QUEILLÉ Charles

Par Alain Prigent, Serge Tilly

Né le 23 janvier 1923 à Kerbors (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé le 18 mai 1944 à Servel en Lannion (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; résistant FTPF.

Fils de Charles Queille et d’Yvonne, tenant un commerce de chaussures au 47 rue Notre-Dame à Guingamp (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) et y demeurant.
Avant son arrestation, Charles Queillé habitait, en meublé, chez M. Le Goff, boulanger à Plounez (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), près de Paimpol.
Responsable du sous-secteur FTP de Lézardrieux avec Yves Le Moigne, lui aussi originaire de Guingamp, il participa à de nombreuses actions, en particulier la récupération et la répartition des armes provenant des parachutages effectués à Maël-Pestivien en mars 1944, ainsi qu’à des réquisitions au bureau de poste de Tréguier.
Le 27 avril 1944, il prit la décision avec Le Goff d’aller chercher des armes qui étaient déposées chez Lanthoën, boulanger à Trédarzec (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Charles Queillé et Le Goff se dirigèrent vers Lézardrieux. À l’entrée de la ville, ils rencontrèrent un barrage. Charles Queillé passa sans être inquiété, mais voyant que son camarade ne le suivait pas, il revint sur ses pas. Le Goff ayant laissé tomber son revolver sur la route, ils furent tous les deux arrêtés puis conduits au château de Kermarquer, à Lézardrieux. Charles Queillé fut emprisonné à la maison d’arrêt de Guingamp, où il fut affreusement martyrisé.
Charles Queillé fut condamné à la peine de mort le 18 mai 1944 par jugement du tribunal militaire de la 266e division d’infanterie « pour activités de franc-tireur ». Par décision unanime, le jugement a été reconnu exécutoire conformément à l’article 77, alinéa 3, du KSTVO (code pénal allemand). Il a été fusillé avec un autre FTP, Paul Bernard, au terrain d’aviation de Servel, commune proche de Lannion, à 18 heures le 18 mai 1944. Il avait dix-neuf ans.
Charles Queillé fut inhumé au cimetière de Guingamp. Selon une lettre de son neveu, Hervé Cloarec, les fusillés ont été "enterrés sur place, le corps a pu être inhumé à Guingamp grâce à la miséricorde de l’aumonier allemand qui a assisté à l’exécution et qui a remis le croquis [du lieu] à mes grands-parents. Mon oncle a été décoré de la Légion d’honneur au début des années 1960 à titre posthume".
Son nom figure sur Le monument du terrain d’aviation de Servel en Lannion et sur La plaque du stade Charles-de-Blois, rue du Maréchal-Joffre, à Guingamp.

Lettre d’adieux de Charles Queille

Bien Chers parents.
Je vous remercie de tout ce que vous avez fait pour moi, j’ai vu un prêtre, j’ai communié, soyez forts, pour ma part je sens que Notre Dame du Bon Secours me soutient, j’embrasse bien fort Jean, Fanfan, Jeannette, Yves et Marie, sans oublier tante Anna et vous deux, j’ai peut-être fauté de ne pas vous avoir obéis, mais je vous demande de me pardonner.
Je pense que mémère et les tantes doivent se préparer à me recevoir, juste le jour de l’ascension, quel beau jour !
Je regrette tout le mal que j’ai pu vous faire, je vous en demande bien pardon.
Une pensée et un remerciement pour Plounez où j’étais bien reçu.
Dites à Monsieur Sidaner que je le remercie pour ce qu’il a fait pour moi quand nous étions en prison, je pense en ce moment bien à eux tous, à tous mes camarades, mais surtout à Yves Boulbain, je pense aussi à la maison, aux ouvriers, tout ce qui m’est cher.
Enfin ne vous en faites pas.
Dieu m’a rappelé, mais je ne serai pas seul là-haut, car il y en a déjà que je connais.
Je vous quitte donc en vous disant adieu, mais un jour viendra où nous nous rencontreront là-haut.
Bons baisers à tous et bonjour à tous les camarades sans oublier l’équipe de football que j’aimais tant.
Adieu ou plutôt au-revoir p’tit Jean, priez pour moi.
Charlot.
Dites à Monsieur Sidaner de prier pour moi, je prierai pour lui.

Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146917, notice QUEILLÉ Charles par Alain Prigent, Serge Tilly, version mise en ligne le 29 mai 2013, dernière modification le 5 octobre 2021.

Par Alain Prigent, Serge Tilly

Arrestation de Charles Queille.
Condamnation à mort de Charles Queille.
Condamnation à mort de Charles Queille et de Paul Bernard.
Liste des objets retrouvés sur Paul Bernard et Charles Queille.

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 2W105, 2W235, 5W16. – Arch. de l’ANACR-22. – Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Serge Tilly, « L’Occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 10, 2004 et no 11, 2005.— Lettre de Hervé Cloarec, Stains, 17 mai 2015.

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