suite de la guerre et sa mère n’était pas pratiquante. Ses parents s’étaient connus pendant la « grande guerre », sa mère avait été la « marraine de guerre » de son père pendant sa captivité. C’est ainsi qu’ils firent connaissance, se marièrent et s’installèrent à Stains (Seine, Seine-Saint-Denis). Pendant la Seconde Guerre mondiale, seul l’emploi de sa mère fut maintenu au Familistère et son père trouva du travail comme ouvrier chez Citroën où il décida de rester à la fin de la guerre. Les « femmes seules » n’étant plus admises dans les magasins du groupe, sa mère perdit son emploi et le logement lié au magasin. La famille s’installa alors à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine).

Lydie Noland fut scolarisée à l’école publique de Stains où elle obtint le certificat d’études primaires, fit deux ans de cours complémentaire et décida de quitter l’école à quatorze ans. En octobre 1947, elle commença un apprentissage de maroquinière chez Rousseau, petite entreprise située rue Montgolfier à Paris (IIIe arr.) et le continua chez Gilles, autre petite entreprise de maroquinerie située rue Buisson-Saint-Louis à Paris (Xe arr.). À la fin de son apprentissage, en juillet 1952, elle fut reprise comme ouvrière chez Rousseau où elle resta jusqu’en 1958 et travailla comme façonnière pour l’entreprise Richard (1952-1954), puis pour l’entreprise Farge-Frères (1954-1958).

Dès son entrée au travail, sous l’influence de son frère Maurice, jociste et militant CFTC, elle adhéra à la JOCF où elle devint responsable d’équipe puis présidente de la fédération de la Boucle où elle participa à la mise en place de la Mission ouvrière. En avril 1958, sollicitée pour devenir permanente JOCF dans l’équipe de la région parisienne pour remplacer Janine Deudon, elle exerça ce mandat jusqu’en 1961, chargée de la branche 21-25 ans et des « malades ». Elle exerça cette responsabilité avec une sensibilité particulière liée à la maladie de sa mère et garda toute sa vie le souci d’aller visiter les personnes hospitalisées.

À la fin de son mandat de permanente JOCF, elle trouva un emploi d’ouvrière spécialisée (OS) comme « ouvrière radio » chez Vechambre Frères S.A, fabriquant de postes-radio de marque Radialva à Asnières où elle fut licenciée après trois mois dans le cadre d’un licenciement collectif pour baisse d’activité. Après un passage éclair de moins d’un mois comme OS chez Marchand Pernot (entreprise de fabrication de fers à souder), rue Olivier-de-Serre à Paris (XVe arr.), elle entra en janvier 1962 à la Radiotechnique-Coprim (entreprise spécialisée dans les tubes et les composants électroniques) de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) au laboratoire de chimie, comme employée chargée de l’analyse des produits. Durant trente-six ans de carrière dans cette entreprise dénommée ensuite Radiotechnique-Compelec, elle gravit les échelons un à un. Embauchée au niveau OS2, elle devint préparatrice OP1 (1963), contrôleuse OP2 (1967), employée service technique coefficient 168 (1970), employée service technique chimiste niveau II échelon 190 (1976). Elle termina sa carrière comme agent technique qualifié niveau III échelon 215 en tant que responsable du magasin de fournitures administratives à Paris. Elle fut d’abord mutée avenue Ledru-Rollin (XIe arr.) après la fermeture de son laboratoire à Suresnes, puis boulevard Mac Donald (XIXe arr.) après la vente du site de Ledru-Rollin en 1987. Elle quitta l’entreprise en mai 1990, à l’âge de cinquante-sept ans, dans le cadre d’un plan de réduction des effectifs et émargea au Fonds national de l’emploi (FNE) jusqu’à l’âge de soixante ans.

Dès son arrivée à la Radiotechnique en 1962, elle rejoignit la section syndicale de la CFTC regroupant les adhérents des deux entités de la Radiotechnique présentes sur le site : Radiotechnique (RT) et Radiotechnique-Coprim (RTC). Elle devint membre du bureau de la section animée par Jacques Rousseau et s’engagea rapidement dans les instances représentatives du personnel où elle exerça les mandats de déléguée du personnel, membre du comité d’entreprise et plus tard du comité central d’entreprise. Elle exerça ses mandats avec un sens profond du travail en équipe, une grande capacité d’écoute, une propension à la modération et à savoir garder son calme, ce qui ne l’empêchait pas d’être ferme sur ses positions et d’assumer avec rigueur le travail sur lequel elle s’était engagée. Elle accueillit favorablement le passage de la CFTC à la CFDT en 1964.

En tant qu’élue du CE, elle assura la présidence de la commission interentreprises RT-RTC chargée des œuvres sociales. Celle-ci, sous le contrôle de l’employeur, fut dissoute lorsque les CE des deux entités prirent le contrôle des œuvres sociales et des budgets des CE après la mise en place des lois Auroux en 1982. Ces lois créèrent une dynamique dans laquelle s’engagea la section CFDT qui, face à l’hostilité de la direction, dut aller en justice pour obtenir un comité de groupe rassemblant la radiotechnique industrielle et commerciale (RTIC), la radiotechnique-compelec (RTC), télécommunications radioélectriques et téléphoniques (TRT), PHILIPS SA, ÉCLAIRAGE, et faire reconnaître une « unité économique et sociale » donnant des instances représentatives communes à toutes les entités présentes à cette date sur le site de Suresnes. Dans un secteur industriel et commercial en mutation permanente qui vit sa population salariée passer d’une forte proportion d’ouvriers et d’ouvrières en production à une population de techniciens et cadres, l’action sur les plans sociaux et pour leur amélioration fit partie des terrains de lutte permanents de Lydie Noland. Avec des convictions fortes sur l’importance de l’organisation, elle eut à cœur de faire le lien entre sa section d’entreprise et les instances territoriales ou nationales. Elle participa dans ce but aux réunions du syndicat de la métallurgie du 92 centre, membre de l’Union parisienne des syndicats de la métallurgie parisienne (UPSM-CFDT), de l’Union départementale des Hauts-de-Seine et de l’Inter Philips réunie sous l’égide de la Fédération des mines et de la métallurgie CFDT. Après sa cessation d’activité, Lydie Noland rejoignit l’Union locale des retraités CFDT d’Asnières-Gennevilliers/Villeneuve-la-Garenne et fut membre du bureau de l’Union territoriale des retraités CFDT des Hauts-de-Seine.

Parallèlement à ses engagements syndicaux, Lydie Noland, passa de la JOCF à l’Action catholique ouvrière (ACO). Elle y exerça des responsabilités dans le secteur de la Boucle (Hauts-de-Seine), au comité régional de la région parisienne et fut membre du comité national de 1968 à 1971. Elle rentra au bureau national en 1970 et exerça la responsabilité de présidente nationale de 1971 à 1977 en coprésidence avec Armel Gaudry de 1971 à 1976 puis Michel Lemière de 1974 à 1976.

Dès son arrivée à la retraite en 1990, elle s’était engagée à l’aumônerie catholique de l’hôpital Louis Mourriez à Colombes (Hauts-de-Seine), animée par Jean Leclerc qui avait été l’aumônier de l’équipe régionale JOCF lorsqu’elle y était permanente.

En 2013, Lydie Noland est toujours célibataire et réside à Asnières.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146718, notice NOLAND Lydie, Yvette, Hélène, Geneviève par Michel Carvou, version mise en ligne le 23 mai 2013, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Michel Carvou

SOURCES : Arch. JOCF (Arch. Dép. Hauts-de-Seine) : 4C1-3. — Archives UPSM-CFDT. — Témoignage, 170, juillet 1968 ; 180, juillet-août 1969 ; 210, juillet-août 1972. — Entretiens avec Lydie Noland les 11 décembre 2012 et 22 février 2013. — État civil de Paris (Xe arr.).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable