DURIEUX Alfred, François, dit Bidel.

Par Jean-Paul Mahoux

Charleroi (pr. Hainaut, arr. Charleroi), 27 mars 1862 – Louvain (Leuven, pr. Brabant flamand, arr. Louvain), 28 février 1947. Typographe, militant socialiste, dirigeant puis permanent syndical dans le secteur de l’industrie du livre, coopérateur, sénateur du Parti ouvrier belge pour l’arrondissement de Bruxelles (pr. Brabant ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale).

Alfred Durieux, dit Bidel, fils naturel de Marie-Thérèse Jopart, lavandière, est reconnu par Joseph Durieux, colporteur. Il a un frère, Camille, né en 1871, ouvrier mineur dans le bassin de Charleroi. Ouvrier typographe à Charleroi puis à Montignies-sur-Sambre (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi) à partir de 1880, Alfred Durieux émigre à Bruxelles en septembre 1884, probablement attiré par la perspective d’un meilleur salaire.

En 1886, Alfred Durieux est élu commissaire de l’Association libre des imprimeurs et compositeurs typographes (ALCIT) de Bruxelles. Il en devient secrétaire en 1893. En 1907, il est secrétaire de la caisse de retraite de l’Association libre. De 1889 à 1907, il fait partie du Comité central de la Fédération typographique belge dont il est successivement conseiller (1889), secrétaire-adjoint (1891), trésorier-receveur (1893), vice-président de 1903 à 1907. Durieux est président de l’Association libre des typographes du 4 avril 1901 au 24 juillet 1904, date de sa démission en raison d’un désaccord portant sur le déménagement du local de l’Association de la Maison du Cygne vers le café L’Ancienne Bourse, lui aussi situé sur la Grand-Place.

Alfred Durieux est élu président de la Fédération typographique belge le 11 janvier 1907 lorsque Jean Pletinckx*, devenu patron imprimeur, est contraint d’abandonner cette fonction. Mais Durieux démissionne à son tour en 1908 car il est nommé permanent de l’ALCIT. Il devient alors président d’honneur de la Fédération nationale dans laquelle il reste très actif, suppléant occasionnellement Charles Waterschoot à la présidence.

Alfred Durieux représente Bruxelles au Congrès de la Fédération typographique belge du 9 novembre 1919 au cours duquel il se prononce résolument en faveur de l’adhésion de la Fédération à la Commission syndicale de Belgique.

Devenu secrétaire permanent de l’Association en 1908, Alfred Durieux est le délégué des typographes au Comité de la Fédération locale du livre qui regroupe les sept secteurs de l’industrie bruxelloise du livre. Il en est également le vice-président et membre de la Commission dite « des XI » qui élabore et négocie avec l’ensemble du patronat le nouveau tarif de la main-d’œuvre entré en vigueur en novembre 1909.

Alfred Durieux semble avoir rapidement milité au sein du Parti ouvrier belge. Vers 1888, la police de Bruxelles le renseigne comme étant un militant socialiste très actif. Candidat sur la liste du Parti ouvrier belge (POB) lors des élections législatives de 1919, il est élu sénateur le 16 novembre 1919 avec un nombre important de voix de préférence. Mais il ne remplit pas les conditions d’éligibilité : locataire, il ne paie pas de revenu cadastral et le montant de son imposition directe est insuffisant. Son élection est donc invalidée par le Sénat le 3 février 1920.

Par la suite, Alfred Durieux est membre des comités de grève de juillet 1925 et d’avril-mai 1931. Malgré ses fonctions de secrétaire des typographes bruxellois, son rôle est réduit en raison du leadership exercé par Jean De Boë au cours de ces combats syndicaux. En mai 1936, il est nommé vice-président de la société coopérative de locataires, Floréal, à Boitsfort (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale).

Durant la Seconde Guerre mondiale, Alfred Durieux, toujours dirigeant des typographes, adhère au syndicat unique, l’Union des travailleurs manuels et intellectuels (UTMI) à la suite d’A. Bijtebier. C’est pourquoi il est frappé d’une véritable damnatio memoriae dans l’industrie du livre après la Libération. La section du Parti socialiste belge (PSB qui succède au POB en 1945) de Watermael-Boitsfort est celle qui a exclu le plus de membres pour collaboration en raison de ces ralliements de typographes vivant au Floréal à l’UTMI.

Alfred Durieux n’occupe plus aucune responsabilité syndicale et meurt dans l’indifférence à Louvain en 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146966, notice DURIEUX Alfred, François, dit Bidel. par Jean-Paul Mahoux, version mise en ligne le 30 mai 2013, dernière modification le 16 novembre 2020.

Par Jean-Paul Mahoux

SOURCES : Archives de la ville de Bruxelles, Pol 214, IV – HUBERT E., Histoire de l’Association libre des compositeurs et imprimeurs-typographes, Bruxelles, 1892 – CONRARDY G., Histoire de la Fédération locale, Bruxelles, 1921 – Centrale de l’industrie du livre et du papier. Rapport 1845-1948, Bruxelles, 1949, p. 187 – VAN MOLLE P., Le Parlement belge 1894-1969, Gent-Ledeberg, 1969, p. 136 – La Fédération typographique belge, 1889-1939 – Le Bœuf illustré, n° 7, novembre 1908 (icono) – Le Peuple, 18 mai 1936 – Notice réalisée par Stéphanie D’Haenens , section Journalisme de l’Université libre de Bruxelles, 1989-1990.

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