BLANCHET Marcel, Armand

Par Daniel Grason

Né le 27 mars 1907 à Chevillon-sur-Huillard (Loiret), fusillé le 29 décembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; mécanicien-transporteur ; communiste ; résistant de Fontenay-sous-Bois.

Fils d’Alfred, cultivateur, et de Séraphine, née Raignaud, cultivatrice, Marcel Blanchet épousa Yvette Chenault le 5 novembre 1929 en mairie du XVIIe arrondissement de Paris. Il se maria en secondes noces avec Simone Crosnier, le 12 juin 1937 en mairie de Montreuil (Seine, Seine-Saint-Denis). Un enfant naquit. La famille vivait dans un pavillon au 9 avenue Parmentier à Fontenay-sous-Bois (Seine, Val-de-Marne). Mécanicien-transporteur, il travaillait pour la municipalité communiste, livrait et montait les stands lors des kermesses organisées par la municipalité. Il adhéra au Parti communiste en 1939 et y milita quelques mois.

Lors de la déclaration de guerre, il fut incorporé au 5e Régiment du train des équipages à Orléans. Libéré, il fut contacté par Maurice Couderchet pour reprendre de l’activité, et il accepta de distribuer des tracts du Parti communiste clandestin dans son quartier. En février-mars 1942, Couderchet lui expliqua que le Parti communiste venait de créer une nouvelle organisation « L’Armée populaire » (il s’agissait en fait des Francs-tireurs et partisans français, organisation armée du Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France, mouvement de résistance créé par le Parti communiste français) pour chasser les Allemands, délivrer le pays, constituer un gouvernement populaire. Il lui demanda de recruter des éléments même non communistes.

Il eut des rendez-vous avec « Rolland », « Mauricet » et « Thomas ». L’un d’eux le chargea de recueillir des renseignements sur les installations militaires allemandes et sur les entreprises travaillant pour les autorités d’occupation. Selon ses déclarations ultérieures, Marcel Blanchet se cabra. Ces missions n’étaient pas conformes à ce que lui avait indiqué Maurice Couderchet. Il continua à distribuer les tracts apportés par Édouard Maury et il lui annonça l’organisation d’une manifestation le 9 août 1942 sur un marché.
Marcel Blanchet était au rendez-vous avec deux autres militants. « Mauricet » l’entraîna à quelques mètres d’eux, glissa dans la poche de son veston un pistolet automatique calibre 6,35 mm, lui indiqua la présence de Marcel Prugny chargé aussi de la protection, puis précisa : « Tu ne te serviras de ton pistolet que contre les flics et à la dernière extrémité », et il s’éclipsa. L’état d’esprit de Blanchet vacilla. Eut-il l’envie de partir comme il l’affirma quand il fut arrêté ? Prugny s’interrogeait...

Les événements s’enchaînèrent. Des tracts étaient jetés à la volée sur le marché : « Ne travaille pas pour Hitler, car voici ce qui t’attend », « Le Front national de lutte pour l’indépendance de la France est indispensable au salut de la Patrie ». Des gardiens de la paix appréhendèrent Blanchet. Après palpation d’un policier, le pistolet chargé fut découvert. Marcel Blanchet fut interrogé dans les locaux de la BS2 à la préfecture de police. Il ne fait aucun de doute qu’il fut battu. Maurice Huron, lui aussi arrêté, portait des tracts. La femme de Blanchet écrivit le 10 août 1942 son désespoir au préfet de police : « il a toujours été pour moi et son enfant âgé de onze ans un bon mari et bon père de famille, jamais il ne m’a fait part de s’occuper de politique ». Une vingtaine de commerçants de Fontenay-sous-Bois, épiciers, herboriste, cafetiers, marchand de bois, vendeur de fruits, boulanger, coiffeuse, signèrent une pétition où ils certifiaient que Marcel Blanchet « ne s’occupait pas de politique ».

Il comparut le 3 mars 1943 devant la Section spéciale de la cour d’appel de Paris, fut condamné à quatre ans de prison et mille deux cents francs d’amende. À l’annonce du verdict, les condamnés crièrent « Vive la France ! » Ce même mois de mars, dans un tract, le Parti communiste demandait aux militants de considérer « trois individus comme des traîtres à leur parti et à la France et de se méfier de leurs avances, leur exclusion du Parti communiste étant une chose acquise ». Marcel Blanchet était cité.
Incarcéré à la centrale de Poissy, puis à Melun, enfin à la Santé, où il fut livré aux Allemands, jugé le 20 décembre 1943 par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), il fut condamné à mort pour « activité en faveur de l’ennemi ». Il fut passé par les armes le 29 décembre 1943 au Mont-Valérien.

Sa femme déposa sur procès-verbal le 28 mai 1945 devant la commission d’épuration de la police : « Mon mari a été très violemment frappé, d’après les aveux qu’il m’a fait deux mois après, au cours d’une visite que je lui ai faite à la Santé. J’ai d’ailleurs pu me rendre compte que les traces de coups portés à mon mari paraissaient encore le jour de cette visite c’est-à-dire plus de deux mois [après] des séances de matraquage, de nombreux furoncles couvraient le corps de mon mari, résultat de mauvais traitements ». Elle porta plainte contre les inspecteurs qui avaient arrêté et frappé son mari.

Son nom est inscrit à Suresnes sur le Monument commémoratif cloche au Mont-Valérien et sur la plaque commémorative UFM-CGT, 94 rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris, à la Bourse du Travail.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article146980, notice BLANCHET Marcel, Armand par Daniel Grason, version mise en ligne le 31 mai 2013, dernière modification le 23 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., 1 W 0711, 77W 393, KB 10. — DAVCC Boîte 5 B VIII, dossier 5 (Notes Thomas Pouty). — Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 63644.— Site Internet Mémoire des Hommes. – État civil, Chevillon-sur-Huillard.

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