WITTMANN Émile.

Par Jean Puissant

Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 2 octobre 1836 − Schaerbeek (Bruxelles), 5 mars 1911. Typographe, chef d’atelier, dirigeant de l’Association libre des compositeurs typographes de Bruxelles, conseiller communal libéral puis échevin à Schaerbeek.

Ouvrier typographe chez Vanderauwera, rue de la Blanchisserie, en 1874, puis chef d’atelier dans la même imprimerie, devenue Imprimerie veuve Vanderauwera à la suite du décès du patron, Émile Wittmann est commissaire de l’Association libre des compositeurs typographes. Lors des élections communales de 1884, il est élu, comme conseiller ouvrier, sur la liste de l’Association libérale de Schaerbeek, avec Ajoux, dit Malthès, candidat de la Ligue ouvrière. Libéral, il le reste, mais il défend aussi le programme syndical au conseil, en particulier le principe du salaire minimum spécialement pour les travaux typographiques. Avec les autres conseillers progressistes, il se prononce en faveur de l’abolition du remplacement, contre le budget de la fabrique d’église. Il défend la proposition d’amnistie pour les condamnés du printemps 1886. Un vœu unanime du conseil est voté en ce sens.

Le conflit politique au sein du libéralisme conduit à la scission entre « doctrinaires » et « progressistes ». Émile Wittmann se range dans le camp progressiste, tout en restant membre de l’Association. En 1887, il reste donc le seul conseiller ouvrier. En 1890, un double accord bilatéral doctrinaires-progressistes et progressistes-Ligue ouvrière permet la présentation d’une liste libérale-socialiste. La Ligue ouvrière obtient deux élus, Delrue et Philippe Thomas, tandis que Wittmann est réélu. Dans leur programme, préfiguration du programme qui sera suivi par la majorité de 1895, il y a la révision de l’article 47 de la Constitution (en faveur du suffrage universel), le salaire minimum, l’assainissement des quartiers insalubres. L’argument de cette liste unitaire est la marginalisation des catholiques et le « maintien d’un enseignement laïque » dans la deuxième ou troisième commune du pays. Sur la plupart des questions, il soutient les deux conseillers socialistes. En 1893-1894, à la suite du décès de l’échevin progressiste, G. Fuss, il devient échevin de l’Instruction.

Émile Wittmann est réélu jusqu’en 1907. Il est à nouveau élu en 1907 mais il se retire - il est déjà âgé - au profit du leader local du Parti ouvrier belge (POB), Louis Bertrand, marginalisé sur la liste d’union laïque. Il faut signaler que les candidats « ouvriers » socialistes recueillent systématiquement moins de voix que les « bourgeois » sur ce type de liste, ne fût-ce qu’en raison du vote plural appliqué depuis 1894.

Émile Wittmann est l’exemple type de ces ouvriers qualifiés, plus âgés souvent, resté fidèle au parti libéral, mais « complice » des élus du nouveau parti, le POB.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article147097, notice WITTMANN Émile. par Jean Puissant, version mise en ligne le 5 juin 2013, dernière modification le 2 septembre 2020.

Par Jean Puissant

SOURCES : PUISSANT J., La politique communale du POB (1884-1895) dans trois communes bruxelloises (Bruxelles, Molenbeek, Schaerbeek), mémoire de licence ULB, Bruxelles, 1965 − Louis Bertrand et l’essor de Schaerbeek, Schaerbeek, 2000.

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