SAS DRAGOS Andrei [Pseudonyme dans la Résistance : MARTUNEK Jaroslaw]

Par Daniel Grason

Né le 2 juin 1908 à Terson (Transylvanie, Hongrie), fusillé le 9 mars 1943 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; ouvrier ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant FTP-MOI.

Communiste, Andrei Sas Dragos combattit dans les Brigades internationales en Espagne républicaine. Lors du retrait d’Espagne, en 1939, il fut interné au camp de Gurs (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques), puis à celui d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales). Il s’évada de ce camp en février 1941 en compagnie du Roumain Nicolas Cristea. Tous les deux rejoignirent, ensemble ou séparément, la région parisienne et entrèrent dans l’Organisation spéciale (OS).
Andrei Sas Dragos prit l’identité de Jaroslaw Martunek, tailleur d’habits, né le 5 juin 1908 à Teresova (Hongrie). Membre dès sa création du 1er détachement des Francs-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) roumain, il vivait 10 cité Popincourt à Paris (XIe arr.). Son amie Fanny Srulevici demeurait 19 avenue de la Porte-Brunet (Paris, XIXe arr.), elle gérait les fonds des communistes roumains.
Avec les FTP-MOI Nicolas Cristea, dit Joseph Copla, Carol Goldstein, dit Ion Cracium et Juvko Rohac dit Anton Popa, il réalisa un attentat retentissant le 5 août 1942 vers 9 heures au stade Jean-Bouin (XVIe arr.). Une cinquantaine de soldats de la Luftwaffe effectuaient le tour de la piste, deux grenades furent lancées par les FTP ; bilan deux morts, cinq hommes grièvement blessés, et quinze autres touchés.
Le 2 septembre 1942, Andrei Sas Dragos alla au domicile clandestin loué par Juvko Rohac, au 3 rue Manin (XIXe arr.). Ignorant qu’il était surveillé depuis le 17 août, il grimpa au 8e étage, se rendit compte que les lieux avaient été visités, et descendit promptement. La concierge téléphona au commissariat de l’arrondissement ; à l’arrivée des policiers, elle indiqua qu’elle l’avait vu emprunter l’avenue Simon-Bolivar (XIXe arr.), mais il était trop tard... Ce jour-là Andrei Sas Dragos échappa à l’arrestation par des hommes de la Brigade spéciale no 2 (BS2).
Le 10 septembre 1942 vers 5 h 45, deux engins déposés au pied d’un candélabre explosèrent au passage de quatre soldats allemands sans les atteindre ; un civil fut blessé. Le 6 octobre 1942 vers 22 h 15, un obus de 105 mm piégé à l’aide d’un pétard de cheddite fut déposé le long d’une casemate allemande sur le pont de Sèvres à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), à proximité d’un poste de DCA ; il n’y eut ni dégâts ni victimes. Le 9 octobre Andrei Sas Dragos attaqua aussi avec d’autres FTP-MOI un camion allemand rue Oberkampf (XIe arr.) , puis le 15 octobre un garage cours de Vincennes (XXe arr.) où stationnaient des camions allemands.
Le 17 octobre 1942 Juvko Rohac fut interpellé rue des Amandiers (XIXe arr.) à l’issue d’une poursuite policière.
Vers 8 h 30, le 19 octobre, avenue du Docteur-Lannelongue (XIVe arr.), deux grenades furent lancées par-dessus la clôture de la rue sur un groupe de soldats allemands faisant de l’exercice dans l’enceinte de la Cité universitaire ; une seule éclata, un soldat fut légèrement blessé à la fesse droite. L’avenue du Docteur-Lannelongue séparait administrativement le XIVe arrondissement de Paris et la ville de Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine). La police boucla un large périmètre, et une vingtaine de personnes furent appréhendées, contrôlées. La police boucla un large périmètre, et une vingtaine de personnes furent appréhendées et contrôlées.
Andrei Sas Dragos et Nicolas Cristea furent arrêtés ce 19 octobre 1942 par les policiers de Montrouge. Le commissaire Hénoque, de la BS2, vint sur place avec cinq inspecteurs. Les interrogatoires eurent lieu dans les locaux des BS, puis Andrei Sas Dragos et Nicolas Cristea furent livrés à la Gestapo, rue des Saussaies à Paris (VIIIe arr.). Carol Goldstein fut arrêté le même jour (19 octobre) alors qu’il se présentait au domicile d’Andrei Sas Dragos.
Le tribunal de guerre de l’armée de l’air allemande décida le 9 mars 1943 l’exécution de : Andrei Sas Dragos alias Jaroslaw Martunek, Nicolas Cristea alias Joseph Copla, Carol Goldstein alias Ion Cracium et Juvko Rohac alias Anton Popa. Il ne fut pas fait mention d’un procès.
Le jour même (9 mars 1943), sous sa fausse identité de Jaroslaw Martunek, Andrei Sas Dragos a été fusillé au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.), puis inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) division 47, ligne 1, n°36.
Il fut reconnu Mort pour la France.
Son nom figure sur la plaque commémorative située avenue de la Porte-de-Sèvres à Paris (XVe arr.).
Fanny Srulevici née le 1er mai 1900 à Odessa (Russie), couturière, était l’amie d’Andrei Sas Dragos. Elle fut interpellée le 21 octobre 1942 et livrée aux Allemands le 27 octobre. Juive, elle fut internée au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis), d’où elle partit le 11 novembre 1942 dans le transport no 45 à destination d’Auschwitz (Pologne). Elle y mourut.

Voir Paris (XVe arr.), Le stand de tir de Balard (Ministère de l’Air)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146768, notice SAS DRAGOS Andrei [Pseudonyme dans la Résistance : MARTUNEK Jaroslaw] par Daniel Grason, version mise en ligne le 26 mai 2013, dernière modification le 12 avril 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., BA 1747, BA 1748, BA 1752, PCF carton 13 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste pendant l’Occupation, KB 18, KB 56, 77W 536, 77W 3121. — DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 4 (Notes Thomas Pouty). — Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1989. — Boris Holban, Testament. Après quarante-cinq ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle..., Calmann-Lévy, 1989. — Gavin Bowd, La France et la Roumanie communiste, L’Harmattan, 2008. — Site Internet CDJC. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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