MARCHAIS André

Par Alain Prigent, François Prigent, Serge Tilly

Né le 28 mai 1891 à Bordeaux (Gironde), guillotiné le 20 octobre 1942 à Cologne (Allemagne) suite à une condamnation à mort en France ; receveur des Postes ; militant de la SFIO ; membre du réseau Georges-France.

Son père André, receveur des postes en retraite et son épouse Jeanne Lafont demeuraient en octobre 1942 au 33 avenue du maréchal Pétain à Arcachon (Gironde) où ils s’étaient retirés, ils avaient à cette époque respectivement 91 et 81 ans, ils eurent dix enfants, nés dans divers départements compte tenu du poste occupé par le père.
André Marchais (fils), ancien combattant de la guerre 1914-1918, incorporé dans les transmissions, blessé au combat le 2 août 1914 et le 13 août 1918, reçut la Croix de guerre et la Médaille militaire.
Il épousa Renée Heroin en 1920, le couple eut quatre enfants Monique, Lise, Jean et Alain. Il fut receveur des postes successivement à Saint-Jouin-Bruneval (Seine-Inférieure ; Seine-Maritime), Bussang (Vosges) et à Sainte-Adresse (Seine-Inférieure ; Seine-Maritime). En 1936, nommé au bureau de postes de Lanvollon (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), il s’installa avec sa famille dans le logement de fonction. André Marchais était militant de la section SFIO de Lanvollon en mai 1937. Il anima une réunion le 30 avril avec Choffé, dirigeant de la fédération.
Dès l’été 1940, il apporta son aide à deux militaires britanniques, Harry Pool et Donald Campbell qui s’étaient cachés en lieu sûr chez la famille de François Le Gac (arrêté, condamné à dix ans de réclusion, mort en déportation pour les avoir hébergé) à Convenant Gélard en Langoat (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), ils n’avaient pu évacuer à temps la poche de Dunkerque (Nord) pour regagner l’Angleterre, ils venaient d’Alençon (Orne) après avoir erré sur les routes. Ils restèrent à Langoat en attente de pouvoir partir à Nantes (Loire-Inférieure ; Loire-Atlantique) chez Marie-Christiane Seidel qui fut ensuite déportée.
Le 28 décembre 1940, André Marchais porta assistance à deux aviateurs, un Irlandais Jim Mac Millan et Arnold Mott-Eso, membres de l’équipage d’un bombardier de la RAF qui tomba à proximité de Lanvollon revenant d’une opération sur Lorient. Membre du réseau Georges France, il apporta son aide à trois aviateurs alliés, un Canadien James Douglas Appleyard, un Néo-Zélandais Francis Reece et un Irlandais Henry Smyth, dont l’avion fit un atterrissage forcé dans la nuit du 28 au 29 septembre 1941 sur la plage de Saint-Efflam en Plestin-les-Grèves (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
A la recherche d’hébergements sûrs, André Marchais fit la connaissance de Jean-Baptiste Legeay de Pléhédel (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Sa fille Monique, agent de liaison, transmettait à Jean-Baptiste Legeay des documents recueillis par son père, comme par exemple des plans d’installations d’une base de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure ; Loire-Atlantique). Son épouse l’aida également de façon très active.
Jean-Baptiste Legeay et André Marchais, qui n’avaient pas les mêmes engagements philosophiques et religieux, avaient le même courage, la même loyauté et la même générosité. Suite à l’infiltration d’un agent de la Gestapo, des aviateurs alliés furent arrêtés à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), trouvés porteurs de photos de ceux qui leur étaient venus en aide. André Marchais fut arrêté le 1er juillet 1942 à 9h30 à son domicile de la poste de Lanvollon par trois officiers allemands. Il fut transféré à la maison d’arrêt de Fresnes (Seine).

Du 27 juin au 17 juillet 1942, devant le tribunal militaire allemand du Gross Paris, à Hôtel Continental 11 rue Boissy-d’Anglas Paris 8ème eut lieu le procès des personnes originaires de Bretagne impliqués dans cette affaire. Ce procès fut appelé par la presse "procès des 30 Bretons".

Ouest-Eclair seul journal autorisé à paraître par les autorités d’occupation en date du 13 et 14 juillet 1942 titrait à sa une : " Trente bretons comparaissent devant le tribunal militaire allemand pour avoir héberger des aviateurs anglais ".

André Marchais fut condamné à la peine de mort ainsi que Jean-Baptiste Legeay et Georges Le Bonniec.
Neuf personnes originaires des Côtes-du-Nord furent déportées, dont cinq femmes, six périrent en camp de concentration : Marie Anne Geneviève d’Affray de la Monnaye épouse et veuve de Saint-Laurent de Plestin-les-Grèves, Marie Le Guillou épouse Cozannet de Langoat, Alexandrine Le Guyader épouse Tilly de Bégard, François-Marie Le Gac de Langoat, Jean L’Hénoret de La Roche-Derrien et Emile Tanguy de La Roche-Derrien.
Le 25 juillet 1942, André Marchais fut transféré de la maison d’arrêt de Fresnes (Seine) à la prison de Rheinbach située en Rhénanie à 20 km de Bonn (Allemagne).
Au mois d’octobre 1942, les parents d’André Marchais, tentèrent d’obtenir en vain la grâce de leur fils. Le maire et la population de Lanvollon formulèrent une demande de clémence en sa faveur ; ils offraient en réparation la somme de 10 000 F à verser au secours du Chancelier du Reich ou au service des armées.
Le 7 septembre 1942, le commandant des forces militaires allemandes en France refusa d’accorder la grâce au condamné. Le 20 octobre 1942, il fut décapité à Cologne en Allemagne. Son camarade Georges Le Bonniec fut exécuté le même jour au même endroit. Jean-Baptiste Legeay dont la grâce fut rejetée fut décapité également à Cologne le 10 février 1943, le jour de son anniversaire. André Marchais avait 51 ans.
Son nom figure sur La plaque du bureau de poste de Lanvollon et sur Le monument aux Résistants, Déportés et Combattants de Lanvollon. Sur la sépulture familiale du cimetière de Paimpol (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) on trouve une plaque sur laquelle figure le nom d’André Marchais.

Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146815, notice MARCHAIS André par Alain Prigent, François Prigent, Serge Tilly, version mise en ligne le 27 mai 2013, dernière modification le 24 avril 2022.

Par Alain Prigent, François Prigent, Serge Tilly

SOURCES : Arch. dép. Côtes d’Armor 2W116, 2W235. — Joseph Darsel, La Bretagne au combat, Le Signor, 1980. — Roger Huguen, Par les nuits les plus longues, Les presses bretonnes, 1976. — Alain Prigent,« Les femmes dans la Résistance dans les Côtes-du-Nord », Les Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n°3/4, 1996. Article de Pierre Martin sur les réseaux d’évasion. — Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, N°12, 2011. — François Prigent,« Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980 », thèse de doctorat, Université de Rennes 2, 2011. — Témoignage de Monique Marchais, fille d’André Marchais recueilli en 2011.

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