DELSAUT Joseph. [Belgique]

Par Jean-Paul Mahoux

Cuesmes (aujourd’hui commune de Mons, pr. Hainaut, arr. Mons), 1872 − Mons, 6 novembre 1915 (fusillé). Fabricant de chaussures puis directeur de coopératives socialistes, dirigeant socialiste local, coopérateur, échevin socialiste de Cuesmes, député suppléant de l’arrondissement de Mons, résistant, père de Clément Delsaut.

Président de la section socialiste de Cuesmes, membre du Comité de la Fédération boraine du Parti ouvrier belge (POB) en 1907, Joseph Delsaut dirige également la section locale du syndicat des mineurs et la représente au Comité fédéral. À ce dernier titre, il est, en 1912, un des auteurs, avec Achille Delattre, Labbé, secrétaire régional, Alfred Lombard*, secrétaire national, de nouveaux statuts de la régionale qui vont dans le sens de la centralisation. Les syndicats borains restent partagés à ce propos. Joseph Delsaut est un congressiste actif du parti avant 1914.

Une boulangerie coopérative est créée à Cuesmes en 1887. Rapidement dissoute, elle est recréée en 1892 mais sans réussite. C’est alors qu’en 1901, le « petit fabricant de chaussures », Joseph Delsaut, relance et stabilise le projet. Il fait construire une nouvelle boulangerie, rue du Peuple en 1903. Il devient directeur gérant de la coopérative La Persévérance de Cuesmes et de sa maison du Peuple en 1912. Il y a mille membres à l’époque. Mais l’importance des investissements fragilise la société. Directeur de l’Imprimerie coopérative − elle joue le rôle d’imprimerie fédérale − dans cette même localité, Delsaut y est également échevin et député suppléant de l’arrondissement de Mons.

Pendant la Première Guerre mondiale, en 1915, Joseph Delsaut devient chef de l’équipe montoise du réseau de renseignements, organisé par Arthur Bastien* et François Quinchon*, à l’instigation de Victor Ernest*. Arrêté par la police allemande le 18 juillet, il est écroué à la prison de Saint-Gilles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Joseph Delsaut est condamné à mort par un tribunal militaire allemand le 2 novembre suivant, en même temps que le cantonnier de Cuesmes, Jules Legay, et le journalier montois, Charles Simonet, « pour trahison commise pendant l’état de guerre ». Selon une affiche du commandement allemand placardée sur le territoire belge, les trois hommes tenaient note de tous les transports militaires allant au Front en février 1915 et auraient communiqué ces informations aux Alliés.

Le 6 novembre 1915, soit quatre jours après le prononcé de la sentence, Joseph Delsaut est fusillé. Il est inhumé au cimetière du Tir national. Un hommage lui est rendu par le Congrès du POB et la Fédération boraine socialiste en 1918.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146945, notice DELSAUT Joseph. [Belgique] par Jean-Paul Mahoux, version mise en ligne le 30 mai 2013, dernière modification le 12 décembre 2023.

Par Jean-Paul Mahoux

SOURCES : BAERTSOEN M., Notes d’un gantois sur la guerre 1914-1918, Gand, 1929, p. 131 − SERWY V., La coopération en Belgique, t. III : Le développement de la coopération (1914-1944), Bruxelles, 1948 ; t. IV : La vie coopérative - Dictionnaire biographique, Bruxelles, 1952, p. 130 − PUISSANT J., L’évolution du mouvement ouvrier socialiste dans le Borinage, Gembloux, rééedition, 1993 − Le Peuple, 2 novembre 1939, p. 6 ; 1er février 1985 (icono) ; 27 janvier 1985, p. 1, 16 (icono) − Institut Émile Vandervelde, Dossier biographique de Joseph Delsaut (icono).

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