MAILLARD Charles, Joseph

Par Alain Prigent, Serge Tilly

Né le 19 juillet 1913 à Trévron (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé le 31 mai 1944 à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine) ; gardien de la paix ; homologué résistant.

Charles Maillard, Joseph était le fils de Charles Maillard, cultivateur né en 1867, et la plaque du camp de La Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande et sur le monument de la Résistance et de la Déportation à Dinand’Angèle Hautière, cultivatrice, née en 1884. Charles Maillard avait intégré la police le 10 juillet 1942. 2e classe du corps urbain, il était gardien de la paix en poste à la prison de Dinan (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Demeurant rue de la Chaux à Dinan, il était marié et avait deux enfants de sept et un an et demi au moment de son arrestation. Un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP) chargé de mener des opérations militaires sensibles dans la région de Dinan et de Vitré (Ille-et-Vilaine). La libération de deux membres de la direction FTP d’Ille-et-Vilaine, Jean-Marie Guérillon et Jean Marguerite, arrêtés le 1er avril à Dinan, devint un objectif majeur. Après une première tentative infructueuse, une vingtaine de résistants puissamment armés de revolvers et de mitraillettes s’introduisirent dans la nuit du 11 au 12 avril 1944 au sein de la prison de Dinan pour les exfiltrer. Charles Maillard avait été contacté pour favoriser la réussite des FTP. L’opération, qui resta dans la mémoire collective comme un fait d’armes relevant de l’épopée, fut menée sous la responsabilité personnelle de Louis Pétri, chef des FTP d’Ille-et-Vilaine. Le 5 mai 1944, Charles Maillard se rendit en compagnie de Louis Hesry au Café Roussel, café des Sports du Hinglé. Les Feldgendarmes de Dinan qui firent irruption dans le café, à 22 h 30, les désarmèrent. Arrêtés ainsi qu’une autre personne se trouvant sur les lieux, ils furent conduits à Dinan où ils furent atrocement torturés à coups de nerfs de bœuf. La troisième personne fut libérée le lendemain sans avoir été maltraitée. Ces arrestations furent la conséquence d’une dénonciation.
Transféré à la prison Jacques-Cartier de Rennes, Charles Maillard fut jugé le 30 mai 1944 et condamné à la peine de mort. Le lendemain 31 mai 1944, il a été fusillé à 6 h 35 au camp militaire de La Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande avec ses neuf camarades Marcel Blanchard, Jean-Baptiste Brault, René Fayon, Jean Garnier, Louis Hesry, Francis Lafranche, Henri Laplanche, Jean Perquis et Hippolyte Thomas. Charles Maillard avait trente et un ans. Inhumé au cimetière de l’Est à Rennes, Charles Maillard fut exhumé 16 septembre 1944 puis enterré au cimetière de Saint-Carné le 19 septembre 1944.
À la Libération, Charles Maillard fut accusé à tort d’être à l’origine des arrestations consécutives à l’opération menée à la prison de Dinan. La famille en fut meurtrie. Grâce aux témoignages de ses compagnons de lutte, dont celui de Louis Pétri, il fut réhabilité le 27 août 1945. En marge de son acte de décès fut reportée la mention « Mort pour la France ». Son honneur fut ainsi lavé. Il reçut à titre posthume la Croix de guerre, la Médaille militaire et la Médaille de la Résistance.

Dans le Morbihan, le nom de Charles Maillard est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande.
Dans les Côtes-d’Armor, il est gravé sur la plaque du commissariat de police de Dinan, mais ne figure pas sur le monument de la Résistance et de la Déportation de Dinan.

Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146936, notice MAILLARD Charles, Joseph par Alain Prigent, Serge Tilly, version mise en ligne le 30 mai 2013, dernière modification le 7 février 2022.

Par Alain Prigent, Serge Tilly

Sur le mémorial des fusillés de la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande
Sur le mémorial des fusillés de la Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande
SOURCE : Photos Husson

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor 1140W84. – Épopées glorieuses de la Résistance dans les Côtes-du-Nord, Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 2 (1995). – Louis Pétri, Les hommes du Maquis, Le Patriote de l’Ouest, 1945. – Collectif, Le peuple des carrières, Éd. Apogée, 2011. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Serge Tilly, « L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 10, 2004 et no 11, 2005. – État civil, Trévron. – Entretiens en 2011 avec sa fille, Mme Jeanne Zicolillo, demeurant à Saint-Carné. – Documents remis par la famille. — Note et photographies de Jean-Pierre et Jocelyne Husson

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable