NICOLAS Jean, Louis, Marie

Par Alain Prigent, François Prigent

Né le 25 juin 1880 à Plougrescant (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), mort le 24 juin 1953 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) ; instituteur puis économe ; militant de la section des Côtes-du-Nord de la Fédération de l’enseignement-CGT (1929) ; adhérent du parti radical puis sympathisant SFIO ; conseiller municipal (1935-1940 et 1945-1947) puis maire de Saint-Brieuc (1947-1953).

ICONOGRAPHIE :
— Archives municipales de Saint-Brieuc, dossier des personnalités.

Jean Nicolas était le fils de François Nicolas, gendarme à pied et de Marie-Jeanne Coadou, tous deux nés à Plougrescant en 1856. Il fut reçu à l’école normale d’instituteurs de Saint-Brieuc en 1895 (promotion 1895-1898). Il enseigna à Loudéac (1898), à Lannion (1899-1901), à Cesson (1901) puis à l’école annexe de l’EN de garçons (1902-1917). Il enseignait également le chant par délégation à l’École normale depuis 1901. Il fut mobilisé du 9 avril 1915 au 14 septembre 1917.

Gérant intérimaire de l’économat de l’EN d’instituteurs de Saint-Brieuc à partir de 1917, il fut reçu au concours de l’économat des EN où il fut reçu premier. Nommé en 1919 à l’EN de Saint-Brieuc dirigée par Le Gagneur, puis par Max Hébert, il y enseigna également les travaux au jardin. Il proposa à Paris en 1937 aux économes des lycées et des EN de France, une conférence sur le thème « le jardin de l’établissement ». Surnommé affectueusement "Scoultch" (avare en breton) par les normaliens, il dirigeait la fanfare composée de quatre-vingt-dix musiciens qui se produisait dans l’ensemble du département lors des manifestations à caractère laïque.

Militant du Syndicat national (SN) affilié à la CGT, il siégea au sein de la direction départementale de la Fédération de l’enseignement mise en place par l’UD-CGT en mars 1929. Cette instance fut dirigée à sa création par Marcel Hamon, maître d’internat, futur député communiste. Conseiller municipal radical-socialiste en 1935, il fit partie de la municipalité dirigée par le néo-socialiste Octave Brilleaud jusqu’à sa dissolution par Vichy fin 1940. Nommé deuxième adjoint au maire au sein de la délégation spéciale en septembre 1944, il fut élu premier adjoint au maire Charles Royer en 1945. Se définissant comme socialiste indépendant, il conduisit la liste « Démocratie socialiste » présentée par la SFIO aux élections municipales du 19 octobre 1947. Il devint maire de la ville dans une configuration politique tout à fait originale. En effet, malgré le contexte naissant de guerre froide, Jean Nicolas maintint l’union tri-partite SFIO, MRP et PCF. Il sut faire cohabiter des personnalités aussi fortes que Max Le Bail et Antoine Mazier de la SFIO, Victor Rault du MRP et Marcel Hamon du PCF.

Jean Nicolas témoigna à décharge, en janvier 1951, devant le tribunal militaire dans le procès dit « des 12 combattants de la Paix » de Saint-Brieuc. Les militants de la CGT et du PCF avaient été arrêtés le 11 mai 1950 à l’issue d’une manifestation en gare de Saint-Brieuc contre le passage d’un train en provenance de Brest et transportant des tourelles de canon à destination de Rochefort. Il souligna les qualités professionnelles et humaines de Francis Auffret, son voisin, et de Georges Félin, tous deux membres de son conseil municipal.

Malade, il fut élu sur la liste SFIO conduite par Antoine Mazier lors du scrutin du 26 avril 1953 à Saint-Brieuc, quelques semaines avant son décès. Il siégea au comité directeur des maires de France en 1947. Engagé dans la vie associative, président fondateur de la société d’horticulture et de l’oeuvre des jardins ouvriers, il fut président de la société des secours mutuels ouvriers. Membre du conseil supérieur de l’enseignement musical, il fut attentif au développement de l’harmonie municipale.

Marié, il eut trois enfants. Un de ses fils, polytechnicien, fut tué pendant la Campagne de France en 1940. Son frère cadet, Ferdinand Nicolas*, fut président de l’Amicale départementale des instituteurs (1913-1919) et membre du Comité départemental de la Libération des Côtes-du-Nord en 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147046, notice NICOLAS Jean, Louis, Marie par Alain Prigent, François Prigent, version mise en ligne le 4 juin 2013, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Alain Prigent, François Prigent

ICONOGRAPHIE :
— Archives municipales de Saint-Brieuc, dossier des personnalités.

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, 3 M92 (Élections municipales 1935) ; 1T1549, dossier professionnel versé par l’inspection académique ; JP166-a (Ouest-France) et JP 167-b (Le Télégramme), nécrologie fin mai 1953. — Arch. de l’UD CGT des Côtes d’Armor (Cahiers Théo Hamon, 1922-1941). — Ouest-Matin, quotidien édité par les fédérations du PCF de l’Ouest (1948-1956). — Le Combat Socialiste, hommage d’Antoine Mazier. — Alain Prigent, Les instituteurs des Côtes-du-Nord sous la IIIe République (Laïcité, amicalisme et syndicalisme), Éditions Astoure, 2005. — François Prigent, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse de doctorat, Université de Rennes 2, 2011. — Édouard Quemper, Prison pour une belle Marseillaise, Saint-Brieuc, 2002. — Hommage de Victor Rault au CM de Saint-Brieuc, séance du 6 juillet 1953. — Témoignage de René Huguen.

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